Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SMITH (sir C. Aubrey)

acteur britannique (Londres 1863 - Beverly Hills, Ca., 1948).

Il apparaît à l'écran en 1915. Grand, les moustaches en croc, beaucoup de prestance, il semble fait pour jouer les aristocrates, les colons, les majors de l'armée des Indes, les présidents de clubs de cricket, les gentlemen huppés, le duc de Wellington (le personnage lui échoit deux fois, dans les Rothschild d'Alfred L. Werker en 1934 et dans Sixty Glorious Years d'Herbert Wilcox quatre ans plus tard), le prince Kortchaguine (Resurrection, R. Mamoulian, 1934), le colonel Zapt (le Prisonnier de Zenda, J. Cromwell, 1937), le colonel Julyan (Rebecca, A. Hitchcock, 1940), Lord Kelvin (Madame Curie,M. LeRoy, 1943), Lord Caversham (Un mari idéal [An Ideal Husband], A. Korda, 1947) ou le Mr. Lawrence des Quatre Filles du docteur March (LeRoy, 1949). Mais ses sourcils saillants et son imperturbable noblesse ont su également séduire Lubitsch (Haute Pègre, 1932), Van Dyke (Tarzan, l'homme singe, id.), Borzage (Secrets, 1933), De Mille (Cléopâtre, 1934), Charell (Caravane, id.), von Sternberg (l'Impératrice rouge, id.), Hathaway (les Trois Lanciers du Bengale, 1935), Garnett (la Malle de Singapour, id.), Cukor (Roméo et Juliette, 1936), King (le Pacte, id.), Ford (The Hurricane, 1937 ; Quatre Hommes et une prière, 1938), Zoltan Korda (les Quatre Plumes blanches, 1939), Fleming (Dr. Jekyll et Mr. Hyde, 1941), René Clair (Dix Petits Indiens, 1945). Un des fleurons des acteurs dit secondaires dont la présence rehaussait toujours la qualité du film.

SMITH (George Albert)

inventeur et cinéaste britannique (Brighton 1864 - id. 1959).

Ancien photographe de plage, spécialisé dans le portrait, son nom est associé à celui de James Williamson pour désigner les représentants de l'école de Brighton, célèbre pour la découverte des rudiments du langage cinématographique. George Albert Smith construit lui-même sa caméra en 1896 et réalise de petits films d'une grande perfection formelle : Vagues et Embruns (Waves and Spray, 1898), Cendrillon (Cinderella, id.), Faust et Méphisto (Faust and Mephistopheles, id.), etc. Il inaugure le procédé de surimpression dans les Frères corses (The Corsican Brothers, 1897) et dans Photographie d'un fantôme (Photographing a Ghost, 1898). En 1900, il s'associe à Charles Urban pour fonder la Warwick Trading Co et il construit ses studios à St. Anne's Well Garden, un quartier de Brighton. Il invente l'usage narratif du gros plan dans la Loupe de grand-mère (Grandma's Reading Glass, 1900) et dans le Petit Docteur (The Little Doctor and the Sick Kitten, 1901). Il fait usage de nombreux trucages dans les genres les plus variés comme la comédie macabre (les Mésaventures de Marie-Jeanne [Mary Jane's Mishap], 1903), le film fantastique (le Rêve de Dorothée [Dorothy's Dream], id.) ou le mélodrame (le Petit Témoin [The Little Witness], id.). Mais ce pionnier de l'industrie cinématographique anglaise, équivalent de Méliès en France, est surtout célèbre pour avoir inventé un procédé d'enregistrement direct en bichromie, breveté en 1906 sous le nom de Kinemacolor (Natural Colour Portraiture, 1909 ; Kinemacolor Puzzle, id.).

SMITH (Harry)

peintre et cinéaste expérimental américain (Portland, Oreg., 1923 - New York, N. Y., 1991).

Sa mère avait connu le magicien Crowley et son père l'initie très tôt à l'alchimie : d'où, sans doute, le goût de cet original pour les significations occultes et l'idée de Grand Œuvre. Parallèlement à des études d'anthropologie aux universités de l'État de Washington et de Californie, il peint sur toile et sur pellicule. Il fait ainsi, avec l'aide de diverses drogues, des films abstraits en couleurs, sans caméra (Nos 1, 2, 3), entre 1939 et 1946, puis avec caméra (Nos 4, 5, 6, 7), en 1950-51. Installé à New York, il abandonne l'abstraction pour l'animation de figures découpées dans de vieux livres ou des catalogues, à la façon de Max Ernst. Les Nos 10 et 11 présentent « le bouddhisme et la kabbale en forme de collage » et en couleurs somptueuses. Le No 12, également appelé Heaven and Earth Magic, avec une allure très Méliès, raconte un voyage initiatique et halluciné. Le No 13 devait adapter The Wizard of Oz, mais est interrompu en 1962. Harry Smith passe alors à la prise de vues réelle avec les surimpressions de Late Superimpositions (1964-65), préfiguration d'un Mahagonny d'après Brecht et Weill, commencé en 1969 et en voie d'achèvement permanente.

SMITH (Jack)

acteur et cinéaste américain (Columbus, Ohio, 1932 - New York 1989).

Il étudie la danse avec Ruth St. Denis et la pratique théâtrale avec Lee Strasberg. Il écrit et met en scène un grand nombre de pièces dont Rehearsal for the Destruction of Atlantis (1965). Personnalité marquante de l'avant-garde new-yorkaise, la notoriété de Jack Smith provient surtout d'un film : Flaming Creatures (1963), une œuvre baroque et expressionniste qui montre sans hypocrisie, mais de manière stylisée et parodique, le comportement et les fantasmes sexuels des membres d'un certain milieu artistique proche de l'auteur. Flaming Creatures est un psychodrame panthéiste, dionysiaque et, somme toute, assez innocent, encore que Jonas Mekas soit arrêté en 1964 après avoir présenté le film en public. Cet épisode marque une étape importante dans la lutte contre la censure américaine. Peu soucieux de promotion personnelle, Jack Smith fait ses premiers essais de mise en scène dès son arrivée à New York avec Buzzards Over Bagdad (1951-1956) qui, comme la plupart de ses autres films (Scotch Tape, 1961 ; Normal Love, 1963 ; In the Grip of the Lobster, 1966 ; No President, 1968 ; Taboo of Farblonjet, 1969), demeure inachevé. Jack Smith joue dans les bandes des principaux cinéastes underground : Ken Jacobs (Blonde Cobra, 1959-1962), Ron Rice (Chumlum, 1963-64), Andy Warhol (Batman Dracula, 1964), Gregory Markopoulos (The Illiac Passion, 1967).

SMITH (Maggie)

actrice britannique (Ilford 1934).

Après des études de théâtre à Oxford, elle débute à Londres en 1952 puis à Broadway en 1956. C'est au théâtre qu'elle doit surtout sa réputation d'actrice exceptionnelle, mais ses apparitions à l'écran ont toujours été remarquées. Inoubliable Desdémone auprès de Laurence Olivier sur scène et au cinéma (Othello, S. Burgess, 1965), elle est surtout connue pour son extraordinaire performance de jeune professeur d'avant-garde dans les Belles Années de miss Brodie (R. Neame, 1969), qui lui vaut un Oscar. Auparavant, elle avait tenu des rôles plus modestes dans Nowhere to Go (Seth Holt, 1958), Tout feu, tout flamme (M. Truman, 1962), Hôtel international (A. Asquith, 1963), le Mangeur de citrouille (J. Clayton, 1964), le Jeune Cassidy (J. Cardiff, 1965), Guêpier pour trois abeilles (J. L. Mankiewicz, 1967), Hot Millions (Eric Till, 1968). Après avoir interprété le rôle d'une vedette de music-hall dans Ah ! Dieu que la guerre est jolie (R. Attenborough, 1969) et celui d'une voyageuse maniérée dans Love and Pain and the Whole Damn Thing (A. Pakula, 1973), elle joue avec brio l'excentrique tante Augusta dans Voyages avec ma tante (G. Cukor, 1972). Femme peintre pleine de perversité dans Quartet (J. Ivory, 1981), elle est au rendez-vous de deux enquêtes d'Hercule Poirot (Mort sur le Nil, J. Guillemin, 1978 ; Meurtre au soleil, G. Hamilton, 1981). Elle confirme son réel talent dans Porc royal (A Private Function, Malcolm Mowbray, 1985), Chambre avec vue (J. Ivory, id.) et surtout dans The Lonely Passion of Judith Hearne (J. Clayton, 1987). En 1991 elle est au générique du film de Spielberg Hook, tourne en 1993 Jardin secret d'Agnieszka Holland et en 1996 la Nuit des rois (Twelfth Night, Trevor Nunn).