Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SIRK (Hans Detlef Sierck qui signera ensuite Douglas) (suite)

Sirk quitte l'Allemagne nazie en 1937, pour s'installer finalement aux États-Unis (où il signe désormais Douglas Sirk) après des séjours en Espagne, en Afrique du Sud et en Australie. Sa première œuvre américaine sera Hitler's Madman (1943), qui traite le même sujet (l'assassinat de Heydrich) que Les bourreaux meurent aussi (F. Lang, id.). La photographie est de Schüfftan, comme celle de l'Aveu (Summer Storm, 1944) d'après Tchekhov. Puis Sirk réalise A Scandal in Paris (1946), biographie romancée de Vidocq (qu'interprète George Sanders), réussite du cinéma ironique, et Des filles disparaissent (Lured, 1947), également avec George Sanders, remake de Pièges (R. Siodmak, 1939).

Après la Première Légion (The First Legion, 1951), Sirk travaille exclusivement pour Universal International, studio modeste où sa liberté d'expression sera, à l'intérieur de certaines limites, d'autant mieux assurée. Il s'astreint d'abord à des tâches humbles, voire ingrates. Au terme de ce second apprentissage, il saura marquer les sujets les plus improbables de son empreinte personnelle et de la rigueur d'un style légèrement distancé. Après quelques comédies familiales et musicales (Qui donc a vu ma belle ? [Has Anybody Seen My Gal ?], 1952), il revient au mélodrame (et à la stylisation du théâtre) avec All I Desire (1953), avec Barbara Stanwyck. Dès lors, c'est le genre du mélodrame que Sirk illustre avec le plus de bonheur, même s'il ne faut pas négliger des œuvres expressives comme le western, Taza, fils de Cochise (Taza Son of Cochise, 1954), et les films historiques, le Signe du païen (Sign of the Pagan, id.), avec Jack Palance dans le rôle d'Attila, et Capitaine Mystère (Captain Lightfoot, 1955), tourné en Irlande. Quatre de ses mélodrames sont des remakes de films des années 30 : le Secret magnifique (Magnificent Obsession, 1954), There's Always Tomorrow (1956), les Amants de Salzbourg (Interlude, 1957) et Mirage de la vie (Imitation of Life, 1959). La continuité du genre est désignée par la reprise des scénarios, parfois avec d'importantes modifications (ainsi Sirk introduit le thème du théâtre dans Mirage de la vie) ; son évolution l'est aussi par le recours, dans trois cas sur quatre, à la couleur. Travaillant avec des acteurs au registre limité (Rock Hudson, Jane Wyman, Lana Turner), Sirk traite ces sujets fortement typés avec un certain recul et une ironie implicite, multipliant les images somptueuses, les couleurs baroques, les reflets qui suggèrent l'irréalité : ainsi la pompe funèbre sur laquelle se clôt Mirage de la vie semble symboliser la mort même du mélodrame.

Ces images se retrouvent dans d'autres œuvres dont le sujet est plus proche du cinéaste, comme Tout ce que le ciel permet (All That Heaven Allows, 1956), au message pastoral ; Écrit sur du vent (Written on the Wind, 1957), portrait de la décadence d'une grande famille texane ; la Ronde de l'aube (The Tarnished Angels, 1958), adaptation de Pylône de Faulkner, où le carnaval se mue en danse macabre ; enfin, le Temps d'aimer et le Temps de mourir (A Time to Love and a Time to Die, id.), d'après et avec Erich Maria Remarque, déchirante idylle qui a pour toile de fond la débâcle de l'Allemagne nazie.

De retour en Europe, Sirk signe quelques productions théâtrales à Munich, où il réalise aussi trois courts métrages, modèles ciselés de mise en scène : Sprich zu mir wie der Regen (1975) et Bourbon Streets Blues (1978) d'après Tennessee Williams, Sylvesternacht (1977) d'après Schnitzler.

Autres films :

en Allemagne : Der eingebildete Kranke (CM, 1934) ; April April (1935) ; la Chanson du souvenir (Das Hofkonzert, 1936) ; Liebling der Matrosen (1937) ; Die Heimat ruft (id.) ; en Afrique du Sud : Wilton's Zoo (1938) ; aux Pays-Bas : Boeffe (1939) ; aux États-Unis : l'Homme aux lunettes d'écaille (Sleep My Love, 1948) ; Slightly French (1949) ; Jenny, femme marquée (Shockproof, id.) ; le Sous-marin mystérieux (Mystery Submarine, 1950) ; Tempête sur la colline (Thunder on the Hill, 1951) ; The Lady Pays Off (id.) ; Week-end With Father (id.) ; No Room for the Groom (1952) ; Meet Me at the Fair (id.) ; Take Me to Town (1953) ; les Ailes de l'espérance (Battle Hymn, 1957). ▲ 

SISSAKO (Abderrahmane)

cinéaste mauritanien (Nouakchott 1961).

Né en Mauritanie, il passe son enfance au Mali, retourne brièvement dans son pays d'origine, avant de partir étudier à l'Institut d'État du cinéma à Moscou. Il s'installe en France, mais l'Afrique reste au cœur de tous ses films. Ses premiers courts métrages l'ont rapidement fait connaître, notamment Octobre (1993), retraçant la vie d'un étudiant africain au pays des Soviets et offrant ainsi un des rares films d'Afrique noire avec de la neige. Après deux autres courts métrages, le Chameau et les bâtons flottants (1994) et Sabriya (1997), il réalise son premier long métrage, Rostov-Luanda (1997), puis, avec l'unité fiction d'Arte, la Vie sur Terre (1997), présenté au festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, et dont la diffusion en salles a été son plus grand succès critique et public. Abderrahmane Sissako mêle fiction et documentaire, poésie et politique pour un cinéma parmi les plus mélancoliques en Afrique.

SISSOKO (Cheick Oumar)

cinéaste malien (San 1945).

Après avoir terminé ses études secondaires à Bamako, il étudie à Paris la sociologie et l'histoire, fréquente l'École des hautes études en sciences sociales et l'école de cinéma Louis-Lumière. Il réalise plusieurs reportages ainsi que le documentaire Sécheresse et exode rural (1984). Son premier long métrage, la Leçon des ordures (Nyamanton, 1986), est distingué dans plusieurs festivals internationaux. En 1989, Finzan évoque la condition de la femme opprimée par la société et la tradition. Directeur du Centre national de production cinématographique malien (CNPC) depuis 1993, il tourne en 1995 le Tyran (Guimba), sur les dérives du pouvoir absolu, puis la Genèse (1999), transposition africaine de l'histoire du clan de Jacob trois cents ans après le Déluge.

SITU Huimin

cinéaste chinois (Canton 1910 - Pékin 1988).