Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ARTIFICES. (suite)

En extérieur, on peut soit procéder comme ci-dessus, soit (si la température s'y prête) se servir d'un canon à neige, où des pains de glace sont broyés en fines particules entraînées par une puissante ventilation.

D'autres systèmes utilisent la mousse d'extincteur projetée par un ventilateur.

Pour la neige déposée, les particules plastiques, légères, ne conviennent pas dans toutes les circonstances (vent, déplacement de véhicules, etc.). Pour créer l'illusion d'un tapis de neige, on leur préfère alors le sable blanc, le plâtre, le sel. Plus onéreuse, la mousse d'extincteur est réservée aux cas où la neige doit épouser certains contours. Pour les vêtements et les petits accessoires, on se sert de bombes givrantes pour sapins de Noël. Pour les gros volumes, on a recours au plâtre allégé et... à la peinture blanche. Dans tous les cas, l'effet peut être amélioré par addition de particules scintillantes (mica broyé, etc.).

La pluie est généralement créée par des lances à eau (souvent celles des pompiers) dirigées vers le haut afin que les jets retombent en pluie. Après avoir arrosé le sol, on dispose les lances en profondeur, aux limites du champ de la caméra, en privilégiant le premier plan. Il existe aussi un matériel spécialisé, composé de pommes d'arrosage montées sur de très hauts pieds métalliques.

En studio, on dispose au-dessus du décor un réseau de tubes qui évacuent l'eau par des arroseurs issus du matériel d'incendie. Pour la pluie vue à travers une fenêtre, on emploie un cadre de dimensions réglables : l'eau, issue d'un tube supérieur percé d'orifices, est recueillie par une gouttière qui permet un fonctionnement en circuit fermé.

Le vent est bien entendu créé par des ventilateurs, lesquels existent en toutes dimensions. Pour les effets de vents violents sur de larges surfaces, il n'est pas de meilleur effet que le survol de la scène par un hélicoptère.

Selon l'intensité désirée, les éclairs sont simulés soit par un projecteur muni d'un obturateur très rapide, soit par un arc électrique mis brièvement en court-circuit.

Les effets de cataclysmes, de tremblements de terre, de raz de marée sont généralement réalisés sur maquettes.

Les trucages d'accessoires et de décors.

Dans le domaine des armes blanches, la lame du poignard, montée sur ressort, rentre dans le manche dès l'impact avec le corps, protégé par un bouclier anatomique. On peut coupler le ressort avec un piston qui projette du sang factice, ou accrocher au bouclier une poche remplie de sang qui cède à la pression de la pointe. Les armes de grandes dimensions ont des lames télescopiques ; lorsque l'arme doit transpercer le corps, on fixe sous les vêtements, avant le tournage, sur une plaque métallique sanglée au corps, la réplique de la pointe qui est découverte ensuite par le mouvement de chute.

Pour les flèches et couteaux lancés, on fixe au point d'impact, sur un bouclier métallique revêtu d'une matière amortissante, un fil invisible, sur lequel on propulse, par élastique, soit une flèche faite d'un tube, soit un couteau évidé en son milieu. On peut aussi tourner le plan à l'envers ; le projectile, fiché dans un bloc de balsa ou de plastique dissimulé sous le vêtement, est vivement tiré en arrière par un fil invisible.

Le tir des armes à feu légères (pistolets, fusils, mitraillettes) s'effectue avec des cartouches à blanc. Pour écarter le danger présenté par la bourre de la cartouche, on soude un déchiqueteur à l'intérieur du canon. Il existe, dans la plupart des calibres, des cartouches en plastique suffisamment chargées pour faire fonctionner des armes automatiques.

Pour les armes à feu lourdes (canons, mortiers, etc.), on dispose une charge de poudre noire dans le canon, avec une mise à feu par détonateur électrique.

L'impact d'une balle sur un corps est facilement simulé par l'explosion d'un détonateur noyé dans une poche de sang factice, fixé à un bouclier anatomique dissimulé sous le vêtement. On utilise aussi des gélules contenant du sang factice et une pastille noire, projetées par un fusil pneumatique, la pastille qui vient se coller faisant illusion d'orifice.

Les impacts au sol ou sur décor font eux aussi appel aux détonateurs, enterrés et recouverts de poussières, noyés dans le plâtre d'un mur, dissimulés sous l'écorce d'un arbre.

Pour les rafales au sol, on préfère enterrer de longs tuyaux de plastique, percés d'orifices aux points d'impact et reliés à une bouteille d'air comprimé. La brusque décharge provoquée par l'ouverture de la bouteille projette la terre, mêlée de poussières et matériaux légers, donnant l'illusion parfaite d'une longue et puissante rafale.

Les impacts sur vitre, en particulier de voiture, se font en projetant, au fusil à air comprimé, des gélules contenant de la vaseline, de la poudre métallique et une pastille noire.

Les explosions de bombes, mines, obus, grenades sont de véritables explosions. L'astuce consiste à neutraliser l'effet destructeur pour ne conserver que l'effet spectaculaire. On prépare des cratères au fond desquels on dispose des sortes de marmites blindées contenant une charge de poudre noire, un flacon fragile de tétrachlorure de titane et un détonateur. Les cratères sont ensuite comblés avec des matières légères : poudre, liège, balsa, plâtre expansé, etc. Ce dispositif peut être complété par des poches en plastique remplies d'essence et de gazole, si l'on recherche un effet de bombe incendiaire.

Si les destructions d'édifices ont pour cause une explosion ou un bombardement, elles s'opèrent avec les dispositifs combinés explosion-fumée-feu. Les parties devant rester intactes sont construites en matériaux résistants ; les parties à détruire sont fabriquées à partir de matériaux légers et fragiles (tels le plâtre expansé ou le polystyrène expansé), et elles sont précassées là où elles doivent se briser.

Si elles sont dues à d'autres causes (heurts avec un véhicule, secousses sismiques, etc.), les parties devant s'effondrer sont construites (toujours en matériaux légers) en équilibre précaire, et elles sont soit maintenues par des électroaimants qu'on cesse d'alimenter le moment venu, soit repoussées par de très faibles charges explosives.