Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MUNI (Muni Weisenfreund, dit Paul) (suite)

Autres films :

Le monde change (The World Changes, M. LeRoy, 1933) ; Dr. Socrates (W. Dieterle, 1935) ; The Woman I Love (A. Litvak, 1937) ; Hudson's Bay (I. Pichel, 1941) ; le Cabaret des étoiles (F. Borzage, 1943) ; Contre-attaque (Z. Korda, 1945) ; l'Évadé de l'enfer (Angel on My Shoulder, A. Mayo, 1946). ▲

MUNK (Andrzej)

cinéaste polonais (Cracovie 1921 - Lowicz 1961).

Après des études de droit et d'architecture, il entre à l'Institut du cinéma de Łódź où il obtient en 1950 son diplôme d'opérateur et de metteur en scène. Pendant cinq ans, il tourne des documentaires parmi lesquels : la Science plus près de la vie (Nauka blizej zycia, 1951), Direction Nowa Huta (Kierunek Nowa Huta, id.), le Poème symphonique Bajka de St. Moniuszko — Concert dans le club de l'usine Ursus (Poemat symfoniczny Bajka St. Moniuszki — Koncert w klubie fabrycznym zakladow Ursus, 1952), Souvenirs de paysans (Pamietniki ch'lopow, id.), Parole de cheminot (Kolejarskie slowo, 1953), Les étoiles doivent briller (Gwiazdy musza plonac, MM, CO : Witold Lesiewicz, 1954), Un dimanche matin (Niedzielny poranek, 1955), les Hommes de la croix bleue (Błekitny hrzyz, MM, id.). Il aborde le film de fiction en 1956 avec Un homme sur la voie (Czlowick na torze), où on le voit prendre position contre le schématisme et le formalisme idéologiques, position courageuse et innovatrice dans un pays qui n'a pas encore chassé tous les démons du stalinisme. Munk apparaît bientôt avec Wajda, Kawalerowicz, Has, Kutz et un peu plus tard Konwicki comme l'un des leaders de la nouvelle génération de cinéastes polonais, encore traumatisés par les stigmates de la guerre mais œuvrant pour une nouvelle objectivité plus attentive aux problèmes des individus qu'à celui des slogans manichéens. Sa démarche est sous-tendue par une volonté de démystification de la société, de la doctrine, de l'engagement et même de la pensée, bref de tout ce qui risque de donner l'avantage à ce qui socialement parlant paraît le plus noble ou le plus utile aux dépens de ce qui humainement demeure le plus proche de la vérité. Dans cette quête des rapports exacts entre un individu et un fait, Munk est passé par trois étapes : refus du « sens unique » dans Un homme sur la voie, destruction de l'héroïsme par l'ironie et nouvel examen des réalités par la satire : le premier épisode (Scherzo alla pollacca) d'Eroïca [id., 1958] et De la veine à revendre (Zezowate szcz¸eście, 1960), enfin réflexion sur l'ambiguïté de la conscience collective ou individuelle : le second épisode d'Eroïca (Ostinato lugubre) et la Passagère (Pasażerka, 1963).

Les films de Munk ont une structure fragmentée, faisant appel à la fois à la sincérité brutale du documentaire (le cinéaste signera entre Eroïca et la Passagère un ultime documentaire : Promenade dans la vieille ville [Spacerek staromiejski], 1958) et à une réflexion passionnée, inquiète, voire sceptique, qui, pour s'exprimer, emploie les armes de l'absurde ou du burlesque, mais cherche avant tout à retrouver trace d'un nouvel humanisme socialiste, débarrassé de ses mensonges et de ses faux-semblants.

Alors qu'il tourne la Passagère, Munk est victime d'un accident de la route. Le film sera achevé par Witold Lesiewicz. Sa disparition laissa un grand vide dans le cinéma polonais. ▲

MURAT (Jean)

acteur français (Périgueux 1888 - Aix-en-Provence 1968).

Il apparaît dans le muet, vers 1923, et on lui confie alors des rôles antipathiques (la Galerie des monstres, Jaque-Catelain, 1924 ; Carmen, J. Feyder, 1926 ; la Proie du vent, R. Clair, 1927). Le parlant le place d'emblée en vedette (La nuit est à nous, C. Frœlich et H. Roussell, 1930). D'allure sportive et élégante, il excelle dans les rôles de séducteur aimable (le Capitaine Craddock, Hanns Schwartz et Max de Vaucorbeil, 1931 ; Dactylo, W. Thiele, id. ; Paris-Méditerranée, J. May, 1932). Conquérant séduisant de la Kermesse héroïque (J. Feyder, 1935), il incarne ensuite le Capitaine Benoît (Maurice de Canonge, 1939), héros d'histoires d'espionnage. À partir de 1940, vieillissant, ses rôles s'effacent, mis à part sa création dans l'Éternel Retour (J. Delannoy, 1943). Il fut l'époux d'Annabella.

MURATA (Minoru)

cinéaste japonais (Tokyo 1894 - id. 1937).

S'intéressant très tôt au théâtre moderne, il crée une revue de théâtre dès l'âge de dix-neuf ans, puis une petite troupe dont il devient metteur en scène et comédien. Appelé par le cinéaste Kaeriyama, il joue dans trois films donnés comme exemples de Cinéma du théâtre pur. À la suite de cette expérience, il entre à la Cie Shochiku en 1920, l'année même de sa création. Il tourne sa première production ' Âmes sur la route ' (Rojo no reikon, 1921) en collaboration avec le dramaturge Kaoru Osanai, et, par son nouveau réalisme, le film demeure une date dans l'histoire du cinéma japonais. Passé ensuite à la Nikkatsu, il y réalise plus d'une trentaine de films, dont la comédie ‘ la Femme de Seisaku ’ (Seisaku no tsuma, 1924), qui le confirme comme l'un des meilleurs cinéastes de cette époque. En 1925, il part pour l'Europe avec un de ses films le Magicien du bourg (Machi no tejinashi), puis, de retour au Japon, quitte la Nikkatsu en 1932 pour fonder une société de production indépendante avec Daisuke Ito et Tomu Uchida. Cette société ayant périclité, il entre à la Cie Shinko-Kinema, et édite une revue de recherches cinématographiques, en association avec le réalisateur Ushiwara.

MURCH (Walter)

ingénieur du son, scénariste et cinéaste américain (1943).

Collaborateur attitré de George Lucas et Francis F. Coppola, Walter Murch figure parmi les ingénieurs du son les plus inventifs des années 70-80. Son travail sur Conversation secrète (F. F. Coppola, 1974), « puzzle » auditif dont la forme et le sens évoluaient sans relâche au fil de l'action, a fait date. Les ambiances sonores d'Apocalypse Now (Coppola, 1979), enchevêtrement dense et précis de sons naturels, tirs, explosions, musiques « planantes », dialogues et commentaires, orchestrés en une multitude de plans jouèrent également un rôle clé dans le succès de cette fresque guerrière lyrique et visionnaire.