Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WOODS (James)

acteur américain (Vernal, Utah, 1947).

Venu du théâtre, où il connaît ses premiers succès à la fin des années 70, James Woods débute à l'écran dans les Visiteurs (E. Kazan, 1972). Ses qualités s'imposent dans le registre du thriller où ses personnages de « méchants », singulièrement pervers et tourmentés, fascinent par leur intelligence et leur mégalomanie. Après avoir tenu des rôles de second plan dans le Flambeur (K. Reisz, 1974), la Fugue (A. Penn, 1975) et Bande de flics (R. Aldrich, 1977), il accède au vedettariat avec Tueurs de flics (The Onion Field, Harold Becker, 1979) que suivront notamment Vidéodrome (D. Cronenberg, 1983), Il était une fois en Amérique (S. Leone, 1984), Salvador (O. Stone, 1986), Pacte avec un tueur (Best Seller, John Flynn, 1987), Cop (J. B. Harris, 1988), État de choc (The Boost, Harold Becker, id.), Coupable ressemblance (True Believer, Joseph Ruben, 1989), Immediate Family (id., Jonathan Kaplan, 1990), The Hard Way (J. Badham, 1991), Casino (M. Scorsese, 1995), Nixon (O. Stone, id.), Contact (R. Zemeckis, 1997), Vampires (J. Carpenter, id.).

WOODWARD (Joanne)

actrice américaine (Thomasville, Ga., 1930).

Elle joue à la télévision, au théâtre, puis au cinéma en 1955. Sa prestation discrète dans A Kiss Before Dying (Gerd Oswald, 1956) donne déjà pleinement la mesure de son talent. Dès son troisième film, et pour un de ses rôles les plus faibles (car le plus cabotin), dans les Trois Visages d'Ève (N. Johnson, 1957), elle obtient un Oscar. Mais les Sensuels (M. Ritt, id.), les Feux de l'été (id., 1958) ou la Brune brûlante (L. McCarey, id.) révèlent une actrice naturaliste au large éventail et aux émotions vives. Depuis, elle tourne avec circonspection, choisit bien ses rôles et refuse de se galvauder. Elle peut à loisir être séduisante (le Loup et l'Agneau, F. Schaffner, 1963) ou vilain petit canard, avec un humour et un sens du grotesque qui n'excluent jamais la justesse psychologique. À cet égard, la psychiatre peu épanouie du Rivage oublié (A. Harvey, 1970) est une totale réussite. Son mari depuis 1958, Paul Newman, lui a offert sur un plateau plusieurs rôles splendides (Rachel, Rachel, 1968 ; De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, 1972 ; l'Affrontement, 1983 ; la Ménagerie de verre, 1987) auxquels, consciente du cadeau, elle a fait plus qu'honneur : pour cette occasion, Newman s'était contenté de la diriger. Politiquement très active, Joanne Woodward semble avoir dans la vie un comportement volontiers généreux et passionné.

Autres films :

le Bruit et la fureur (M. Ritt, 1958) ; l'Homme à la peau de serpent (S. Lumet, 1959) ; Du haut de la terrasse (M. Robson, 1960) ; Paris Blues (Ritt, 1961) ; la Fille à la casquette (A New Kind of Love, M. Shavelson, 1963) ; l'Homme à la tête fêlée (I. Kershner, 1966) ; W. U. X. A. (S. Rosenberg, 1969) ; la Toile d'araignée (Rosenberg, 1975) ; Sybil (D. Petrie, 1976) ; Mr. and Mrs. Bridge (J. Ivory, 1990) ; Philadelphia (J. Demme, 1993).

WOODY WOODPECKER.

Célèbre pour son rire, ce pivert, héros de dessins animés, est — selon la légende — né durant la lune de miel de son créateur Walter Lantz. Importuné par un pivert qui les empêche, lui et sa femme, de dormir, Lantz a ainsi l'idée d'un nouveau personnage, que l'on voit entre 1940 et 1972 dans plusieurs dizaines de cartoons, généralement distribués par la firme Universal. Doué d'une voix moqueuse — durant plusieurs années, c'est celle de Grace Stafford, la propre femme de Walter Lantz —, Woody Woodpecker se plaît à accumuler les pires malheurs sur la tête de ses ennemis, jamais à l'abri de cet oiseau d'une infernale ubiquité, et aussi pervers que malicieux.

WRAY (Fay)

actrice américaine d'origine canadienne (Cardston, Alberta, Canada, 1907).

Iphigénie permanente que Hollywood, d'abord inspiré par Stroheim, va jeter en pâture à ses dieux et à ses monstres, cette aimable beauté, toujours sauvée, bien sûr, gagne aux désordres du désespoir et de l'épouvante : ils ajoutent le sel des larmes à ses lèvres boudeuses et des éclairs à ses yeux étonnés. Habitant Los Angeles, elle avait commencé à fréquenter les studios en faisant de la figuration pendant les vacances scolaires, pour la Fox ou chez Hal Roach. Universal lui offre son premier contrat solide. Elle débute vraiment sous la direction de Rowland Lee (The First Kiss, 1928 — une production Paramount) et de William Wellman (les Pilotes de la mort, id.). L'auréole de gloire va se poser sur la tête de Mitzi, la jeune fille pauvre et pure, dévorée par l'amour d'Eric von Stroheim et les appétits brutaux d'un horrible boucher dans le double film de l'acteur réalisateur : la Marche nuptiale et Mariage de prince (toujours en 1928). Autre rencontre décisive, celle de Merian C. Cooper, qui en fait l'héroïne, pour la RKO, des Quatre Plumes blanches (Cooper et L. Mendes, 1929), puis la compagne de Joel McCrea, pataugeant en robe transparente dans les marécages piégés de l'aristocrate beau tueur : les Chasses du comte Zaroff (Shoedsack et Pichel, 1932). La jolie Fay n'est pas au bout de ses peines. Michael Curtiz lui fait affronter les Masques de cire, et Raoul Walsh le Faubourg aux mille péchés, c'est-à-dire The Bowery. La même année 1933 culmine avec King Kong (Shoedsack et Cooper) : qui ne se souvient de la fragile Fay sauvée des monstres par le gorille géant, et du gorille par la bienveillance du scénario ! Elle ne pourra plus, du haut du flambant neuf Empire State Building, que redescendre vers des effrois plus prosaïques, quitte à être battue par Pancho Villa, encore que la belle scène de flagellation filmée à contre-jour eût été supprimée (Viva Villa !, J. Conway, 1934). Après Madame Spy (Karl Freund, id.), les années qui suivent ne lui sont plus aussi fastes. Elle tourne encore avec Delmer Daves (le Trésor du Guatemala, 1953), Frank Tuttle (Colère noire, 1956), ou Vincente Minnelli (la Toile d'araignée, id.). C'est le dernier rôle notable de Fay Wray — aux côtés de Lilian Gish —, et elle avait tourné dans plus de 70 films ; mais la vedette est dévolue alors à Lauren Bacall. La gloire s'est peu à peu dissipée ; l'histoire du cinéma, pourtant, qui commence à s'écrire, ne lui sera pas infidèle.