Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LOACH (Kenneth) (suite)

Autres films :

The Gamekeeper (1980) ; A Question of Leadership (1981) ; Fatherland (1986) ; The Flickering Flame (1996, DOC) ; Carla's Song (id., id.).

LOCATION (on).

Locution anglaise (faux ami) pour en décor réel. ( GÉNÉRIQUE.)

LOCKWOOD (Margaret Day, dite Margaret)

actrice britannique (Karachi, Inde [auj. Pakistan], 1911 - Londres, 1990).

La jeune première d'Une femme disparaît (A. Hitchcock, 1938) et de Night Train (C. Reed, 1940) est devenue la star la plus populaire du cinéma anglais de 1945 à 1950, en se spécialisant dans le mélodrame aux titres éloquents : le Masque aux yeux verts (L. Arliss, 1945), où elle incarne une femme bandit de grand chemin ; le Médaillon fatal (A Place of One's Own, B. Knowles, id.) ; le Manoir tragique (Jassy, id., 1947) ; le Chevalier de carton (W. Forde, 1949). Elle abandonne le cinéma en 1955 après L'assassin s'était trompé (Cast a Dark Shadow, L. Gilbert), mais reparaît une fois en 1976 dans The Slipper and the Rose (B. Forbes).

LODEN (Barbara)

actrice et cinéaste américaine (Marion, N. C., 1932 - New York, N. Y., 1980).

Épouse d'Elia Kazan, elle interprète le Fleuve sauvage (1960) et la Fièvre dans le sang (1961), et à la scène, notamment, But For Whom Charlie. En 1970, elle passe à la réalisation avec un film (tourné en 16 mm, puis gonflé en 35) dont elle a écrit le scénario et qu'elle joue elle-même : Wanda, fiction documentée d'une austérité exemplaire sur l'errance d'un couple de marginaux traqués par la police. « Une vision juste, calme, poignante, de l'Amérique des paumés, des losers, des épaves en quête d'un havre introuvable. Infiniment plus authentique et moins snob qu'Easy Rider et ses séquelles » (Écran 75). La personnalité attachante de Barbara Loden ne trouva malheureusement pas d'autre occasion de s'exprimer.

LODS (Jean)

cinéaste français (Vesoul 1903 - Paris 1974).

Beau-frère de Léon Moussinac, ami de Vertov et de Vigo, il étudie au conservatoire de Strasbourg, et aide à la naissance des premiers ciné-clubs. En 1928, il fonde, avec Moussinac et Francis Jourdain, les Amis de Spartacus, club qui se consacrera pendant deux ans à faire connaître les films soviétiques en France. Dans le cadre de l'avant-garde, il réalise des essais esthétiques (24 Heures en 30 minutes, 1928 ; Champs-Élysées, 1929) et un reportage politique (la Marche de la faim, id.). Il consacre son seul long métrage, l'Équipe (1930), aux travailleurs des Chemins de fer du Nord.

Généralement considéré comme son chef-d'œuvre, le Mile (1932) s'inspire vraisemblablement du Taris de Vigo pour brosser le portrait du célèbre coureur Jules Ladoumègue. Il reste fidèle à la veine impressionniste pour décrire la Vie d'un fleuve (id.), en l'occurrence la Seine, avec une vive sensibilité plastique. Au cours d'un séjour en URSS, il réalise, sur une idée d'Isaac Babel, un documentaire aujourd'hui perdu, Histoire d'une ville, Odessa (1934). Puis il se consacre à des portraits de personnalités de la culture et de la politique : Aristide Maillol (1943) ; Aubusson et Jean Lurçat (1946) ; Hommage à Albert Einstein (1955) ; Henri Barbusse (1958) ; Jean Jaurès (1959) ; Stéphane Mallarmé (1960) ; Romain Rolland (1970). Il a été cofondateur et directeur des études de l'IDHEC (1943-1952).

LOEW (Marcus)

exploitant et directeur de studio américain (New York 1870 - Long Island, N. Y., 1927).

Fils d'un modeste immigrant autrichien, il quitte l'école pour gagner sa vie et entre à douze ans dans l'industrie de la fourrure, où il connaîtra des fortunes diverses. Il se lance dans la construction de salles de music-hall et de cinéma, avec le concours de Nicholas Schenck. En 1910, il fonde la Loew's Consolidated Enterprises, qui compte déjà, en 1912, quelque 400 cinémas à travers les États-Unis. Pour alimenter ce circuit prospère, Loew rachète, en 1920, la Metro Pictures. En 1924, il acquiert le contrôle de deux autres firmes : la Goldwyn Pictures et les Louis B. Mayer Productions, qu'il fusionne sous le nom de Metro-Goldwyn-Mayer Pictures (MGM), lançant ainsi l'une des cinq Majors qui domineront pendant cinquante ans le marché hollywoodien.

LOGAN (Joshua)

cinéaste américain (Texarkana, Tex., 1908 - New York 1988).

Homme de théâtre, disciple de Stanislavski, il débute d'abord, à Hollywood, comme dialoguiste puis collabore à la réalisation de I Met My Love Again (1938). Il inaugure ensuite à Broadway une carrière brillante, qu'il interrompt momentanément en 1955 pour tourner Picnic, riche de matière sociale, mais interprété avec emphase et filmé sans chaleur, comme le seront Arrêt d'autobus (Bus Stop, avec Marilyn Monroe, 1956), Sayonara (1957), Fanny (1961). Logan s'est aussi essayé à la comédie musicale, avec plus de vivacité dans la Kermesse de l'Ouest (Paint Your Wagon, 1969) que dans South Pacific (1958) ou Camelot (1967).

LØKKEBERG (Vibeke)

actrice norvégienne (Bergen, 1945).

Comme Anja Breien avant elle et Unni Straume après elle (entre autres), Vibeke Løkkeberg représente la vigueur du cinéma de femme existant en Norvège. Par les thèmes qu'elle aborde et son extrême réalisme, elle s'inscrit dans les combats menés par la génération de réalisatrices européennes des années 70. Mannequin, puis étudiante en art dramatique, elle joue dans les films de son premier mari, Pal Løkkeberg, notamment Liv (1967) dont elle a écrit le scénario. Elle tourne en 1970 un film sur l'avortement, Abort, auquel fera écho en 1986 un autre film faisant scandale : Hud (l'Insoumise) – une dénonciation de la tyrannie des mâles et de l'inceste qui est son œuvre la plus célèbre. Dans Løperjenten (Trahison, 1981), écrit et réalisé avec Terje Kristiansen (son second mari, devenu son producteur), elle avait fait un portrait au vitriol de la bourgeoisie de sa ville natale, sur laquelle elle revient en 1991 avec un mélodrame, Mäker (les Mouettes). Auteur d'un film quasi expérimental sous l'influence de Cassavetes (Apenringen, ou la Révélation, 1977), elle a aussi réalisé un documentaire sur la Yougoslavie en guerre : Der gudene er dode (Là où les dieux sont morts, 1993). Elle est l'actrice principale de la plupart de ses films.

LOLLOBRIGIDA (Luigina, dite Gina)

actrice italienne (Subiaco 1927).

Après des études au lycée artistique de Rome, elle débute à Cinecittà comme figurante : l'Aigle noir (R. Freda, 1946) ; Lucia di Lammermoor (Piero Ballerini, id.) ; L'elisir d'amore (Mario Costa, 1947). La même année elle participe à des prix de beauté et obtient des petits rôles : A Man About the House/ Vendetta nel sole (L. Arliss et Giuseppe Amato, 1949 [ 1947]) ; Il segreto di Don Giovanni (C. Mastrocinque, 1947) ; le Crime de Giovanni Episcopo (A. Lattuada, id.) ; la Danse de mort (M. Cravenne, 1948). Son physique pulpeux est mis en valeur dans des films populaires : Une nuit de folie à l'Opéra (Follie per l'opera, Costa, id.), Paillasse, amour de clown (I pagliacci, id., 1949), Campane a martello (L. Zampa, id.). Elle accepte un contrat à Hollywood de Howard Hughes, mais revient bientôt en Italie, où elle interprète des films plus engagés à tous les niveaux : Cuori senza frontiere (Zampa, 1950) ; Dans les coulisses (Steno et M. Monicelli, id.) ; Traqué dans la ville (P. Germi, 1951) ; Achtung, Banditi ! (C. Lizzani, id.). C'est avec trois films qu'elle s'affirme en tant qu'actrice et diva internationale : Fanfan la Tulipe (Christian-Jaque, 1952), à côté de Gérard Philipe ; l'épisode Il processo di Frine de Heureuse Époque (A. Blasetti, 1952), où De Sica la définit officiellement comme « la majorée physique » – un cliché célèbre dont elle ne réussira pas à se libérer – et encore les Belles de nuit (R. Clair, id.), où elle retrouve G. Philipe et incarne une fantastique créature de rêve. Mario Soldati lui donne un grand rôle de Bovary moderne dans la Marchande d'amour (1953), d'après un roman de Moravia. Un autre rôle important dans les Infidèles (Steno et Monicelli, id.), mélodrame bourgeois où elle rivalise avec des actrices comme May Britt, Anna Maria Ferrero et Irene Papas. En cette même année, elle crée le personnage très populaire de la Bersagliera dans Pain, Amour et Fantaisie de Comencini, comédie paysanne qui obtient un triomphe et qui est suivie avec bonheur par Pain, Amour et Jalousie (L. Comencini, 1954). John Huston lui offre une interprétation insolite dans sa comédie tournée en Italie : Plus fort que le diable (id.). Dans la Belle Romaine (Zampa, id.), elle crée une nouvelle fois une héroïne moravienne complexe. En France, elle est dirigée par Siodmak dans le Grand Jeu (id.), un mélodrame cosmopolite où elle est « doublement » séductrice. Sa carrière internationale se poursuit avec des films imaginés pour elle afin de mettre en valeur sa sensuelle beauté : la Belle des belles (La donna più bella del mondo, R. Z. Leonard, 1955), Trapèze (C. Reed, 1956), Notre-Dame de Paris (J. Delannoy, id.) et Anna di Brooklyn (Carlo Lastricati et Reginald Denham, 1958), dont elle est productrice. Elle retrouve un grand rôle dramatique dans la Loi (J. Dassin, id.), mais abandonne la production européenne pour des films hollywoodiens : Salomon et la Reine de Saba (K. Vidor, 1959) ; la Proie des vautours (J. Sturges, id.) ; Volupté (Go Naked in the World, R. MacDougall, 1961) ; le Rendez-Vous de septembre (R. Mulligan, id.). Revenue en Europe, elle interprète encore des personnages conçus à sa mesure : Vénus impériale (Delannoy, 1962) ; la Beauté d'Hyppolite (Giancarlo Zagni, id.) ; la Mer à boire (R. Castellani, 1963) ; la Femme de paille (B. Dearden, 1964). Mauro Bolognini, dans l'épisode Monsignor Cupido (les Poupées, 1965), lui donne l'occasion de caricaturer son cliché de femme fatale. Après des rôles plus ou moins stéréotypés (Étranges Compagnons de lit, M. Frank, id. ; Hotel Paradiso, P. Glenville, 1966 ; les Sultans, Delannoy, id. ; la Marine en folie, F. Tashlin, 1968 ; Cervantes, V. Sherman, id. ; Buona sera Mrs. Campbell, Frank, id. ; La mort a pondu un œuf [La morte ha fatto l'uovo], Giulio Questi, id. ; le Cascadeur [Stuntman], M. Baldi, 1969), c'est de nouveau Bolognini qui lui confie un personnage de femme mûre et ambiguë dans Ce merveilleux automne (1969). Son apparition dans le rôle de la fée dans le feuilleton de TV les Aventures de Pinocchio (Comencini, 1972) fut très remarquée. Elle a pratiquement terminé sa carrière d'actrice avec Roi, Dame, Valet (J. Skolimowsky, id.), mais continue d'apparaître à la TV et dans des cérémonies publiques. Dans les années 70, elle s'est révélée photographe et reporter, et a publié et exposé des photos de qualité dans le monde entier. « La Lollo », comme on la nommait familièrement partout, reste un des mythes italiens les plus fascinants, qui a compté dans l'évolution des mœurs sexuelles, et dans l'affirmation nouvelle de la femme hors de ses rôles traditionnels. En 1988, elle accepte d'interpréter le rôle de la mère dans l'adaptation TV de son ancien succès La romana (G. Patroni Griffi).