Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KANE (Carol)

actrice américaine (Cleveland, Ohio, 1952).

Issue du théâtre underground, elle s'est distinguée particulièrement au cinéma dans des rôles d'aliénée ou d'hystérique : Hester Street (Joan Miklin Silver, 1975 ) ; The Mafu Cage (Karen Arthur, 1979) ; les Jeux de la comtesse Dolingen de Gratz (Catherine Binet, 1982). Dans le registre de l'étrange, elle a également joué dans : Ce plaisir qu'on dit charnel (M. Nichols, 1971) ; la Dernière Corvée (H. Ashby, 1973) ; Un après-midi de chien (S. Lumet, 1975) ; Annie Hall (W. Allen, 1977) ; Terreur sur la ligne (When a Stranger Calls, F. Walton, 1979) ; Ishtar (Elaine May, 1987) ; Fantômes en fête (Scrooged, Richard Donner, 1988) ; Trees Lounge (Steve Buscemi, 1996).

KANE (Joseph, dit Joe)

cinéaste américain (San Diego, Ca., 1894 - Santa Monica, Ca., 1975).

Ce vétéran du western de série B, fidèle pendant plus de vingt ans à la compagnie Republic, actif depuis 1935, fut un cinéaste anonyme jusqu'à la transparence. Ses chevauchées sont répétitives, ses scènes d'action monotones, ses effets attendus. Il filme un scénario intéressant comme la Horde sauvage (The Maverick Queen, 1956) avec le même métier étriqué qui lui faisait bâcler vingt ans plus tôt des scénarios médiocres. Son plus grand titre de gloire est d'avoir dirigé John Wayne dans ses films les plus oubliés (Colorado Saloon [The Road to Denver], 1955). Son meilleur film est la Belle de San Francisco (Flame of the Barbary Coast, 1945), sorte de réchauffé du grand film de W. S. Van Dyke (San Francisco, 1936), mais où John Wayne et Ann Dvorak formaient un couple intéressant. Il s'est orienté ensuite vers la télévision (série des Laramie).

KANELLOPOULOS (Takis)

cinéaste grec (Thessalonique, 1934 - id. 1990).

Il fut l'artiste de Thessalonique par excellence et y vécut toute sa vie en solitaire et en marge du reste de la production. Après avoir tâté du journalisme puis fait de brèves études de cinéma à Athènes et à Munich, il réalise le Mariage Macédonien (O Makedonikos Gamos, 1960), un court métrage documentaire proprement sidérant de poésie et de vérité. Son premier long métrage, Ciel (Ouranos, 1962), magnifique poème épique et antimilitariste qui suit l'errance des soldats grecs sur le front d'Albanie, en 1940, bénéficie, à Cannes, d'un accueil chaleureux, et donne un second souffle au cinéma grec. L'Excursion (I Ekdromi, 1966), son film suivant, est un condensé stupéfiant de tous les thèmes qu'il affectionne, l'amour et la mort, la trahison et la culpabilité, la guerre et le désir de fuite. En rupture totale avec le réalisme et en moderniste précoce, il compose ses plans avec une perfection qui confine à l'abstraction et un lyrisme statique, unique en son genre. Avec la Parenthèse (Parenthesi, 1968), il aboutit à une cérémonie minimaliste où les deux personnages consument leur passion en vase clos, dans un climat raréfié, voire délétère. Ressassant invariablement les mêmes thèmes, ses derniers films (le Dernier Printemps/ I televtaia anixi, 1972, la Chronique d'un dimanche/To chroniko mias kiriakis, 1975, Carnets romantiques/Romantiko simioma, 1978 et Sonia, 1980) baignent dans un romantisme désuet, pénétré d'amertume mais dépourvu de la moindre chaleur humaine et s'enfoncent progressivement dans une esthétique proche du photo-roman.

KANEVSKI (Vitali)

cinéaste soviétique (Egercheld 1935).

Il étudie le cinéma au VGIK de Moscou sous la direction de Mikhaïl Romm. En 1966, accusé d'un forfait qu'il nie avoir commis, il est condamné à huit ans de prison. Libéré en 1974, il reprend ses études de cinéma, obtient son diplôme de réalisateur en 1977 et signe successivement un court métrage, le Quatrième Secret (Po sekretu vsemu svetu, TV, 1977) et un moyen métrage, Une histoire campagnarde (Derevenskaja istorija, 1981). Sa première œuvre de long métrage, Bouge pas, meurs et ressuscite (Zamri - umri - voskresni, 1989), obtient le prix de la Caméra d'or au Festival de Cannes. Œuvre inspirée, cruelle, sans concessions, plus ou moins autobiographique, elle dénote chez son auteur un talent original que confirme en 1992 Une vie indépendante (Samostojatel 'naja zizn'). Kanevski signe ensuite Nous les enfants du XXe siècle (Msy deti 20 veka, 1993), un documentaire d'un réalisme cru sur les enfants des rues de Moscou et de Saint-Pétersbourg, déracinés, livrés à eux-mêmes, happés par le vol, voire le crime... constat amer sur l'héritage du communisme et l'incertitude anarchique de lendemains qui ne chantent toujours pas.

KANIN (Garson)

cinéaste et scénariste américain (Rochester, N. Y., 1912 - New York, N. Y., 1999).

Il réalise avant la guerre plusieurs comédies, dont A Man to Remember (1938), Bachelor Mother (1939), Mon épouse favorite (My Favorite Wife, 1940) et Drôle de mariage (They Knew What They Wanted, id.). Il dirige ensuite d'excellents documentaires de propagande, pour lesquels il collabore notamment avec Carol Reed pour The True Glory (1945) et Jean Renoir pour Salut à la France (1946). Il se consacre ensuite à l'écriture de pièces pour Broadway ou de scénarios pour George Cukor (souvent avec sa femme Ruth Gordon) : Othello (1948) ; Madame porte la culotte (1949) ; Je retourne chez maman et Mademoiselle Gagne-Tout (1952) ; Une femme qui s'affiche (1954). Il réalise encore deux films en 1969 : Where It's At et Some Kind of a Nut. Il est l'auteur d'un livre de Mémoires, Tracy and Hepburn (1971), et également de It Takes a Long Time to Become Young (1978).

KAPER (Bronislaw) [Bronislau]

musicien américain d'origine polonaise (Varsovie, Russie, 1902 - Los Angeles, Ca., 1983).

Après avoir travaillé en Pologne, en Allemagne, en Autriche et en France, Bronislaw Kaper s'est établi à Hollywood dans les années 40. Ce musicien sous-estimé, auteur de la célèbre mélodie-thème de Lili (Ch. Walters, 1953), qui lui valut un Oscar, composa quelques partitions dont le caractère légèrement douceâtre n'était pas sans séduction. Il a privilégié les grands ensembles symphoniques et les orchestrations félines typiques de la MGM, où il travailla le plus souvent. On retiendra la musique obsédante et terrifiante que des sujets tourmentés inspirent à Kaper : la Flamme sacrée (G. Cukor, 1943) et Hantise (id., 1944). Mais un western comme l'Appât (A. Mann, 1953) lui suggère une partition violente et énergique. C'est néanmoins dans le néoromantisme proche de ses origines que Kaper s'épanche le mieux : le Pays du dauphin vert (V. Saville, 1947), Invitation (G. Reinhardt, 1955) et surtout Celui par qui le scandale arrive (V. Minnelli, 1960).