ALGÉRIE (Barr al-Djaza'ir). (suite)
Il est remarquable que le cinéma égyptien n'a eu aucune influence sur le développement d'un art souvent assez proche du réalisme de l'âge d'or soviétique mais dont le lyrisme, le ludisme, l'invention (chez Allouache*, Zinet*, Lallem) sont souvent imprévisibles et singuliers. Si le scénario est trop souvent la part faible des films, les techniciens ont de grandes qualités, notamment des chefs opérateurs comme Rachid Merabtine, Youssef Saharaoui, Noureddine Adel. Un curieux particularisme a valu à la production de la télévision d'accéder à un rang égal en qualité (et en audience à l'étranger avec un film comme Noua) à celle de la production lourde. On décèle d'autre part une extrême prudence quant au choix des sujets abordés, ce qui n'est pas sans freiner un cinéma peu porté à faire des films neutres ou à vocation simplement mercantile, alors que les structures paraissent privées, depuis 1979, d'un moteur capable de relancer les projets de l'ONCIC, ce qui est doublement dommageable à l'Algérie, bien placée parmi les jeunes nations. Scindée en deux structures de production et de distribution (ENAPROC et ENADEC), l'activité cinématographique s'en est trouvée affaiblie. Le retour à une structure unique (CAAIC) n'a cependant guère permis à la production de s'épanouir, d'autant plus que la situation politique en Algérie à partir des années 90 n'est évidemment pas favorable au développement d'une industrie comme celle du 7e Art. Les cinéastes algériens continuent, pour certains à tourner. Cela n'est parfois pas sans difficulté. Certains y arrivent et construisent une œuvre cohérente, tel Mohamed Chouikh avec la Citadelle (1989), Youcef (1993) et l'Arche du désert (1997). D'autres émergent, à l'instar de Nadir Moknèche, avec le Harem de Madame Osmane (1999). Lorsque le réalisateur souhaite plus particulièrement librement aborder la situation politique et sociale de l'Algérie des années 90, et notamment la thématique de l'asile politique, il tourne alors essentiellement à l'étranger, comme Abdelkrim Bahloul (la Nuit du destin, 1997) ou Karim Traïdia (les Diseurs de vérité, 2000).