Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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CAMÉRA. (suite)

Dans le domaine du reportage, et donc des caméras portables, on citera : la très légère Eyemo à ressort de Bell et Howell (1926) ; l'Arriflex, due aux Allemands August Arnold* et Robert Richter*, qui introduisait dès 1937 la visée reflex ; la Caméflex, due à Coutant, qui comportait comme l'Arriflex la visée reflex et l'entraînement électrique. (Tous ces modèles furent proposés en version 35 mm et en version 16 mm, la Bell et Howell 16 mm — toujours fabriquée — s'appelant Filmo.)

Si l'Eyemo, en raison de sa très faible autonomie, ne fut jamais qu'une caméra de reportage, Arriflex et Caméflex ont été et restent couramment employées, avec ou sans blimp, pour le tournage des films de fiction. La Mitchell Mk2 appartient à cette famille des caméras portables.

La première caméra portable « autosilencieuse », et qui connut de ce fait une très large diffusion, fut l'Éclair 16 mm de Coutant (souvent appelée « Coutant 16 »). De nombreux autres modèles apparurent ensuite, dont l'A. C. L. 16 mm dérivée de l'Éclair. En 35 mm, les deux grands noms dans ce domaine sont la Panaflex de Panavision et l'Arri BL d'Arriflex. Aaton, constructeur français, propose également un modèle portable, de grande légèreté.

En 16 mm, trois caméras semi-professionnelles ont été abondamment utilisées par les expéditions, scientifiques ou autres, les ethnographes, etc. : la suisse Paillard Bolex et les françaises Pathé Webo et Beaulieu.

Gardons-nous d'oublier, même si elle appartient depuis trente ans à l'histoire, l'extraordinaire caméra tripack Technicolor. ( CINÉMA EN COULEURS.)

Plus récemment, au début des années 80, en raison de l'amélioration des émulsions négatives, il est devenu possible d'agrandir en 35 mm, dans de bonnes conditions de qualité, des films tournés en 16 mm (« gonflage 16 en 35 »). Le format exploité en 35 mm à cette époque était plutôt le 1,66 alors que celui du 16 mm était le 1,33 ( FORMAT). En élargissant la fenêtre de caméra côté piste sonore (inutilisée sur un négatif image), il est possible d'élargir le format de prises de vues 16 mm au rapport 1,66. Aaton, qui a adapté ses caméras 16 mm et développé des modèles mixtes 16 / Super 16, est devenu le principal constructeur mondial de ce type de caméras, également construites par Arriflex et, plus récemment, par Panavision.

Les programmes produits au nouveau format vidéo 16/9 (images enregistrées au rapport 1,78) emploient largement le format Super 16, dont les images enregistrées au rapport 1,66 sont suffisamment voisines pour être compatibles.

Les caméras spéciales.

Pour obtenir un ralenti, à des fins soit narratives, soit scientifiques (analyse de mouvements très rapides), il faut élever la cadence de prises de vues. L'avance intermittente ne permet pas de dépasser environ 300 images/seconde en 35 mm, environ 600 images/seconde en 16 mm, puisque la longueur de film à entraîner à chaque cycle est sensiblement moitié moindre qu'en 35 mm. (Les caméras usuelles disposent souvent d'une vitesse variable, mais celle-ci ne dépasse généralement pas de 60 à 100 images/seconde. Au-delà, il faut des caméras spéciales.)

Pour les cadences supérieures, on utilise le défilement continu du film. Dans les appareils à compensation optique, un dispositif rotatif (lame à faces parallèles ou miroirs) dévie l'image fournie par l'objectif de façon que celle-ci suive le film pendant la phase d'exposition. On atteint ainsi plusieurs milliers d'images par seconde. Pour aller plus loin, on ne cherche plus à stabiliser l'image par rapport au film : grâce à une série d'éclairs lumineux extrêmement brefs, le film enregistre au vol des instantanés successifs. On atteint ainsi plusieurs millions d'images par seconde.

Visée vidéo.

L'implication de plus en plus étroite de la vidéo et de l'informatique au stade de la production et de la post-production ont amené les constructeurs de caméras films à adapter sur certains de leurs modèles, notamment 35 mm, une reprise ou « visée vidéo ». Ce dispositif ne transforme certes pas la caméra film en caméra de télévision. Il s'agit d'une adaptation permettant, sur les lieux du tournage, de faire apparaître sur un moniteur le champ enregistré par la caméra film. La qualité des signaux vidéo ainsi obtenus est bien inférieure à ceux fournis par une caméra vidéo, et ils ne peuvent être exploités qu'à titre de signaux témoins.

Les caméras d'animation, conçues pour filmer vue par vue, ne diffèrent pas fondamentalement des caméras usuelles, sinon par le soin apporté à ce que le temps d'exposition soit rigoureusement identique d'une image à l'autre. Le contrôle des mouvements des caméras de trucages (« Motion Control ») est assuré par un ordinateur qui gère grâce à des moteurs (pas à pas ou continu) toute la séquence d'une prise de vues : du fonctionnement de la caméra à son déplacement dans l'espace d'un plateau, quels qu'en soient la cadence d'obturation, le mode de fonctionnement (image/image, continu) ou le sens de défilement (AV ou AR). Cette technique est la seule qui permette le mélange des prises de vues réelles avec des images de synthèse, la juxtaposition de deux prises de vues faites à des échelles et dans des lieux différents. Ces systèmes sont en général d'imposantes structures installées à poste fixe sur un plateau. ACME Films à Paris a développé le seul système transportable pouvant être utilisé en extérieur.

Toutes les caméras évoquées dans ce chapitre enregistrent des images. On appelle également caméra l'appareil servant à enregistrer le négatif sonore à partir de la bande magnétique issue du mixage*.

CAMERAMAN.

Mot anglais fam. pour désigner un technicien de l'équipe de prise de vues. En français, syn. littéraire de cadreur.

CAMERINI (Mario)

cinéaste italien (Rome 1895 - Gardone Riviera 1981).

D'abord assistant de son cousin Augusto Genina, il dirige un documentaire sur le cirque (Jolly, clown da circo, 1923) et l'un des derniers Maciste muets (Maciste contro la sceicco, 1924), puis un film quasi expérimental, Rotaie (1929), sonorisé après coup. Il trouve sa voie dans une série de comédies mi-sentimentales, mi-ironiques, peintures pleines de justesse d'une petite-bourgeoisie qui, faute de pouvoir lutter contre le fascisme, cherche un dérivatif dans une fantaisie inspirée du modèle hollywoodien mais dont le mode de tournage, en décors réels, annonce le néoréalisme. Brillamment inaugurée par Les hommes, quels mufles !, qui révèle en outre l'acteur Vittorio De Sica, la série se poursuit avec succès jusqu'à la guerre ; Camerini doit alors se rabattre sur des adaptations littéraires qui restent d'une grande élégance. La Libération le trouve en porte-à-faux : cet homme affable, qui s'est néanmoins opposé au fascisme, voit aussi s'écrouler le monde en demi-teinte où il puisait la substance de ses films. Il appliquera encore son métier sans faille à des films policiers, à des récits d'aventures, à une adaptation très intelligente d'Homère par Irvin Shaw et quelques autres scénaristes, voire à un pâle pastiche des deux films hindous de Fritz Lang. Mais son talent s'y dépersonnalise de plus en plus. Au début des années 70, Camerini prend sa retraite et se consacre essentiellement à la cinémathèque de Milan, qu'il a contribué à fonder.