Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
W

WONG (Wong Chi-keung, dit Kirk)

cinéaste et acteur chinois (Hongkong 1949).

Après des études de mode et de cinéma à Londres, il reste travailler en Angleterre pour la télévision et le théâtre. De retour à Hongkong en 1978, il se fait connaître par ses réalisations télévisuelles. Son premier film, The Club (1981), un polar dur et réaliste, révèle sa fascination pour les milieux de la pègre et de la police, avec lesquels il noue des amitiés. Ses deux films suivants, l'ambitieux film de kung-fu Health Warning (1983) et le fantastique Lifeline Express (1985), se détachent cependant de cet univers. En 1986, il renoue avec le film noir en réalisant True Colors. Dès lors, il ne quitte plus le genre, enchaînant Gunmen (1988) et l'oubliable Taking Manhattan (1990). Il collabore avec un policier pour l'écriture du scénario de Crime Story (1993), qui dresse un constat terrible du crime organisé et de la corruption des forces de l'ordre. C'est la première partie d'une trilogie achevée en 1994 avec Organized Crime and Triad Bureau et Rock'n roll Cop. En 1998, sur un registre plus léger, Wong réalise un film à Hollywood, The Big Hit. Grâce à son physique impressionnant, il mène parallèlement une carrière d'acteur. On peut le voir, entre autres, dans Just like Weather (Allen Fong, 1986), The Big Heat (Andrew Kam et Johnny To, 1988), ou Twin Dragons (Ringo Lam et Tsui Hark, 1992).

WOO (John)

cinéaste chinois (Canton, 1946).

Sa famille émigre à Hongkong en 1950. Après la participation à une troupe théâtrale étudiante et la réalisation de courts métrages expérimentaux en 8 mm, il entre en 1971 dans le studio des frères Shaw et devient l'assistant de Chang Cheh. Son premier film, The Young Dragons (Tie Han Rou Qing, 1973), description extrêmement violente du trafic d'armes lors de la guerre sino-japonaise, est censuré pendant deux ans. En près de vingt ans, et avec une stupéfiante rapidité, il passe du film de kung-fu (Countdown in Kung Fu [Shaolin Men], 1975) à la comédie (Money Crazy, Fa Qian Han, 1977), et au wu xia pian (Last Hurrah for Chivalry [Hao Xia], 1979), puis au film de gangsters imité du modèle américain. C'est dans ce genre qu'il fait montre de sa personnalité et de son habileté dans les scènes d'action, qu'il sait « griffer » sans qu'on puisse s'y tromper (violence chorégraphiée, mouvements de caméra complexes, tendance aux plans longs) notamment avec le Syndicat du crime (A Better Tomorrow, 1986) et sa suite le Syndicat du crime 2 (A Better Tomorrow 2, 1987), aussi produite par Tsui Hark. En 1989, The Killer, autre modèle du genre, connaît un succès international et attire l'attention sur lui. Ses scénarii répondent à des architectures de plus en plus savantes, et ses personnages s'étoffent (notamment quand il collabore avec l'acteur Tony Leung Chiu-wai pour Une balle dans la tête, Bullet in the Head, 1990), et À toute épreuve, (Hard Boiled, 1992). Il semble inévitable que Woo finisse par tenter l'aventure américaine. Ce qu'il fait avec un certain succès, même si sa collaboration avec Jean-Claude Van Damme est moins intéressante qu'avec Chow Yun-fat (Chasse à l'homme [Hard Target], 1993). En 1995, il réalise Broken Arrow avec John Travolta, puis toujours avec Travolta et Nicolas Cage, Volte/face (Face off, 1997), sa plus grande réussite. Mission : Impossible 2 (2000), s'il laisse à Woo la possibilité de multiplier les scènes de bravoure, l'enferre dans un cinéma plus standardisé.

WOOD (Natasha Gurdin, dite Natalie)

actrice américaine (San Francisco, Ca., 1938 - en mer, près de l'île Catalina, Ca., 1981).

Née dans un milieu artistique, ayant appris à danser dès son plus jeune âge, elle est remarquée par le cinéaste Irving Pichel, qui lui donne un rôle important dans Demain viendra toujours (1946). Cette actrice ravissante au talent précoce sait très vite donner la réplique à des professionnels aussi redoutables qu'Orson Welles (Demain viendra toujours), Gene Tierney (l'Aventure de Mme Muir, J. L. Mankiewicz, 1947) ou Walter Brennan (Driftwood, A. Dwan, 1947). Un temps associée à Tab Hunter (Collines brûlantes, S. Heisler, 1956) après avoir été la partenaire de James Dean (la Fureur de vivre, N. Ray, 1955), elle devient une des jeunes actrices les plus populaires des années 50. C'est alors qu'elle se marie avec Robert Wagner. Elle passe avec éclat aux rôles d'adulte dans la Fureur d'aimer (I. Rapper, 1958). Mais le public semble réticent à ce changement et, malgré le succès de West Side Story (R. Wise et J. Robbins, 1961), Natalie Wood connaît une période d'instabilité professionnelle et personnelle. C'est à ce moment qu'Elia Kazan la choisit pour être l'héroïne de la Fièvre dans le sang (1961), une adolescente perturbée et hypersensible, aux brusques élans de tendresse, qui reste son interprétation la plus bouleversante, face à un Warren Beatty également névrosé. Elle a inexplicablement, aux États-Unis, la réputation d'être une piètre actrice. Si elle n'est jamais à l'aise dans la comédie, à cause d'une propension à l'agitation vaine, dans le registre dramatique, elle conjugue une grande beauté à une intensité qui force l'adhésion. À Bob et Carole et Ted et Alice (Paul Mazursky, 1969), on préférera ses créations plus populaires et plus justes d'Une certaine rencontre (R. Mulligan, 1964), Daisy Clover (id., 1966) ou Propriété interdite (S. Pollack, id.), personnages difficiles qu'elle fait vivre avec acuité. Après s'être remariée avec Robert Wagner dont elle s'était séparée, elle devient de plus en plus rare au cinéma (son dernier film, Brainstorm, de Douglas Trumbull, est sorti sur les écrans en 1983) mais travaille beaucoup pour la télévision. Elle est morte mystérieusement en mer, au lendemain d'une soirée entre amis.

WOOD (Samuel Grosvenor Wood, dit Sam)

cinéaste américain (Philadelphie, Pa., 1883 - Los Angeles, Ca., 1949).

Il réalise des serials dès 1917 et devient un des piliers de la Paramount, où il dirige, sans la moindre invention, Marion Davies, Gloria Swanson, les Marx Brothers (1921-1937). Puis il se voit confier des films « de prestige » fort ennuyeux (Goodbye Mr. Chips, 1939) et des adaptations littéraires toujours très en retrait de l'original (Notre petite ville [Our Town], 1940 ; Pour qui sonne le glas [For Whom the Bell Tolls], 1943). Sam Wood passe à la postérité comme dernier « directeur » (non crédité) d'Autant en emporte le vent, qui ne lui doit sans doute rien d'important. Il signe ensuite quelques œuvres agréables : Kitty (Kitty Foyle, 1941) ; Casanova le Petit (Casanova Brown, 1944) ; l'Intrigante de Saratoga (Saratoga Trunk, 1945) ; Un homme change son destin (The Stratton Story, 1949). Son unique western, Embuscade (Ambush, 1950), fut terminé juste avant sa mort. On a prétendu, à tort, que ses opinions ultraréactionnaires avaient nui, après coup, à la réputation de ce technicien aussi chevronné qu'impersonnel.