Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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CLAVIER (Christian)

acteur et scénariste français (Paris 1952).

Très lié depuis sa jeunesse à Michel Blanc, à Gérard Jugnot et à Thierry Lhermitte, il participe activement aux activités de café-théâtre du Splendid tout en obtenant de petits rôles dans quelques films. Ce sont les Bronzés (1978) et Les bronzés font du ski (1979), de Patrice Leconte, qui ouvrent au groupe l'accès au grand public. Dans le même esprit, Clavier participe au succès des films de Jean-Marie Poiré Le Père Noël est une ordure (1982) et Papy fait de la résistance (1983). Sa popularité s'accroît, il tente de développer son propre personnage à partir des films de François Leterrier Je vais craquer (1980) et Quand tu seras débloqué, fais-moi signe (1981) et s'intéresse de plus en plus à l'écriture de scénarios. Ce sera en 1993 l'extraordinaire succès des Visiteurs (réalisé par Poiré), qu'il écrit et dans lesquels il interprète un double personnage. Le succès se poursuit avec les Visiteurs II, les Couloirs du temps (1998), alors que les Visiteurs en Amérique (2001) est un échec commercial. Les Visiteurs avait été précédé d'Opération corned-beef (Poiré, 1990), écrit et interprété par Clavier. On le voit également dans la Vengeance d'une blonde (Jeannot Swarc, 1994), les Anges gardiens (Poiré, 1995) aux côtés de G. Depardieu et dans deux adaptations d'Astérix, dont il incarne le personnage titre encore aux côtés de G. Depardieu.

CLAYBURGH (Jill)

actrice américaine (New York, N. Y., 1944).

Actrice de théâtre « off Broadway » très cotée, ayant une intense activité TV, elle débute au cinéma dans le film confidentiel de Brian De Palma, The Wedding Party (1969), puis ne joue que dans des productions sans relief (Portnoy et son complexe de E. Lehman, 1972) jusqu'à Une femme libre (An Unmarried Woman, P. Mazursky, 1978), où elle déploie l'abattage d'une vraie comédienne. Plutôt amusante dans ses rôles antérieurs, elle se révèle bouleversante dans La luna (B. Bertolucci, 1979), sans rien perdre de son évident humour ni de son « allure ». Elle tourne ensuite Hanna K. (Costa-Gavras, 1983), rôle-titre, le Bayou (A. Mikhalkov-Kontchalovski, 1987), Beyond the Ocean (Ben Gazzara, 1990), Rich in Love (B. Beresford, 1992), le Grand Pardon II (A. Arcady, id.), Naked in New York (Daniel Algrant, 1993).

CLAYTON (Jack)

cinéaste britannique (Brighton 1921 - Slough, Berkshire, 1995).

Tour à tour assistant réalisateur, réalisateur de films de court métrage et de documentaires, producteur associé (Queen of Spades de T. Dickinson, 1949 ; Moulin-Rouge de J. Huston, 1953, etc.), Jack Clayton est un professionnel du cinéma, au plein sens du terme. Après une adaptation du Manteau, d'après Gogol (The Bespoke Overcoat, MM, 1955), les Chemins de la haute ville (Room at the Top, 1958, avec Simone Signoret et Laurence Harvey), le fit classer, sans raison bien sérieuse, parmi la Nouvelle Vague britannique. Plus qu'un « homme en colère », Clayton devait se révéler un calligraphe de la caméra : les Innocents (The Innocents, 1961), d'après le Tour d'écrou de Henry James, avec Deborah Kerr et Michael Redgrave, sur un scénario cosigné de Truman Capote est peut-être son meilleur film. Excellent directeur d'acteurs, très habile pour filmer des enfants, Clayton réalise ensuite le Mangeur de citrouille (The Pumpkin Eater, 1964), avec Ann Bancroft et Peter Finch sur un scénario de Pinter, et, avec Dirk Bogarde et Pamela Franklin, Chaque soir à neuf heures (Our Mother's House, 1967), où se confirme sa maîtrise psychologique et son sens du fantastique. En 1974, avec Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) sur un scénario de Coppola d'après le roman de Fitzgerald, avec Robert Redford et Mia Farrow, et dix ans après la Foire des ténèbres (Something Wicked This Way Comes), il ne parvient pas à retrouver la voie du succès. Il signe en 1987 The Lonely Passion of Judith Hearne et, en 1992, Memento Mori.

CLÉMENT (Andrée Boyer, dite Andrée)

actrice française (Marseille 1918 - Paris 1954).

Carrière théâtrale, notamment chez Dullin, Ledoux, Barrault. Son visage, qui sait refléter une époque noire et trouble, traverse le cinéma français et y laisse des impressions durables (il n'est pas rare de la voir saluée par de jeunes romanciers). On a pu l'admirer tout particulièrement dans les Anges du péché (R. Bresson, 1943), la Symphonie pastorale (J. Delannoy, 1946), Macadam (Marcel Blistène, id.), Une grande fille toute simple (Jacques Manuel, 1948), Dieu a besoin des hommes (J. Delannoy, 1950). Elle incarne parfaitement ce que le poète Jacques Prével appelait « le luxe de la souffrance ».

CLÉMENT (Aurore)

actrice française (Soissons 1945).

Jeune débutante dans Lacombe Lucien (L. Malle, 1974), elle va imposer sa fragilité aérienne, sa gravité et une voix troublante en constant décalage aussi bien dans des films d'auteur (les Rendez-vous d'Anna, Ch. Akerman, 1978 ; Aimée, Joël Farges, 1981 ; l'Invitation au voyage, P. Del Monte, 1982 ; l'Amour des femmes, M. Soutter, 1982), que dans des films à vocation plus commerciale (le Shérif, Y. Boisset, 1977 ; le Crabe-Tambour, P. Schoendoerffer, 1977 ; les Fantômes du chapelier, C. Chabrol, 1982). Elle tourne beaucoup en Italie et sa fausse froideur hitchcockienne intéresse les « Américains » Francis Ford Coppola (Apocalypse Now, 1979) et Wim Wenders (Paris Texas, 1984).

CLÉMENT (René)

cinéaste français (Bordeaux 1913 - Monte-Carlo 1996).

Le plus insaisissable et le plus controversé des metteurs en scène français de l'après-guerre : technicien froid et sans conscience pour certains critiques, le plus grand cinéaste français pour d'autres. L'œuvre de René Clément est un défi à toute tentative de classification hâtive, sa cohérence n'existant que dans la rigueur de l'écriture.

René Clément commence des études d'architecture qu'il doit abandonner. Il pratique le cinéma d'abord en amateur — encore étudiant, il aurait réalisé un dessin animé intitulé César chez les Gaulois, dont la copie est perdue —, puis il réalise une série de courts métrages avant et pendant la guerre. Ce sont, entre autres, des reportages sur l'Arabie, qu'il parcourt en 1938 avec l'ethnologue Jules Barthou, et un burlesque conçu et interprété par Jacques Tati, Soigne ton gauche (1937).