Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SHEPARD (Gil Ivy, dit Sam) (suite)

Personnage éclectique, aux multiples talents (on le retrouve batteur du groupe Acid Rock), il écrit aussi des scénarios : Me and My Brother (R. Frank, 1969), Zabriskie Point (M. Antonioni, 1970), Paris, Texas (W. Wenders, 1984), Far North (1988, qu'il réalise lui-même). Le passage du théâtre au cinéma s'imposait presque, ses pièces étant déjà conçues de manière très cinématographique et interrogeant les grands mythes américains (l'Ouest, l'errance, les mythologies masculines...). Les échos entre son œuvre théâtrale et ses scénarios sont constants : Paris, Texas, par exemple, reprend, dans le cadre d'une errance, le sujet de sa pièce True West (l'Ouest, le vrai, 1980) : le contraste entre deux frères aux choix de vie opposés. Il mène de front une remarquable carrière d'acteur. Son physique séduisant et classique lui permet d'aborder tous les genres : agriculteur de l'Amérique profonde dans les Moissons du ciel (T. Malick, 1978) et dans les Moissons de la colère (Country, R. Pearce, 1984), où il incarne un fermier écrasé par l'adversité, sombrant dans l'alcoolisme ; ou pilote d'essai hors pair, sorte de Garry Cooper de l'ère cosmique, dans l'Étoffe des héros (P. Kaufman, 1983). Il joue également dans Renaldo et Clara (id., Bob Dylan, 1978), Résurrection (id., Daniel Petrie, 1980), l'Homme dans l'ombre (Raggedy Man, Jack Fisk, 1981), Frances (id., Graeme Clifford, 1983) aux côtés de Jessica Lange (comme dans Country), son épouse dans la vie, Fool for Love (R. Altman, 1985), adapté d'une de ses pièces, Crimes du cœur (Crimes of the Heart, Bruce Beresford, 1986), Baby Boom (Charles Shyer, 1987), The Ballad of the Sad Cafe (Simon Callow, 1991), The Voyager (V. Schlöndorff, id.), l'Affaire Pélican (A. J. Pakula, 1993). Il doit sa popularité à une activité prolifique et variée, associée à un charisme physique — visage taciturne du héros westernien aux yeux clairs, silhouette longiligne — qui l'inscrit dans la tradition hollywoodienne classique.

SHEPHERD (Cybill)

actrice américaine (Memphis, Tenn., 1950).

Grande, blonde aux yeux bleus, d'une réserve qui n'est souvent qu'apparente, Cybill Shepherd aurait pu être une héroïne d'Hitchcock. Mannequin à New York, elle est remarquée par le cinéaste Peter Bogdanovich, qui lui donne un rôle important dans la plupart de ses films. Comédienne adroite, elle incarne avec finesse, dès la Dernière Séance (P. Bogdanovich, 1971), une jeune fille de bonne famille, velléitaire, finalement absorbée par un milieu social qu'elle veut fuir. C'est à peu près le même rôle qu'elle tient dans Daisy Miller (id., 1974) et dans Taxi Driver (M. Scorsese, 1976). Mais Bogdanovich prouve dans Enfin, l'amour (1975) qu'elle n'a pas l'étoffe d'une actrice de comédie musicale. Plus dans ses cordes est le personnage de jeune délurée qu'elle joue dans Une femme disparaît (A. Page, 1979), remake assez terne du film de Hitchcock. Sans Bogdanovich (Texasville, 1990), il semble que sa carrière stagne quelque peu (Le ciel s'est trompé, Emile Ardolino, 1989).

SHERIDAN (Clara Lou, dite Ann)

actrice américaine (Denton, Tex., 1915 - Los Angeles, Ca., 1967).

Reine de beauté en 1933, puis figurante à la Paramount, elle joue de petits rôles dans plus de 20 films en moins de deux ans. Sa vraie carrière commence réellement en 1936, à la Warner, où elle est lancée comme la « Oomph Girl », et devient une des stars les plus représentatives de son temps. Jolie rousse pulpeuse et comédienne habile qui lance lestement la réplique, Ann Sheridan est une sorte de cousine germaine de Rita Hayworth, en plus incisif et moqueur. Elle est la partenaire parfaite pour James Cagney (les Anges aux figures sales, M. Curtiz, 1938 ; Ville conquise, A. Litvak, 1940), Humphrey Bogart (Une femme dangereuse, R. Walsh, id.) ou John Garfield (Je suis un criminel, B. Berkeley, 1939). Son talent très diversifié lui permet d'aborder tous les genres : elle passe sans difficulté du sombre mélodrame (Crime sans châtiment, S. Wood, 1942) à la comédie légère de Hawks (Allez coucher ailleurs, 1949) face à Cary Grant. La maturité lui donne un charme supplémentaire. Dans deux bons mélodrames policiers de Vincent Sherman où tout lui est subordonné, l'Infidèle (1947) et l'Amant sans visage (id.), elle donne un bref instant l'impression de pouvoir concurrencer Bette Davis ou Joan Crawford sur leur propre terrain. Mais, dès 1948, elle n'est plus que la remarquable partenaire d'Errol Flynn (Rivière d'argent, Walsh). Peu à peu sa carrière décline : on la voit encore en vedette dans de bons films de série (Dans l'ombre de San Francisco, N. Foster, 1950) ou en second rôle dans des productions plus prestigieuses (Sexe faible, D. Miller, 1956). Elle meurt d'un cancer alors que la télévision programme une série dont elle est la vedette.

SHERIDAN (Jim)

cinéaste irlandais (Dublin 1949).

Jim Sheridan affiche une approche directe et émotionnelle de ses sujets qui renvoie à l'humanisme d'un John Ford. Remarquable directeur d'acteurs, à l'aise aussi bien dans les espaces clos (My Left Foot, id., 1989 ; Au nom du père [In the name of the Father], 1993) que dans une nature qu'il sait rendre poignante (The Field [id.], 1990), Jim Sheridan est un excellent conteur, capable de nous tenir en haleine, que se soit avec une histoire rabâchée de tradition contre progrès (The Field), une chronique familière d'emprisonnement arbitraire et de procès politique truqué (Au nom du père) ou avec l'incroyable combat authentique d'un handicapé qui ne peut s'exprimer qu'avec les doigts de son pied gauche (My Left Foot). À chaque fois, on est captivé par la densité humaine des personnages, la vigueur et l'humour du cinéaste et la générosité du discours. Sans esbroufe, mais avec une rigueur professionnelle et civique qui force l'admiration, Jim Sheridan s'est imposé comme un grand cinéaste populaire. Il est également l'auteur du scénario du beau film de M. Newell le Cheval qui venait de la mer (1993). Il retrouve son interprète de prédilection, Daniel Day-Lewis pour The Boxer (id., 1997).

SHERMAN (George)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1908 - Los Angeles, Ca., 1991).