Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SARAFIAN (Richard)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1927).

Il débute comme réalisateur de télévision. Le film Andy (id., 1965), qui raconte l'histoire d'un arriéré mental, attire l'attention sur lui. Beaucoup plus intéressant est le Convoi sauvage (Man in the Wilderness, GB, 1971), dans lequel Richard Harris, laissé pour mort, réapprend à vivre alors que John Huston personnifie un capitaine visionnaire dont le navire est traîné par 28 mules à travers un territoire infesté d'Indiens. Sarafian sera alors le metteur en scène de plusieurs films curieux qui témoignent d'une grande originalité, tels que Point limite zéro (Vanishing Point, id.), dont le héros traverse les États-Unis, de Denver à San Francisco, poursuivi par la police, et le Fantôme de Cat Dancing (The Man Who Loved Cat Dancing, 1973), qui bouleverse les conventions westerniennes en opposant à Burt Reynolds une Sarah Miles victorienne. De même, Une fille nommé Lolly Madonna (Lolly Madonna XXX, 1973) décrit une Amérique provinciale que n'aurait pas reniée Caldwell. The Next Man (1976), avec Sean Connery, permet à Sarafian d'aborder avec habileté le problème de la politique internationale, mais ses réalisations ultérieures — notamment Sunburn (1979), The Bear (1984), Eye of the Tiger (1986), Street Justice (1989), Solar Crisis (1990) et plusieurs téléfilms — restent décevantes.

ŠARALIEV (Borislav)

cinéaste bulgare (Plovdiv, 1922).

Il étudie le cinéma au VGIK de Moscou et s'impose au cours des années 50 comme l'un des pionniers du cinéma socialiste bulgare : ‘ Chant pour l'homme ’ (Pesene za čoveka, 1954), ‘ Deux Victoires ’ (Dve pobedi, 1956), ‘ Par un soir calme ’ (V tiha večer, 1960). Il tourne ensuite Chevalier sans armure (Ricar bez bronja, 1966), Adieu, amis ! (Sbogom, priateli, 1970), Attente (Očavkane, 1973), ‘ les Apôtres ’ (Apostolite, 1976), ‘ Tout est amour ’ (1979), ‘ le Coup décisif ’ (Udarat, 1981) et ‘ Boris Ier ’ (Boris I-slovo za bukvite, 1984).

SARANDON (Susan Abigail Tomalin, dite Susan)

actrice américaine (New York, N. Y., 1946).

Actrice au métier solide, Susan Sarandon a tenu son premier rôle cinématographique en 1970. Sa consécration a été progressive et laisse l'image d'une femme de volonté et de goût qui est maintenant parvenue à une stabilité professionnelle enviable. Sa participation à The Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975) tient de l'anecdote, même si elle y fait montre d'un indéniable abattage, de même que son rôle de prostituée mère de la jeune Brooke Shields dans la Petite (L. Malle, 1978). On préférera, dans le registre dramatique, la croupière désabusée d'Atlantic City (L. Malle, 1980), la mère combative et émouvante du méconnu Lorenzo (G. Miller, 1992) et, bien sûr, la fugitive de Thelma et Louise (R. Scott, 1991), qui lui valut la faveur du public. Dans le registre loufoque, elle était l'une des Sorcières d'Eastwick (G. Miller, 1987). Mais, quelles que soient les préférences de chacun, Susan Sarandon s'impose comme une actrice irremplaçable. Après Safe Passage (id., Robert Allan Ackerman, 1995), elle obtient un Oscar pour son interprétation dans la Dernière marche (T. Robbins, 1996), donne brillamment la réplique à Julia Roberts dans Stepmom (Chris Columbus, 1998) et à Paul Newman dans l'Heure magique (R. Benton, id.) et joue dans un nouveau film de Tim Robbins, Broadway 39e Rue (1999).

SARDE (Alain)

producteur français (Boulogne-Billancourt 1952).

Sara Films, qu'il crée en 1975, et Sarde Films, en 1983, lui permettent de devenir l'un des producteurs les plus actifs de la dernière décennie. Parmi la cinquantaine de films qu'il a produits en dix ans, citons : Barocco (A. Téchiné, 1976), Des enfants gâtés (B. Tavernier, 1977), Une histoire simple (C. Sautet, 1978), les Sœurs Brontë (Téchiné, 1979), le Mors aux dents (Laurent Heynemann, id.), Buffet froid (B. Blier, id.), Sauve qui peut, la vie (J.-L. Godard, 1980), Un mauvais fils (Sautet, id.), le Choix des armes (A. Corneau, 1981), Une étrange affaire (P. Granier-Deferre, id.), Hôtel des Amériques (Téchiné, id.), l'Étoile du Nord (P. Granier-Deferre, 1982), Passion (Godard, id.), Tir groupé (Jean-Claude Missiaen, id.), la Crime (P. Labro, 1983), Garçon ! (Sautet, id.), Un dimanche à la campagne (Tavernier, 1984), Notre histoire (B. Blier, id.), Cocaïne (Paul Morrissey, 1985), Détective (Godard, id.), Cours privé (Granier-Deferre, 1986), le Solitaire (J. Deray, 1987), Les mois d'avril sont meurtriers (L. Heynemann, id.). Sa société, devenue dans les années 90 une filiale de Canal Plus, est une des plus actives des entreprises françaises de la branche, intervenant tant sur le cinéma d'auteur que sur des projets essentiellement commerciaux. Alain Sarde soutient également à titre personnel quelques films comme certains Godard, ou Après la réconciliation d'Anne-Marie Miéville (2000).

SARDE (Philippe)

musicien français (Neuilly-sur-Seine 1945).

Grand amateur de cinéma, Philippe Sarde est peut-être le premier musicien français à s'être consacré presque exclusivement à la musique de film. Il est sorti de l'ombre à la fin des années 60 grâce à sa partition pour les Choses de la vie (1970) : à partir de quoi Claude Sautet lui fera toujours confiance. Très vite, son nom est devenu de plus en plus fréquent aux génériques et le musicien s'est lié à toute une génération de cinéastes, de Sautet (Max et les ferrailleurs, 1971 ; César et Rosalie, 1972 ; Vincent, François, Paul et les autres, 1974 ; Mado, 1976 ; Quelques jours avec moi, 1988) à Tavernier (l'Horloger de Saint-Paul, 1974 ; le Juge et l'Assassin, 1976 ; Un dimanche à la campagne, 1984) en passant par Granier-Deferre (le Chat, 1971 ; la Veuve Couderc, id. ; Une étrange affaire, 1981), Ferreri (Liza, 1972 ; la Grande Bouffe, 1973 ; les Contes de la folie ordinaire, 1981), Lautner (la Valise, 1973 ; Flic ou Voyou, 1979 ; la Maison assassinée, 1987), Téchiné (Souvenirs d'en France, 1975 ; Hôtel des Amériques, 1981 ; Rendez-vous, 1985 ; le lieu du crime, 1986 ; les Innocents, 1987), Bresson (Lancelot du lac, 1974 ; le Diable probablement, 1977), Boisset (Un taxi mauve, 1977), Schoendoerffer (le Crabe-Tambour, 1977 ; l'Honneur d'un capitaine, 1982), Misrahi (la Vie devant soi, 1977), Annaud (la Guerre du feu, 1981 ; l'Ours, 1988), Corneau (le Choix des armes, 1981 ; Fort Saganne, 1984), Doillon (la Pirate, id. ; la Tentation d'Isabelle, 1985 ; la Puritaine, 1986 ; Comédie, 1987), Schatzberg (l'Ami retrouvé, 1989), Rouffio (l'Orchestre rouge, id.), Costa-Gavras (Music Box, 1990). Il a une tendance certaine à se répéter ou à se noyer dans le sirop quand on ne lui donne pas de directives précises (Tess, R. Polanski, 1980). Mais il s'adapte aisément et peut, à volonté, pasticher Bernard Herrmann avec brio (Barocco, A. Téchiné, 1976) ou écrire une partition aux nuances africaines originales (Coup de torchon, B. Tavernier, 1981). Son frère est le producteur Alain Sarde.