Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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CORTEZ (Jacob Krantz, dit Ricardo)

acteur américain d'origine autrichienne (Vienne 1899 - New York, N. Y. - Los Angeles, Ca., 1977).

Élevé à New York et frère du chef opérateur Stanley Cortez, il débute au cinéma en 1923. Il est la vedette de nombreux films dans la lignée de Rudolph Valentino, notamment le Tourbillon des âmes (C. B. De Mille, 1924), The Pony Express (J. Cruze, 1925), le Torrent (Monta Bell, 1926, le premier film hollywoodien de Greta Garbo), la Vie privée d'Hélène de Troie (The Private Life of Helen of Troy, A. Korda, 1927), Son homme (T. Garnett, 1930). Il perd de son importance dans les années 30 mais demeure l'interprète racé et nuancé de la première version du Faucon maltais (R. Del Ruth, 1931) ou du mélodrame Symphony of Six Millions (G. La Cava, 1932). Il apparaît encore dans la Dernière Fanfare (J. Ford, 1958).

CORTEZ (Stanislaus Krantz, dit Stanley)

chef opérateur américain (New York, N. Y., 1908 - 1997).

Frère du comédien Ricardo Cortez, il commence très jeune à travailler pour le cinéma. Dès 1926, il est assistant cameraman sur des films de Gloria Swanson. En 1936, il devient un directeur de la photographie fort estimé, notamment sur les séries B. En 1942, il reçoit l'Oscar des critiques du cinéma américain pour son travail sur la Splendeur des Amberson, d'Orson Welles, qu'il considère comme « une des deux expériences les plus excitantes qu'il ait faites au cinéma », la deuxième étant la Nuit du chasseur, de Charles Laughton (1955). Ses films les plus célèbres sont en noir et blanc, comme le Secret derrière la porte, de Fritz Lang (1948), Shock Corridor (1963) et Police spéciale (1965) de Samuel Fuller.

CORTI (Axel)

cinéaste autrichien (Paris 1933 - Salzbourg 1993).

Journaliste et auteur de radio. Metteur en scène au Burgtheater de Vienne et à l'étranger. Au cinéma, depuis 1960, une quinzaine de films, dont des adaptations littéraires (Wedekind, Döblin, Werfel, Capote) et surtout la trilogie Vienne pour mémoire (scénarios de Georg Stefan Troller) sur l'identité de l'émigration juive face au nazisme : Dieu ne croit plus en nous (An uns glaubt Gott nicht mehr-Wohin und Zurück 1, 1981), Santa Fé (Santa Fé-Wohin und Zurück 2, 1985) et Welcome in Vienna (id., 1986). En 1990, il signe une coproduction entre la France, l'Italie et la Grande-Bretagne, la Putain du Roi.

COSMA (Vladimir)

compositeur français d'origine roumaine (Bucarest 1940).

Né dans une famille de musiciens, il mène des études classiques qui l'orientent vers le métier de concertiste (il est violoniste) alors qu'il suit parallèlement des cours de composition à Bucarest, puis à Paris, où il arrive en 1963. Il commence à travailler pour le cinéma grâce à Yves Robert (Alexandre le bienheureux, 1967), qui lui reste fidèle dans ses plus grands succès populaires. Il compose pour les premiers films de Pierre Richard et de Pascal Thomas, collabore à de nombreuses comédies françaises des années 70, mais on lui doit aussi des partitions plus dramatiques pour Yves Boisset (Dupont Lajoie), J.-J. Beineix (Diva), Georges Wilson (la Vouivre ). Il est aussi l'adaptateur et le directeur musical du Bal, adapté pour l'écran par Ettore Scola. Très productif (plus de deux cents partitions cinématographiques à son actif), très sollicité par un cinéma souvent très commercial, bien connu du public, il se contente parfois de dérouler de simples illustrations musicales – notamment dans les comédies, qui sont nombreuses dans sa filmographie ; mais il lui arrive parfois de fournir des partitions plus complexes (les adaptations de Pagnol par Yves Robert) et d'intervenir aux côtés de nouveaux cinéastes (Danièle Dubroux pour la Petite Allumeuse) et d'auteurs inclassables (Mocky).

COSTA (Pedro)

cinéaste portugais (Lisbonne 1959).

Après des études universitaires à la Faculté d'Histoire, il suit des cours de montage et réalisation à la Escola de Cinema, sous la direction de Antonio Reis. En même temps il réalise des programmes sur la musique contemporaine et la musique de film pour la Radio de Lisbonne. Puis il devient assistant-réalisateur, en travaillant, entre autres, avec João Botelho (Un adieu portugais [Um Adeus Português], 1985), Vítor Gonçalves (Uma Rapariga no Verão, 1986), João César Monteiro (À Flor do Mar, id.), Joaquim Leitão (Duma vez por Todas, 1986), Jorge Silva Melo (Agosto, 1988). En 1985, avec Vítor Gonçalves, Pedro Caldas, José Bogalheiro e Ana Luísa Guimarães, il fonde Trópico Filmes, qui produit en 1989 son premier long métrage, O sangue selectionné par la Semaine de la Critique au Festival de Venise. Après ce film romantique, nourri de souvenirs de cinéma et de mémoire personnelle, Costa s'éloigne du Portugal pour réaliser avec Casa de Lava (1994), aux Îles du Cap Vert, le récit d'une étrange aventure qui rappelle I Walked With a Zombie de Jacques Tourneur. En réalité dans ce lieu-là il trouve une voie qui l'amènera encore plus loin, vers les Cap-Verdiens de Fontainhas, le quartier créole de Lisbonne, pauvre et délabré, où il tourne Ossos (1997) et No Quarto da Vanda (2000). Entre temps il trouve aussi un style personnel qui se déploie dans un mise en scène épurée, presque documentaire, où l'ontologie devient recherche de l'absolu.

COSTA-GAVRAS (Konstantinos Gavras, dit)

cinéaste français d'origine grecque (Athènes 1933).

Fils d'un fonctionnaire du gouvernement grec qui lui donne une éducation orthodoxe stricte, il vient à Paris à l'âge de dix-huit ans et obtient un diplôme de littérature à la Sorbonne. Très cinéphile, il suit alors les cours de l'IDHEC et devient l'assistant d'Yves Allégret, René Clair, Jacques Demy. Il débute dans la réalisation en 1965, avec un film policier, Compartiment tueurs, suivi d'Un homme de trop (1967). Mais sa véritable notoriété est inséparable du thriller politique Z (1969), qui dénonce méthodes et compromissions de la junte militaire au pouvoir en Grèce à l'époque. Le film est un immense succès, que le cinéaste partage avec Yves Montand, dans l'un de ses rôles « engagés », où il incarne le député de gauche Lambrakis, assassiné sur ordre de la junte. Suivent, avec le même acteur, deux autres films politiques : l'Aveu (1970), tiré du témoignage d'Arthur London, victime des purges du régime communiste en Tchécoslovaquie ; État de siège (1973), où Montand incarne un agent de la CIA opérant en Uruguay. Section spéciale (1975) traite de la collaboration en France sous l'occupation allemande et plus particulièrement du procès de Riom. Après un silence de quatre années, Costa-Gavras adapte un roman intimiste de Romain Gary, avec Yves Montand et Romy Schneider, apparemment éloigné des préoccupations politiques qui avaient fait sa réputation (Clair de femme, 1979). Il revient en 1982 à sa conception du film « engagé » en tournant Missing, qui remporte la Palme d'or à Cannes (ex aequo avec Yol de Yilmaz Güney). La même année, il est nommé président de la Cinémathèque française, fonction qu'il occupera jusqu'en 1987.