Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HAN FEI (Han Youzhi, dit)

acteur chinois (Ningbo, prov. du Zhejiang, 1919 – Shanghai, 1984).

Acteur de théâtre à partir de 1933, Zhang Shichuan lui offre son premier rôle au cinéma dans son film ‘ la Nuit close ’ / ‘ Dans les ténèbres de la nuit ’ (Ye shenchen, 1941). La même année, il interprète ‘ Scènes d'une époque troublée ’ (Luanshi fengguang, Wu Renzhi) avec Shi Hui, mais ne devient acteur professionnel qu'après la guerre et pour plusieurs studios : Zhongdian, pour lequel il joue dans ‘la Grande Affaire du mariage‘ (Zhongsheng dashi, Wu Yonggang, 1947) ; Wenhua, où il participe à plusieurs films notables, en particulier ‘ Vive ma femme ’ (Taitai wansui, Sang Hu, id.), ‘ Soleil radieux ’ (Yanyang tian, Cao Yu, 1948), ‘ Tristesse et Joie de l'âge mûr ’ (Ai le zhongnian, Sang Hu, 1949). Parti pour Hongkong en 1949, il y joue dans près d'une vingtaine de films, dont : ‘ la Ruelle aux fleurs ’ (Huajie, Yue Feng, 1949) ; ‘ l'Horrible Vérité ’ (Shuohuang shijie, Li Pingqian, 1950) ; ‘ Mariage reporté ’ (Wu jiaqi, Zhu Shilin, 1951) ; ‘ la Fille ’ (Hua guniang, id., id.) ; ‘ la Chambre à la cloison de bois ’ (Yiban zhi ge, id., 1952) ; ‘ le Festival de la mi-automne ’ (Zhongqiu jie, id., 1953). Il retourne ensuite en Chine et poursuit une carrière d'acteur aux multiples facettes, qui privilégie pourtant les rôles comiques : ‘ Bonheur ’ (Xingfu, Tian Ran et Fu Chaowu, 1957) ; ‘ Lin Zexu ’ (Zheng Junli et Cen Fan, 1959) ; ‘ Le seigneur Qiao se cache dans la chaise à porteur ’ (Qiaolaoye shang jiao, Liu Qiong, id.) ; ‘ la Coiffeuse ’ (Nü lifashi, Ding Ran, 1962) ; ‘ Des fleurs sur un brocart ’ ‘ De mieux en mieux (Jinshang tian hua, Xie Tian et Chen Fangqian, id.) ; ‘ les Aventures d'un magicien ’ (Muoshushi de qiyu, Sang Hu, id.). Après la Révolution culturelle, il devient un acteur très recherché et apprécié. Il est particulièrement remarqué dans ‘ Rêve de richesse ’ (Jinqian meng, Feng Xiao, 1981) et ‘ Minuit ’ (Ziye, Sang Hu, 1982).

HANÁK (Dušan)

cinéaste slovaque (Bratislava 1938).

Il sort diplômé de la FAMU en 1965 et se signale à l'attention par plusieurs courts métrages dont l'Appel au silence (Výzva do ticha, 1965) et la Messe (Omša, 1967). Il réalise en 1969 son premier long métrage 322 suivi par les Images d'un vieux monde (Obrazy starého, MM, 1972) inspiré par les valeurs profondes du monde paysan de la Slovaquie et bloqué par la censure jusqu'en 1988. Il tente ensuite de changer de registre, signe une comédie mélancolique Rêves en rose (Ružové sny, 1976) puis J'aime, tu aimes (Ja milujem, ty miluješ, 1980), à nouveau interdit pour « esthétisation de la laideur » et présenté finalement au festival de Berlin en 1989 où il obtient l'Ours d'argent de la mise en scène. La Joie silencieuse (Tichá radosť, 1985) confirme l'intérêt du cinéaste pour les personnages féminins qui cherchent à s'émanciper intérieurement tout comme Vies privées (Sùkromne životy, 1990). Cinéaste peu prolifique mais exigeant et obstiné ; il signe en 1991 un long métrage documentaire historique ‘ les Têtes de papier ’ (Papírově hlavy), où il se distingue par sa cohérence morale et esthétique.

HANDKE (Peter)

écrivain, scénariste et cinéaste autrichien (Griffen-Altenmark 1942).

Auteur théâtral à scandale, écrivain résolument moderne très tôt reconnu, c'est un passionné de cinéma qui réalise, en 1970, une Chronique des événements les plus courants (Chronik der laufenden Ereignisse, diffusé par la télévision allemande). Il collabore avec Wim Wenders qui adapte un de ses livres, l'Angoisse du gardien de but au moment du penalty, et pour qui il écrit Faux Mouvement en 1974-1975. C'est Wenders qui produit son film la Femme gauchère (Die linkshändige Frau, 1977) - Peter Handke retrouvera son ami pour les dialogues des Ailes du désir (1987). Dans l'intervalle, il a réalisé la Maladie de la mort (Des Mal des Todes, 1985), qui sera suivie de l'Absence (Die Abwesenheit, 1992).Quelques cinéastes se sont inspirés de ses écrits (Herbert Vesely, Didier Goldschmidt), mais c'est avec Wenders, sur lequel il a exercé une certaine influence dans la période 1970-1977, qu'il a eu des rapports privilégiés, celui-ci ayant mis en scène une de ses pièces de théâtre lors de sa création en 1982 (année où il entreprit d'écrire un scénario d'après quatre livres de Handke).

HANEKE (Michael)

scénariste et cinéaste autrichien d'origine allemande (Munich 1942).

Il a fait des études de philosophie et a été critique de cinéma et metteur en scène de théâtre. À partir de 1970, il est scénariste et réalisateur indépendant pour la télévision autrichienne et il se fait remarquer, notamment, en 1980, avec un ambitieux téléfilm d'une durée totale de quatre heures, consacré aux jeunes nés dans les années 50 : Les Lemmings (Lemminge). C'est en 1988 qu'il écrit et réalise le Septième Continent (Der siebente Kontinent), où il décrit froidement la marche vers le suicide d'une famille de trois personnes. Benny's Video (1992), dont le jeune héros devient assassin par pur hasard, fait partie d'une trilogie sur les apparences arbitraires de la violence et de la mort, qui comporte aussi 71 Fragments d'une chronologie du hasard (71 Fragmente einer Chronologie des Zufalls, 1994) et Funny Games (1997). En coproduction avec la France il réalise Code inconnu (sous-titré Récit incomplet de divers voyages, 2000), et il présente en 2001 l'adaptation du roman d'Elfriede Jelinek qui avait fait scandale à sa parution : la Pianiste. Il a également réalisé une adaptation du célèbre texte de Kafka le Château (Das Schloss,1997, primitivement destinée à la télévision). Haneke est l'auteur de plusieurs scénarios relevant d'une implacable critique de la société contemporaine, dont la Tête du Maure (Der Kopf der Mohren), tourné par Paulus Manker en 1994.

HANI (Susumu)

cinéaste japonais (Tokyo 1928).

Fils du philosophe et écrivain Goro Hani, Susumu est d'abord journaliste à l'agence Kyodo, mais quitte ce métier en 1950 pour devenir documentariste à l'École Iwanami. Il y réalise, de 1952 à 1960, une série de courts métrages dont certains lui assurent déjà une grande notoriété : ‘ les Enfants dans la classe ’ (Kyoshitsu no kodomotachi, 1955), ‘ les Enfants qui dessinent ’ (E o kaku kodomotachi, 1956 ; prix R. Flaherty en 1957), ou encore  ‘ le Temple Horyûji ’ (Horyû-Ji, 1958), tous films dont on remarque alors la grande spontanéité, la liberté de ton et l'utilisation du « direct ». Passant au long métrage en 1961 avec les Mauvais Garçons (Furyo shonen), Hani y met en scène des jeunes délinquants non professionnels, inadaptés à une société dont la prospérité économique ne fait alors que commencer. Il poursuit ensuite son exploration des contradictions du Japon contemporain dans ‘ Une vie bien remplie ’ (Mitasareta seikatsu, 1962), ‘ Elle et Lui ’ (Kanojo to kare, 1963) et les Enfants main dans la main (Te o tsunagu kora, 1963), avant d'observer avec ironie l'attitude des Japonais outre-mer dans ses deux films les plus originaux : la Chanson de Bwana Toshi (Bwana Toshi no uta, 1965) et la Fiancée des Andes (Andesu no hananyome, 1966), ce dernier avec l'actrice Sachiko Hidari, qu'il avait épousée à l'époque de Elle et Lui. Sa croyance en l'innocence fondamentale de l'être humain se mêle à un sens de l'humour assez personnel dans ces œuvres au ton neuf. Pourtant, après avoir abordé de nouveau les problèmes d'une adolescence inhibée dans Premier Amour, version infernale (Hatsukoi jigokuhen, 1968 ; scénario de Shuji Terayama), il déçoit beaucoup avec ses films suivants (Aido, 1969 ; ‘ la Chanson de la fée ’ [Yosei no uta], 1971) et se tourne ensuite vers la télévision, jusqu'en 1980. Il revient alors au cinéma avec Un conte d'Afrique (Afurika monogatari). Il partage ensuite ses activités entre la télévision et le documentaire cinéma : ‘ Prophétie ’ (Yôgen, MM, 1982), l'Histoire : l'ère de la folie nucléaire (Rekishi : kaku kyôran no jidai, 1983), tous deux sur le traumatisme atomique. Malgré une carrière inégale, Hani demeure une des figures clés du mouvement indépendant dans le cinéma japonais des années 60, auquel il a notamment révélé l'usage des nouvelles techniques « légères ».