Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PAOLELLA (Domenico)

cinéaste italien (Foggia 1915).

Après des études de droit, il dirige entre 1935 et 1937 trois courts métrages expérimentaux et publie un livre sur ses recherches. Il travaille ensuite comme assistant réalisateur et scénariste et signe de nombreux documentaires. Il débute dans le long métrage avec Gli ultimi della strada (1941), un drame réaliste sur les quartiers pauvres de Naples. Après la guerre, il se dédie au documentarisme social et dirige les actualités cinématographiques Incom. Depuis 1951, il a tourné plus de quarante films abordant tous les genres populaires (comédies à chansons, films d'aventures, films néomythologiques), révélant un talent pour le moins éclectique et une excellente habileté. Parmi ses meilleurs films : Un ladro in paradiso (1952), Canzoni di mezzo secolo (id.), Destinazione Piovarolo (1955), Il coraggio (id.), la Terreur des mers (Il terrore dei mari, 1961), le Secret de l'épervier noir (Il segreto dello sparviero nero, id.), Ursus le Rebelle (Ursus gladiatore ribelle, 1963), Hercule contre les tyrans de Babylone (Ercole contro i tiranni di Babilonia, 1966 [ 1964]), Exécution (1968), Storia di una monaca di clausura (1973), La polizia è sconfitta (1977), Belli e brutti ridono tutti (1979).

PAPAS (Irène Lelekou, dite Irène)

actrice grecque (Chilomodion 1926).

D'abord chanteuse et danseuse, il n'a pas fallu longtemps à Irène Papas, grâce à son superbe physique de tragédienne, pour faire une authentique carrière d'actrice. Elle débute dans son pays en 1950, mais, depuis, on l'a vue aux États-Unis, en France, en Italie ou en Angleterre, même dans un western comme la Loi de la prairie (Robert Wise, 1956). Pour Michael Cacoyannis, elle fut Électre (1961), Hélène dans les Troyennes (1971), Clytemnestre dans Iphigénie (1977). Mais elle a aussi été remarquable en bourgeoise sicilienne (À chacun son dû, E. Petri, 1967), en grande dame décadente (La bambina, A. Lattuada, 1974), en femme de peine paysanne (Eboli, F. Rosi, 1979), en épouse taciturne et douloureuse (Z, Costa-Gavras, 1969), en ogresse quelque peu folklorique (Erendira, R. Guerra, 1983). Elle apparaît ensuite dans Chronique d'une mort annoncée (F. Rosi, 1986), Island (Paul Cox, 1989), le Banquet (M. Ferreri, id.) et Sens dessus dessous (Cacoyannis, 1993) et Capitaine Corelli (John Madden, 2001). Elle a retrouvé un rôle à sa mesure dans deux films de Manoel de Oliveira (Party, 1996 et Inquiétude, 1998).

Parallèlement, elle a mené une riche carrière internationale au théâtre et à la télévision.

PAPATAKIS (Nico)

cinéaste français d'origine grecque (Addis-Abeba, Éthiopie, 1918).

Établi très jeune à Paris, il y dirige le cabaret rive-gauche la Rose rouge, avant de faire ses débuts comme metteur en scène en 1963. La sortie de son premier film, les Abysses, histoire authentique de deux bonnes (il s'agit de l'affaire des sœurs Papin, dont s'inspira d'abord Jean Genet pour écrire les Bonnes) qui massacrent leurs patrons, provoque de profonds remous à une époque où la violence à l'écran obéit encore à une codification précise. L'œuvre suivante, les Pâtres du désordre (1968), ne révèle qu'une Grèce artificielle. Gloria Mundi (1975), qui aborde le thème délicat de la torture, soulève des polémiques par son parti pris outrancier. En 1987, il réalise la Photo (I Photographia) et en 1991 les Équilibristes.

PARADJANOV (Serguei) [Sergej Iosifovič Paradžanov]

cinéaste soviétique (Tbilissi 1924 - Erevan 1990).

D'origine arménienne (Sarkis Paradjanian), il est né et vit en Géorgie. Études au conservatoire de Tbilissi (1942-1945). Diplômé de la section de réalisation du VGIK de Moscou, en 1951, dans la classe d'Igor Savtchenko, il participe comme étudiant au tournage des deux derniers films de ce cinéaste, le Troisième Coup et Taras Chevtchenko (il aura la responsabilité de la finition du second après la mort prématurée de Savtchenko). Il sera ensuite assistant de Vladimir Braun pour Maximka au studio de Kiev, où il tournera la plupart de ses propres films.

En 1954, il débute avec une adaptation d'un ouvrage du poète moldave Emelian Boukov, Andriech (Andrieš, CO  Yakov Bazelian), un essai « sur le travail et le courage des gens, sur la beauté de l'effort humain », où se manifeste une certaine influence de la poétique de Dovjenko. Suivent quelques courts métrages sur les arts populaires ukrainiens, puis trois longs métrages qui n'ont pas fait date et semblent n'avoir été que des besognes de commande : le Premier Gars (Pervij paren, 1958), sur la jeunesse campagnarde, Rhapsodie ukrainienne (Ukrajnskaja rapsodija, 1961), portrait d'une simple paysanne qui devient une cantatrice de réputation mondiale, et Une fleur sur la pierre (Cvetok na kamne, 1962), sur la vie quotidienne dans une petite ville minière.

Puis c'est la révélation et le triomphe international des Chevaux de feu / les Ombres des ancêtres oubliés (Teni zabytyh predkov, 1965), adaptation d'un récit du grand écrivain ukrainien Mikhaïl Kotsioubinski dont Paradjanov écrit : « Je suis tombé amoureux de sa pure et cristalline sensation de la nature, de la beauté, de l'harmonie, de l'illimité. » Le document est transfiguré par une vibrante poésie due au superbe traitement de la couleur par l'excellent opérateur Youri Ilienko et au lyrisme tumultueux de la mise en scène ; c'est une sorte de « Roméo et Juliette » paysan situé au début du siècle dans une communauté montagnarde en proie à la superstition et à la violence.

Paradjanov reçoit ensuite (1968) l'offre des studios arméniens de réaliser un film sur un thème local : ce sera Sayat Nova, du nom d'un grand poète arménien du XVIIIe siècle, dont le film exalte la vie et l'œuvre dans des images d'une somptuosité plastique et d'un raffinement pictural extraordinaires : une suite de « tableaux » réalistes et allégoriques, évoquant à la fois la préciosité des icônes et l'onirisme surréaliste, y compose un poème visuel d'une spiritualité et d'une inventivité sans pareilles. Mais le film est très mal reçu par les autorités et, devant leurs réticences à le diffuser, le réalisateur demande à Youtkevitch de l'aider, selon ses propres termes, à lui donner « un aspect logique et rationnel » : c'est cette nouvelle version, raccourcie et remontée, qui sera finalement distribuée, très discrètement, sous le titre Couleur de la grenade (Cvet granata, 1971), mais non exportée.