Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GRECO (Cesarina Rossi, dite Cosetta)

actrice italienne (Trente 1930).

En 1951, Pietro Germi la lance dans Traqué dans la ville. Elle crée un personnage de fille faible et sans protection qu'elle reprend dans de nombreux films populaires, dont : les Fiancés de Rome (L. Emmer, 1952) ; la Tanière des brigands (P. Germi, id.) ; La nemica (G. Bianchi, id.) ; Viale della speranza (D. Risi, id.) ; Scampolo 53 (Bianchi, 1953) ; Chronique des pauvres amants (C. Lizzani, 1954) ; Je suis un sentimental (J. Berry, 1955) ; Napoléon (S. Guitry, id.) ; les Amoureux (M. Bolognini, id.) ; I sogni nel cassetto (R. Castellani, 1957) ; Plagio (S. Capogna, 1969).

GRÉCO (Juliette)

actrice française (Montpellier 1926).

Elle est avant tout une chanteuse et ses aventures cinématographiques n'ont été qu'épisodiques : présence purement symbolique dans Orphée (Cocteau, 1950) ou Éléna et les hommes (J. Renoir, 1956). Les tentatives de Darryl F. Zanuck pour en faire une vedette de cinéma à part entière se sont soldées par des échecs cuisants. Actrice compétente (Quand tu liras cette lettre, J. -P. Melville, 1953), elle ne peut user du champ de la caméra comme elle use de la scène : Le soleil se lève aussi (H. King, 1957) ou les Racines du ciel (J. Huston, 1958) passent totalement à côté de son charme si spécial. Depuis, Juliette Gréco se contente d'apparaître, comme à ses débuts.

GREDE (Kjell)

cinéaste suédois (Tystberga 1936).

Appartenant à la nouvelle génération des réalisateurs suédois, il se fait connaître à la fin des années 60 par un film brillant sur l'enfance, Hugo et Joséphine (Hugo och Josefin, 1967). Son œuvre suivante, Harry Munter (1969), atteste un talent dans la lignée de celui de Keaton, à ceci près qu'il s'avère teinté d'une touche de mysticisme qui va progressivement dominer tous ses films : Klara Lust (1972), Une mélodie simple (En enkel melodi, 1974) et Ma chérie (Min alskade, 1978). La plus grande réussite de Grede, à ce jour, reste sa version télévisée du Plaidoyer d'un fou de Strindberg, en 1976, avec son ancienne épouse, Bibi Andersson. En 1987, il tourne Hip, Hip, Houra ! qui évoque la vie d'une petite communauté de peintres scandinaves connue sous le nom de groupe de Skågen, et en 1990, Wallenberg (God afton, Herr Wallenberg) qui évoque la mémoire du diplomate suédois issu d'une des grandes familles suédoises, de son rôle dans les tentatives de sauvetage des juifs hongrois pendant la guerre, et de sa disparition au moment de la paix.

GREEN (Alfred E.)

cinéaste américain (Ferris, Ca., 1889 - Los Angeles, Ca., 1960).

Il débute en 1912 et fait ses classes dans le court métrage burlesque. Cependant, en dirigeant Mary Pickford, notamment dans l'excellent Petit Lord Fauntleroy (Little Lord Fountleroy, 1921), ou Colleen Moore dans une autre réussite, Ella Cinders (id., 1926), il pénètre dans la sphère des cinéastes de prestige. Green a peu de personnalité mais beaucoup de métier et un réel enthousiasme. Ces qualités lui servent beaucoup dans les années 30, quand, sous contrat à la Warner Bros., il réalise de nombreux petits films vifs et plaisants comme Union Depot (1932), Baby Face (1933) ou Dark Hazard (1934) ; il y dirige des stars telles que Joan Blondell, Barbara Stanwyck ou Edward G. Robinson. Il mène également Bette Davis à son premier oscar avec l'Intruse (Dangerous, 1935). Il rencontre le plus grand succès de sa carrière avec Je chante pour vous (The Jolson Story, 1946), biographie d'Al Jolson. Ce sommet marque également le début de son déclin, car les films qu'il réalise jusqu'à sa retraite, en 1954, ont été peu remarqués.

GREEN (Guy)

chef opérateur et cinéaste britannique (Frome, Somerset 1913).

Remarquable photographe (les Grandes Espérances, D. Lean, 1946 ; l'Opéra des gueux, P. Brook, 1953), Guy Green est devenu réalisateur en 1954. Sentimentaux et sensibles dans les meilleurs cas (le Silence de la colère [The Angry Silence], 1960 ; la Marque [The Mark], 1961), ses films anglais ne sont pas très personnels mais il y a un certain sens du mélodrame dans Lumière sur la Piazza (Light in the Piazza, 1962) et Un coin de ciel bleu (A Patch of Blue, 1965), réalisés aux États-Unis. Après s'être perdu dans un sujet de John Fowles dont la complexité le dépassait (Jeux pervers [The Magus], 1968), Guy Green s'est cantonné dans des mélodrames assez vulgaires comme Une fois ne suffit pas (Once Is not Enough, 1975).

GREENAWAY (Peter)

cinéaste britannique (Newport, pays de Galles, 1942).

Sans doute la personnalité la plus excentrique du nouveau cinéma anglais. Il ne se reconnaît d'ailleurs pas dans les artistes de sa génération. Il vient de la peinture (nombreuses expositions et illustrations de livres) mais aussi du cinéma expérimental (Train, 1966 ; Tree, id. ; Intervals, 1969 ; Erosion, 1971 ; Windows, 1975 ; Dear Phone, 1977) où il fait montre à la fois d'humour et d'une fascination pour les combinaisons structurelles. Avec l'aide du British Film Institute, il réalise en 1980 un long métrage, The Falls, qui aligne la biographie imaginaire de quatre-vingt-douze personnes dont le nom commence par Fall..., avant deux documentaires, Act of God (1981), sur des gens frappés par la foudre. Puis c'est le succès mondial avec Meurtre dans un jardin anglais (The Draughtsman's Contract, 1982), à la fois intrigue policière, marivaudage libertin, jeu de l'esprit et réflexion sur la perspective. œuvre unique, ce film conjugue les qualités de Peter Greenaway : esprit caustique, goût de l'expérimentation, jeu avec la culture. Il signe successivement Z. O. O. (A Zed and Two Noughts, 1985), le Ventre de l'architecte (The Belly of An Architect, 1987), Drowning by Numbers (id., 1988), le Cuisinier, le voleur, sa femme et son amant (The Cook, the Thief, His Wife and Her Lover, 1989), les Morts de la Seine (Death in The Seine, DOC, id.), Prospero's Books (1991), insolite et superbe adaptation de la Tempête de Shakespeare, The Baby of Mâcon (id., 1993), The Pillow Book (id., 1996), 8 1/2 Women (Huit femmes et demie, 1999), œuvres déconcertantes qui se placent souvent sous le signe du morbide, de l'humour noir et de la provocation et se caractérisent également par une étrange obsession de l'arithmétique (cf. Drowning by Numbers) et par une recherche originale dans la géométrie et la composition des images.