Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
G

GUTMAN (Amos)

cinéaste israélien (Hongrie 1954 - Israël 1982).

Arrivé en Israël à l'âge de huit ans, il obtient un diplôme en cinéma à l'École de Beit Zvi. Après avoir réalisé un grand nombre de courts métrages, il tourne en 1983 son premier long métrage, Drifting, suivi de Bar 51 (1986) et de Himmo, roi de Jérusalem (1987). Il meurt quelques mois après avoir réalisé Une grâce stupéfiante (1992), histoire du jeune Jonathan qui rencontre Thomas, le fils d'une amie de sa mère; leur attirance mutuelle, dans une société peu réceptive, ne leur apportera pas le bonheur.

GUY (Alice)

cinéaste française (Saint-Mandé 1873 - Mahwah, N. J., US, 1968).

Première femme cinéaste au monde, elle est, aussi, probablement l'inventeur du film de fiction, avant Méliès. Entrée comme secrétaire aux établissements Gaumont, Alice Guy y réalise dès 1896 — selon elle et quelques historiens ; plus tard, vers 1900, d'après d'autres sources — la Fée aux choux, une « féerie » conçue d'après l'esthétique des cartes postales de l'époque. Elle assure, jusqu'en 1906, la quasi-totalité des créations de la firme : environ deux cents bandes longues de une à 40 minutes. Elle y aborde des genres très variés : le merveilleux (Faust et Méphisto), le comique (le Cake-Walk de la pendule), le mélodrame (Rapt d'enfants par les romanichels)... Alice Guy élabore, en 1906, une centaine d'essais de petits films sonores de une minute chacun : technique à laquelle Gaumont croit beaucoup.

À cette époque, lors du tournage de Mireille (sur un scénario de Louis Feuillade), elle s'éprend de l'opérateur du groupe, Herbert Blaché, qu'elle épouse en 1907. Cette même année, le couple part pour New York : Blaché doit y mettre sur pied une succursale Gaumont. De 1907 à 1910, Alice Guy interrompt ses activités. En 1910, elle contribue à la fondation de la Solax Company, dont elle assume la présidence. De 1910 à 1920, elle réalise, sur le sol américain, près de 70 moyens et longs métrages. Son registre est, là aussi, très étendu. De l'opéra filmé (Fra Diavolo) au policier (The Million Dollars Robbery) en passant par le fantastique (The Pit and the Pendulum), tous les genres y sont représentés. En 1913, son époux, libéré de Gaumont, crée la Blaché Features Inc., qui succède à la Solax Company, puis, en 1914, la US Amusement Corporation. Mais, dès le milieu des années 10, il n'y a plus de place pour les indépendants. De 1916 à 1920, Alice Guy loue ses services à divers producteurs avant de mettre en scène son dernier film, Tarnished Reputation. L'action des mouvements féministes des années 70 et le travail patient d'historiens comme Francis Lacassin sortent cette pionnière de l'oubli. On a publié ses souvenirs : Autobiographie d'une pionnière du cinéma (1976).

GUZMÁN (Patricio)

cinéaste chilien (Santiago du Chili, 1941).

Après des études de cinéma dans sa ville natale et à Madrid, et quelques incursions dans la fiction littéraire, il devient le principal documentariste de l'Unité populaire (El Primer Año, 1971 ; La Respuesta de Octubre, 1972), et s'essaie à découvrir une géographie humaine jusqu'alors méconnue. Il penche plus franchement vers l'analyse avec la trilogie montée à Cuba, après le renversement du gouvernement Allende, la Bataille du Chili (La Batalla de Chile ; La Insurrección de la Burguesía, 1975 ; El Golpe de Estado, 1976 ; El Poder Popular, 1979). Les plans-séquences essayent d'y appréhender la réalité dans sa durée, optant pour une réflexion du spectateur plutôt que pour un montage rapide, démonstratif ou racoleur. Sa caméra — très mobile — n'hésite pourtant pas à interpréter, jouant sur les oppositions, ainsi que sur les juxtapositions de détails. Après un détour par la fiction (La rosa de los vientos, 1983), il tourne les documentaires En nombre de Dios (1987) et La Cruz del Sur (1992), tous les deux sur la religion, qui confirment son penchant pour l'essai. Les Barrières de la solitude (Pueblo en vilo, 1996) est le portrait collectif d'un village mexicain digne de Rulfo, Chili : la mémoire obstinée (La memoria obstinada, 1997) enregistre les réactions à la Bataille du Chili dans son propre pays vingt ans après le coup d'État, le Cas Pinochet (2001) décrit le rebondissement provoqué par l'arrestation du dictateur à Londres.

GWENN (Edmund)

acteur britannique (Glamorgan, pays de Galles, 1875 - Los Angeles, Ca., 1959).

Prestigieux acteur de théâtre, Edmund Gwenn fut aussi un prestigieux acteur de composition cinématographique. Sa bonhomie lui valut de nombreux emplois de papa-gâteau et de doux-dingue, depuis le père Noël en personne (le Miracle de la 34e rue, G. Seaton, 1947) jusqu'au philosophe de Calabuig (Luis G. Berlanga, 1956), en passant par le combinard de la Bonne Combine (E. Goulding, 1950). Mais Alfred Hitchcock, avec un certain machiavélisme, fit de lui un assassin tranquille dans Correspondant 17 (1940) avant d'en faire le vieux capitaine de Mais qui a tué Harry ? (1955).

GWISDECK (Michael)

acteur et cinéaste allemand (Berlin, 1942).

Décorateur, puis acteur de théâtre à Berlin-Est, il débute au cinéma en 1968 (puis à la télévision en 1973) et on peut le voir dans de très nombreux films tournés en RDA sous la direction de Rainer Simon, de Roland Gräf et de Horst Seeman. Il est très sollicité à la fin des années 80, d'une part dans quelques-uns des films qui caractérisent la fin de la RDA tels Coming out, de Heiner Carow (1989), ou encore, postérieur à la chute du Mur mais produit par la DEFA : Der Tangospieler de Roland Gräf (1991), adapté d'un roman de Christoph Hein et dont le personnage principal, magistralement interprété par Gwisdeck, est un professeur qui a été emprisonné à la suite d'une involontaire contestation politique. Il travaille aussi dès 1984 dans des productions de RFA, notamment sous la direction de Hark Bohm, et dans une coproduction avec la Suisse Pestalozzi's Berg (Peter von Gunten, 1988). Il s'impose sans peine dans la nouvelle Allemagne, où il est très sollicité par la télévision et où il choisit avec soin ses rôles au cinéma sous la direction de Rolf Schübel, de Frank Beyer, de Roland Graf, et notamment d'Urs Odermatt pour le Pandore (Wachmeister Zumbuhl, 1994, en Suisse) et d'Andreas Dresen (Nachtgestalten, 1998). Il a réalisé Treffen in Travers (1988), Abschied von Agnes (1993), Mambospiel (1998).