Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LAMPRECHT (Gerhardt)

cinéaste allemand (Berlin 1897 - id. 1974).

Scénariste et metteur en scène dès les années 20, Lamprecht signe une vingtaine de films pendant l'époque du muet sans pourtant jamais se hisser au niveau des grands cinéastes de son pays. En 1931, Entre le jour et la nuit (Zwischen Nacht und Morgen), puis Emil et les détectives (Emil und die Detektive d'après Erich Kästner) semblent enfin pouvoir l'imposer, de même qu'un peu plus tard Turandot (Prinzessin Turandot, 1934) ou Madame Bovary (id., 1937) avec Pola Negri ; mais il restera malgré tout un artisan méticuleux, bon adaptateur de romans (le Joueur [Der Spieler], (1938), avec, dans la VF , Viviane Romance et Pierre Blanchar), sans vision personnelle du monde. Son véritable titre de gloire est d'avoir fondé la Cinémathèque (Deutsche Kinemathek) de Berlin et d'avoir publié, chercheur patient et précis, la filmographie recouvrant l'histoire du cinéma muet allemand (Deutsche Stummfilme 1903-1931).

Autres films :

Es bleibt in der Familie (1920) ; Die Buddenbrooks (1923) ; Die Verrufenen (1925) ; les Illégitimes (Die Unehelichen, 1926) ; Der alte Fritz (1928) ; Unter der Laterne (1928) ; Barcarole (1935) ; Quelque part à Berlin (Irgendwo in Berlin, 1946) ; Menschen im Werk (CM, 1957).

LANCASTER (Burton Stephen Lancaster, dit Burt)

acteur américain (New York, N. Y., 1913 - Century City, Ca., 1994).

Sa biographie est encore encombrée de légendes qui rendent obscurs ses débuts. Né dans un quartier pauvre proche de Harlem, athlète renommé dès le collège, il abandonne ses études pour former un duo d'acrobates de cirque avec son ami d'enfance, Nick Cravat. L'argent manquant, il devient voyageur de commerce, fait la guerre en Afrique du Nord et en Italie et débute au théâtre à Broadway le temps d'être remarqué par les Talents Scouts (1945). Vedette d'Hollywood l'année suivante dès son premier film (les Tueurs, d'après un court récit d'Hemingway), il s'impose par sa stature et le contraste qu'elle présente avec un sourire éclatant et juvénile, qui peut paraître innocent. Aussi joue-t-il pendant plusieurs années les victimes du destin, forçats par erreur, aventuriers persécutés, non sans y apporter un masochisme qui étonne (les Démons de la liberté ; la Corde de sable). Sans être sommaire, son jeu demeure assez limité : il s'évade bientôt de ces limites par des compositions de plus en plus extraverties, sortes de « tours de force » qui rappellent son goût pour les acrobaties, soit directement (dans des films d'aventures), soit par la caractérisation prêtée à des personnages inquiétants, troubles, à la limite de la psychopathie (Elmer Gantry). Il passe des rôles sympathiques (l'Indien révolté de Bronco Apache) à des emplois de journaliste peu scrupuleux (le Grand Chantage), ou de général fasciste (Sept Jours en mai) en déployant une conscience grandissante de ses moyens (dans Vera Cruz, il dame même le pion à Gary Cooper). Son exubérance et son allure naturellement « lyrique » sont mal à l'aise dans les productions réalistes, et son unique essai de mise en scène est un western anodin (The Kentuckian, 1955). Ayant reçu l'appui de Harold Hecht, son agent, pour se lancer dans la production dès 1947 (Hecht-Lancaster Company, qui deviendra plus tard la Hecht-James Hill-Lancaster Company et produira, entre autres films, Marty de Delbert Mann en 1955), Burt Lancaster, après l'Oscar d'Elmer Gantry (1960), film dans lequel il joue avec une superbe faconde le rôle-titre, celui d'un ex-représentant de commerce devenu prédicateur charlatan, peut s'estimer un homme comblé. C'est alors qu'il rencontre celui qui va assurer un nouveau tournant glorieux à cette carrière d'indépendance totale, et qui n'a connu que peu d'échecs. Luchino Visconti a l'idée de l'engager pour interpréter le prince Fabrizio dans le Guépard, provoquant l'ironie facile de la presse. Or, non seulement Lancaster dépouille ce que sa force contenait encore de vulgarité, mais il prête à son aristocrate un humour patricien et un détachement subtil qui prouvent une métamorphose de l'acteur. Sa « présence » est désormais de l'ordre du classicisme : son jeu intériorisé lui permet, l'âge venant, de porter le poids de rôles complexes, voire celui de tout un film (Violence et Passion de Visconti) ; l'Italie lui sied bien puisque, avec Bertolucci, il compose dans 1900 une vigoureuse figure de propriétaire terrien à l'époque du fascisme. Interprétant Moïse dans un médiocre téléfilm anglo-italien, il parvient à faire presque oublier Charlton Heston dans le film de De Mille. Quelques erreurs dans le choix de ses tout derniers rôles n'entament pas cette installation dans le « monumental », qui culmine avec le général mégalomane du film d'Aldrich (l'Ultimatum des trois mercenaires). En marge de ses activités cinématographiques, Burt Lancaster a été, dans les années 60, l'un des « libéraux » les plus en vue et les plus résolus d'Hollywood.

Films  :

les Tueurs (R. Siodmak, 1946) ; Hollywood en folie (G. Marshall, 1947, caméo) ; les Démons de la liberté (J. Dassin, id.) ; la Furie du désert (Desert Fury, L. Allen, id.) ; l'Homme aux abois (B. Haskin, id.) ; Ils étaient tous mes fils (All My Sons, I. Reis, 1948) ; Raccrochez, c'est une erreur (A. Litvak, id.) ; les Amants traqués (N. Foster, id.) ; Pour toi, j'ai tué (R. Siodmak, 1949) ; la Corde de sable (W. Dieterle, id.) ; la Flèche et le Flambeau (J. Tourneur, 1950) ; la Bonne Combine (E. Goulding, id.) ; la Vallée de la vengeance (Vengeance Valley, R. Thorpe, 1951) ; le Chevalier du stade (M. Curtiz, id.) ; Ten Tall Men (Willis Goldbeck, id.) ; le Corsaire rouge (R. Siodmak, 1952) ; Reviens, petite Sheba (Daniel Mann, id.) ; le Bagarreur du Pacifique (South Sea Woman, A. Lubin, 1953) ; Tant qu'il y aura des hommes (F. Zinnemann, id.) ; le Roi des îles (B. Haskin, 1954) ; Bronco Apache (R. Aldrich, id.) ; Vera Cruz (id., id.) ; l'Homme du Kentucky (The Kentuckian, B. Lancaster, 1955) ; la Rose tatouée (Daniel Mann, id.) ; Trapeze (C. Reed, 1956) ; le Faiseur de pluie (J. Anthony, id.) ; Règlements de compte à O. K. Corral (J. Sturges, 1957) ; le Grand Chantage (A. Mackendrick, id.) ; l'Odyssée du sous-marin Nerka (R. Wise, 1958) ; Tables séparées (Delbert Mann, id.) ; Au fil de l'épée (G. Hamilton, 1959) ; le Vent de la plaine (J. Huston, 1960) ; Elmer Gantry, le charlatan (R. Brooks, id.) ; le Temps du châtiment (J. Frankenheimer, 1961) ; Jugement à Nuremberg (S. Kramer, id.) ; le Prisonnier d'Alcatraz (J. Frankenheimer, 1962) ; A Child Is Waiting (J. Cassavetes, 1963) ; le Dernier de la liste (J. Huston, id.) ; le Guépard (L. Visconti, id.) ; Sept Jours en mai (J. Frankenheimer, 1964) ; le Train (id., id.) ; Sur la piste de la grande caravane (J. Sturges, 1965) ; les Professionnels (R. Brooks, 1966) ; les Chasseurs de scalps (S. Pollack, 1968) ; The Swimmer (F. Perry, id.) ; Un château en enfer (S. Pollack, 1969) ; Les parachutistes arrivent (J. Frankenheimer, id.) ; King (DOC, 1970) ; Airport (G. Seaton, id.) ; l'Homme de la loi (M. Winner, 1971) ; Valdez (Valdez Is Coming, Edwin Sherin, id.) ; Fureur apache (R. Aldrich, 1972) ; Scorpio (M. Winner, 1973) ; Executive Action (David Miller, id.) ; Le flic se rebiffe (The Midnight Man, B. Lancaster, CO : Roland Kibbee, 1974) ; Violence et Passion (L. Visconti, ITAL-FR, 1975) ; Moïse (G. De Bosio, ITAL-GB, 1976, TV) ; 1900 (B. Bertolucci, ITAL, id.) ; Buffalo Bill et les Indiens (R. Altman, id.) ; le Pont de Cassandra (The Cassandra Crossing, G. Pan Cosmatos, 1977) ; l'Ultimatum des trois mercenaires (R. Aldrich, id.) ; l'Île du docteur Moreau (The Island of Dr. Moreau, Don Taylor, id.) ; Victoire à Entebbe (Victory of Entebbe, M. Chomsky, id., TV) ; le Merdier (Go Tell the Spartans, T. Post, 1978) ; Arthur Miller on Home Ground (Harry Rasky, 1979) ; l'Ultime Attaque (Zulu Dawn, Douglas Hickox, id.) ; Atlantic City (L. Malle, id.) ; Cattle Annie and Little Britches (Lamont Johnson, 1981) ; la Peau (L. Cavani, id.) ; Local Hero (Bill Forsyth, 1983) ; Osterman Weekend (Sam Peckinpah, id.). ; Little Treasure (Alan Sharp, 1984) ; Coup double (Tough Guys, Jeff Kanew, 1986) ; Il giorno prima (G. Montaldo, 1987) ; la Boutique de l'orfèvre (The Jeweller's Shop, M. Anderson, ITAL.-FR.-CAN., 1988), Rocket Gibraltar (Daniel Petrie, id.) ; Field of Dreams (Phil Alden Robinson, 1989).