Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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FRANCE. (suite)

Bien qu'on ait assisté à un retour au cinéma d'action avec les films de Luc Besson* et de Mathieu Kassovitz*, les grands succès Taxi (G. Pirès, 1998) et Taxi 2 (G. Krawczyk, 2000), le Pacte des loups (Christophe Gans, 2001), le cinéma de grande audience reste dominé par la comédie. G. Oury, C. Zidi et J.-M. Poiré, notamment, ont remporté des succès mémorables au cours des années 90. Mais le genre s'est diversifié, du fait d'un mélange très recherché entre stéréotypes et observations désenchantées. La Crise de Coline Serreau, Une époque formidable de G. Jugnot, Gazon maudit de Josiane Balasko, Pédale douce (Gabriel Aghion, 1996) ont tracé des voies où le sérieux prétend rejoindre le bouffon, avec bien des ambiguïtés parfois. Un ton relativement nouveau, rafraîchissant et en prise avec l'esprit du temps, est ainsi apparu grâce à Tonie Marshall* (Pas très catholique, 1994) au duo Agnès Jaoui*-Jean-Pierre Bacri*, Bruno Podalydès (Dieu seul me voit, 1998), Christian Vincent (Je ne sais pas ce qu'on me trouve, 1997), Pascal Bonitzer* (Encore, 1996), Lucas Belvaux (Pour rire, 1996) ou Catherine Corsini (la Nouvelle Eve, 1999).

Le cinéma français, en constant renouvellement – ce qui le distingue de la plupart des autres cinématographies européennes – est rebelle, dans ses meilleures incarnations, aux étiquettes préfabriquées et aux classifications simplistes. Les auteurs les plus significatifs résistent aux modes et aux imitations qui naissent des effets de marché, évitent les tics de tout jeune cinéma, contestent la pression des chaînes de télévision. Cette industrie de prototypes (comme disent les économistes) se nourrit d'œuvres singulières, celles qui en outre s'imposent le mieux sur la durée, comme le prouve la trajectoire des Cavalier, Chabrol, Godard, Pialat, Rivette, et autres Rohmer, mais aussi celle des Chéreau, Téchiné, Leconte, Poirier, Guédiguian, Jeunet, ou des plus jeunes comme Desplechin ou Dupeyron – ou encore Dominik Moll, dont le deuxième film Harry, un ami qui vous veut du bien (2000), un des succès-surprises des salles de cinéma, est représentatif des réussites narratives qui surgissent à l'écart des effets calculés et des genres purement psychologiques et intimistes.

FRANCEN (Victor)

acteur français (Tirlemont, Belgique, 1888 - Aix-en-Provence 1977).

On a eu le tort en France de ne pas saisir l'humour dont était capable cet artiste de belle envergure. Grande vedette, on lui réserve sans cesse des personnages de prophète (la Fin du monde, A. Gance, 1931 ; J'accuse, id., 1938) ; on lui confie des rôles déclamatoires (l'Aiglon, V. Tourjansky, 1931 ; le Chemineau, Fernand Rivers, 1935) ; on le catalogue une fois pour toutes parmi les héros de carton, tiraillés entre le devoir patriotique et l'amour bafoué (Veille d'armes, M. L'Herbier, 1935 ; Feu !, J. de Baroncelli, id. ; Double Crime sur la ligne Maginot, Félix Gandéra, id.). Sa haute taille, son regard clair, sa barbe courte et sa fréquentation assidue du répertoire de Bernstein semblent d'ailleurs l'inviter à de tels excès. C'est oublier trop vite que dans le Roi (Pierre Colombier, 1936) il témoigne en souverain d'opérette d'une finesse et d'une jovialité réjouissantes ; que, dans Entente cordiale (L'Herbier, 1939), il donne de la figure d'Édouard VII une image où la bonhomie se combine heureusement à la majesté, et qu'il teinte d'une mélancolie poignante les répliques du vieux cabot déçu dans la Fin du jour (J. Duvivier, 1939). Les Américains, qui l'employèrent beaucoup dans de brèves apparitions, ont mieux perçu la solidité du talent de Francen, que l'on vit encore se parodiant dans la Grande Frousse (J.-P. Mocky, 1964).

FRANCEY (Micheline Taberlet, dite Micheline)

actrice française (Paris 1919 - id. 1969).

Sa carrière tient dans deux rôles : sœur Édith, la salutiste amoureuse et poitrinaire de la Charrette fantôme (J. Duvivier, 1940) ; Laura, l'héroïne ambiguë et énigmatique du Corbeau (H.-G. Clouzot, 1943). L'un et l'autre prouvent des qualités de sensibilité profonde et d'intensité dramatique. Le reste du temps, on l'accable sous des personnages sans intérêt, comme faire-valoir de Tino Rossi — mis à part, pourtant, sa création dans la Dame d'onze heures (Jean Devaivre, 1947) et son ironique composition dans la Fête à Henriette (Duvivier, 1952).

FRANCIOLINI (Gianni)

cinéaste italien (Florence 1910 - Rome 1960).

Après avoir été l'assistant de Georges Lacombe, il retourne en Italie en 1939. Parmi ses nombreux films : L'ispettore Vargas (1941), Fari nella nebbia (1942), Giorni felici (1943) avec Amedeo Nazzari, qu'il dirigera à nouveau dans Dernier Rendez-Vous (Ultimo incontro, 1951) et les Anges déchus (Il mondo le condanna, 1952). Il tourne également une comédie avec Vittorio De Sica et Sabu, Bonjour éléphant (Buongiorno elefante, 1952) et, après avoir mis en scène les Amants de Villa Borghèse (Villa Borghese, 1953), porte à l'écran deux œuvres de Moravia : Cette folle jeunesse (Racconti romani, 1955) et Femmes d'un été (Racconti d'estate, 1958). Une carrière impersonnelle, à mi-chemin entre le néoréalisme, le drame bourgeois et la comédie de mœurs.

FRANCIOSA (Anthony Papaleo, dit Anthony ou Tony)

acteur américain (New York, N. Y., 1928).

Il apparaît au milieu des années 50, venu du théâtre, dans la mouvance des acteurs formés par la « Méthode » et qui alors déferlent sur les écrans. Nerveux, tendu, comme perpétuellement sur la pointe des pieds, il joue beaucoup en 1957 : Un homme dans la foule (E. Kazan), Une poignée de neige (F. Zinnemann), Car sauvage est le vent (G. Cukor). Aves ses traits latins, il semble très déplacé dans l'univers sudiste de Faulkner (les Feux de l'été, M. Ritt, 1958). Est-ce pour cela que, malgré quelques très bonnes prestations en Italie (Quand la chair succombe, M. Bolognini, 1961; Aiutami a sognare, P. Avati, 1981) et quelques excellents emplois de complément (Rio Conchos, G. Douglas, 1964), il s'enfonce dans des productions de plus en plus anonymes ? Il reparaît, égal à lui-même, la menace perçant derrière un large sourire et une affabilité de surface, en mafieux élégant dans City Hall (H. Becker, 1996).

FRANCIOSA (Massimo)

cinéaste et scénariste italien (Rome 1924 - id. 1998).