Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CAHIERS DU CINÉMA.

Revue cinématographique fondée en 1951 par Lo Duca, Jacques Doniol-Valcroze et Leonide Keigel (André Bazin les rejoignant dès le deuxième numéro), qui prend la relève de la Revue du cinéma (1946-1949) dans l'amitié et le souvenir de Jean George Auriol (1907-1950). Les Cahiers du cinéma s'imposent immédiatement par le haut niveau de leurs sommaires et la personnalité d'André Bazin. Dès 1952, Éric Rohmer et Bazin (réticent) entreprennent de réhabiliter le Renoir « américain ». En 1954, ils attaquent (à travers François Truffaut notamment) la tradition de la qualité dominante dans le cinéma français d'alors. En 1954-55, ils sacralisent Alfred Hitchcock et Howard Hawks. Bazin, moins convaincu que ses « jeunes turcs » (Truffaut, Chabrol, Rohmer, Rivette — Godard arrive en 1956), les justifie pourtant : « Comment peut-on être hitchcocko-hawksien ? — En refusant de réduire le cinéma à ce qu'il exprime » ; le vrai contenu des films est leur mise en scène. En 1956, la politique des auteurs, triomphante, essaie de se donner une argumentation théorique, rencontrant encore les réserves de Bazin. L'année suivante, Rohmer remplace Lo Duca à la rédaction en chef. Bazin disparu (1958), les Cahiers accuseront une nette tendance à l'idéalisme esthétique et au délire d'interprétation. À partir de 1958, les « jeunes turcs » se font cinéastes : ce sera la Nouvelle Vague. 1963-1971 : sous l'impulsion notamment, de Jacques Rivette, Jean-Louis Comolli et Jean Narboni, les Cahiers deviennent, sous l'aspect d'un magazine élégant, divers et dense, le vivant lieu de convergence de tous les jeunes cinémas éclos dans le monde et s'entre-influençant. Mai 68 marque la revue. Progressivement convertie au maoïsme militant, elle s'enferme dans le politique (1971-1977). Structuralisme, linguistique, marxisme et lacanisme sont les outils d'une réflexion aride et volontiers hermétique qui restreint désastreusement l'audience des Cahiers. Les Cahiers, depuis 1977, ont renoué avec la cinéphilie et œuvrent à l'intelligence de toutes les pratiques de l'image et du son : film, photo, vidéo, télévision. La revue s'est également engagée dans une politique de coédition de vidéocassettes et d'ouvrages consacrés au cinéma.

CAI Chusheng

cinéaste et scénariste chinois (Chaoyang, Guangdong, 1906 - Guangdong 1968).

D'origine très pauvre, il étudie par lui-même la littérature et la peinture. À 19 ans, il a la révélation du théâtre et se met à écrire des pièces. En 1927 il est engagé par une compagnie cinématographique de Shanghaï. En 1929 il entre à la Mingxing comme assistant de Zheng Zhengqiu avec qui il réalise six films. En 1930 il entre à la Lianhua et en 1932 commence à écrire et réaliser ses propres films : une vingtaine dans sa carrière, parmi lesquels ‘l'Aube dans la cité’ (Duhui de zaochen, 1933) ; ‘le Chant des pêcheurs’ (Yuguang qu, 1934) avec la belle Wang Renmei comme interprète principale, film qui obtint un succès sans précédent auprès du public. Suivent ‘Femmes nouvelles’ (Xin nüxing, 1934) ; ‘les Chevreaux égarés’ (Mitu de gaoyang, 1936) ; ‘le Vieux Wang’ (Wang Laowu, id.) ; ‘la Symphonie de Lianhua’ (Lianhua Jiaoxiangqu, 1937) dont il réalise deux sketchs. À Hong Kong, pendant la guerre, il écrit en collaboration avec Situ Huimin ‘le Sang éclabousse la ville de Baoshan’ (Xue jian Baoshan cheng, 1938) et ‘la Marche des partisans’ (Youji jinxingqu, id.), deux films patriotiques en cantonais, puis il écrit et réalise ‘le Paradis de l'île orpheline’ (Gudao tiantang, 1939) et ‘Un avenir radieux’ (Qiancheng wanli, 1940). Après la guerre, Yang Hansheng, Shi Dongshan, Zheng Junli et Cai rouvrent le studio de la Lianhua et refusent de le livrer au gouvernement du Guomindang ; ce sera la base d'un nouveau studio le Kunlun, ouvertement de « gauche », où Cai réalise en 1947, avec Zheng Junli, ‘les Larmes du Yangzi’ (Yijiang chunshui xiang dong liu), en deux épisodes, film qui eut un retentissement considérable et battit tous les records de recette. En 1948, à Hong Kong, est réalisé le film cantonnais ‘les Larmes de la rivière des perles’ (Zhujiang lei) dont il supervise la réalisation par Wang Weiyi. Après 1949, il anime, organise, oriente le cinéma chinois en particulier en tant que président de l'Association des cinéastes, et ne participe directement qu'à un seul film, ‘les Marées des Mers du Sud’ (Nanhai chao, 1962) dont il assure la direction avec Wang Weiyi. Il meurt en 1968, victime des persécutions de la révolution culturelle. Il reste l'exemple d'un auteur accessible à tous les milieux et soucieux d'adapter au cinéma la littérature populaire traditionnelle.

CAINE (Maurice Micklewhite, dit Michael)

acteur britannique (Londres 1933).

Cet ancien garçon de course et accessoiriste est un des meilleurs acteurs de sa génération, sans avoir eu toujours l'occasion d'en faire la preuve. Comédien depuis 1955, ce n'est qu'en 1965 qu'Ipcress, danger immédiat (S. Furie) lui a assuré la consécration, grâce à sa fine création d'agent secret étriqué, solitaire et suffisant. Caine est resté fidèle à ce rôle, dans Mes funérailles à Berlin (G. Hamilton, 1966) et dans Un cerveau d'un milliard de dollars (K. Russell, 1967). Il obtint un triomphe personnel dans le médiocre Alfie (1966) de Lewis Gilbert. Mais ce comédien subtil et complexe dut attendre le Limier (J. L. Mankiewicz, 1972) pour affronter un Laurence Olivier et créer ainsi une des grandes performances d'acteur des années 70. Il est admirable dans l'Homme qui voulut être roi (J. Huston, 1975) : son escroc pathétique, pris au vertige du pouvoir, a une dimension shakespearienne. Parmi ses autres films, citons : Zoulou (C. Endfield, 1964) ; Trop tard pour les héros (R. Aldrich, 1970) ; Une Anglaise romantique (J. Losey, 1975) ; Silver Bears (I. Passer 1977) ; l'Éducation de Rita (Educating Rita, L. Gilbert, 1983) ; le Consul honoraire (The Honorary Consul, J. MacKenzie, 1984) ; C'est la faute à Rio (S. Donen, id.) ; The Holcroft Covenant (J. Frankenheimer, 1985) ; Hannah et ses sœurs (W. Allen, 1986) ; Sweet Liberty (A. Alda, id.) ; Mona Lisa (Neil Jordan, id.) ; Escort Girl (Bob Swaim, id.) ; le Quatrième Protocole (The Fourth Protocol, J. Mackenzie, 1987) ; Élémentaire mon cher... Lock Holmes (Without the Clue, T. Eberhardt, 1988) ; Business oblige (A Shock to the System, J. Egleson, 1990 ; Mr Destiny (J. Orr, id.) ; Bullseye (M. Winner, id.) ; Noises off (P. Bogdanovich, 1992) ; Blood and Wine (B. Rafelson, 1996) ; Quills (Ph. Kaufman, 2000).