Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

AUGER (Claudine Oger, dite Claudine)

actrice française (Paris 1942).

Élue Miss France en 1958, elle est au Conservatoire l'élève de Robert Manuel. Appelée au TNP par Jean Vilar, elle y joue Molière et Giraudoux, puis devient au cinéma l'interprète de Jean Cocteau (le Testament d'Orphée, 1960), d'Henri Decoin (le Masque de fer, 1962), de Pierre Étaix (Yoyo, 1965). Devenue « James Bond girl » auprès de Sean Connery dans Opération Tonnerre (T. Young, 1965), un film de la très populaire série issue des romans d'espionnage de Ian Fleming, bien utilisée par Alain Jessua dans Jeu de massacre (1967), elle poursuit une carrière internationale sans cependant accéder au rang de star : L'arcidiavolo (E. Scola, 1966), Triple Cross (T. Young, id.), Un peu de soleil dans l'eau froide (J. Deray, 1971), Un papillon sur l'épaule (id., 1978), Fantastica (G. Carle, 1980), les Exploits d'un jeune don Juan (G. Mingozzi, 1986).

AUGUST (Bille)

cinéaste danois (Brede 1948).

Après des études d'architecture, il se rend à Stockholm en 1967 où il étudie la photographie et fréquente l'École du film documentaire. Il obtient en 1971 son diplôme de directeur de la photo à l'École danoise du cinéma, réalise de nombreux films publicitaires, courts métrages et programmes divers pour la télévision, travaille comme chef opérateur en Suède avec plusieurs réalisateurs dont Jörn Donner. Il tourne son premier long métrage en 1978 : Lune de miel (Honning måne). Très populaire dans son pays pour s'être attaché à décrire avec sensibilité le domaine des enfants et des adolescents : Zappa (id., 1983), le Monde de Buster (Busters verden, 1984, d'après sa propre série télévisée), Twist and Shout (Tro, håab og kœrlighed, 1984). Il acquiert une réputation internationale en remportant la Palme d'or à Cannes et un Oscar à Hollywood pour Pelle le conquérant (Pelle erobreren, 1988). Ingmar Bergman lui confie en 1990 le scénario de ce qui deviendra les Meilleures Intentions (Den goda viljan), qui n'est autre que l'histoire des parents du cinéaste suédois : une mise en scène qui lui permet de remporter une deuxième Palme d'or. Il devient ensuite un spécialiste des coproductions européennes tournées en langue anglaise et visant le marché international comme la Maison des esprits (The House of Spirits, 1996), Jerusalem (1996) ou Smilla (Smilla's Sense of Snow, 1997), ou une nouvelle adaptation des Misérables (1998) — qui sont suivies d'un film tourné en Suède En sang för Martin (2000).

AUGUST (Joseph H.)

chef opérateur américain (Idaho Springs, Colo., 1890 - Los Angeles, Ca., 1947).

Assistant opérateur de Thomas Ince dès 1911, il devient chef opérateur l'année suivante et éclaire avant 1920 nombre de films de Reginald Barker ou W. S. Hart. Dans les années 20, il collabore régulièrement avec Wellman, Hawks ou Ford. Parmi ses meilleures réussites parlantes, on trouve Ceux de la zone (1933) et Comme les grands (1934) de F. Borzage, Sylvia Scarlett (G. Cukor, 1935), Quasimodo (1939) et le Portrait de Jennie (1949) de Dieterle, et douze films de Ford, dont le Mouchard (1935) et Marie Stuart (1936).

AUMONT (Jean-Pierre Salomons, dit Jean-Pierre)

acteur français (Paris 1909 - Saint-Tropez 2001).

Né dans une famille où les comédiens sont à l'honneur autant que les écrivains, tout le dispose à s'épanouir dans le milieu théâtral. Après le Conservatoire, il a la chance d'être remarqué par Louis Jouvet et de débuter à la Comédie des Champs-Élysées. Au même moment, il entre dans les studios avec une courte apparition dans Jean de la Lune (J. Choux, 1931). Dès lors, il va se manifester avec régularité sur la scène et sur l'écran. Favorisé par un physique avenant, d'une juvénilité extrême et qu'il saura garder longtemps, il incarne le garçon sain, sportif et sympathique pour qui la comédie vaut mieux que le drame. Grâce à Marc Allégret, il obtient un rôle en or en 1934 dans Lac aux dames ; la même année lui apporte les rôles du jeune ouvrier de Dans les rues (V. Trivas) et d'un prétendant de Maria Chapdelaine (J. Duvivier). Il devient ensuite timide professeur de piano (les Yeux noirs de V. Tourjansky, 1935), aviateur séducteur (l'Équipage d'A. Litvak, id.), cosaque au large sourire (Tarass Boulba d'A. Granowsky, 1936), aspirant amoureux (la Porte du large de M. L'Herbier, id.), jeune ingénieur voué au suicide (le Messager de R. Rouleau, 1937). Ces personnages aimables sont heureusement suivis de compositions plus singulières : le laitier moqueur de Drôle de drame (M. Carné, 1937), l'amant trop lâche de Hôtel du Nord (id., 1938), le poilu de la Grande Guerre (le Déserteur de L. Moguy, 1939) et le bagnard de Chéri-Bibi (L. Mathot, 1938). La guerre lui fait rejoindre les Forces françaises libres, et les films qu'il peut tourner alors sont américains et font œuvre de propagande : Assignment in Brittany (J. Conway, 1943), The Cross of Lorraine (T. Garnett, id.). Dorénavant, il va poursuivre une carrière internationale : aux États-Unis (Sheherazade [W. Reisch, 1946], l'Atlantide [Gregg Tallas, 1948]) et en France, où il apparaît plus ou moins longtemps dans les films de F. Villiers, son frère (Hans le Marin, 1949). Guitry lui fait revêtir la pourpre cardinalice (Si Versailles m'était conté, 1954). Il avait paru auparavant dans une comédie musicale (Lili, Ch. Walters, 1953). En 1958, c'est un film de corsaires : John Paul Jones, maître des mers (John Paul Jones, J. Farrow) ; plus tard, un film de guerre inattendu : Un château en enfer (S. Pollack, 1969). Enfin, son rôle dans la Nuit américaine (F. Truffaut, 1973) et celui de Des journées entières dans les arbres, qu'il avait créé à la scène (M. Duras, 1977), parachèvent son abondante carrière artistique parfois décevante (la Java des ombres, Romain Goupil, 1983). On le rencontre encore dans les années 90 dans de petits rôles (Jefferson à Paris, J. Ivory, 1995). Il a prolongé sa carrière en exploitant ses dons d'auteur dramatique et d'écrivain (Souvenirs provisoires, 1957 ; la Pomme de mon œil, 1969 ; le Soleil et les Ombres, 1976 ; Il fait beau mais ne le répétez pas, 1980 ; Dis-moi d'abord que tu m'aimes, 1986). Marié d'abord avec l'actrice Blanche Montel, il épousa Maria Montez qui mourut prématurément, puis Marisa Pavan. Sa fille, Tina Aumont, s'est fait remarquer dans diverses productions. Il reste le symbole d'une certaine jeunesse de l'avant-guerre, fraîche, optimiste et étourdie.