Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ASSAYAS (Olivier)

cinéaste français (Paris 1955).

Ancien critique de cinéma, collaborateur au scénario de deux films de Téchiné, Rendez-vous et le Lieu du crime, il réalise peu après Désordre (1986), qui inaugure une série d'œuvres romantiques attachées à décrire le malaise des individus, des familles, des groupes de jeunes. Souvent attachés à la description de fractures familiales et réalisés sous la lointaine influence de Truffaut et de Téchiné, ses films sont probablement parmi les plus représentatifs de l'évolution du film et du scénario dans le cinéma français de son époque : l'Enfant de l'hiver (1988), Paris s'éveille (1991), Une nouvelle vie (1993), l'Eau froide (1994), Irma Vep (1997), HHH-Portait de Hou Hsiao-Hsien (DOC, id.), les Destinées sentimentales (2000). Il est le fils de Jacques Rémy (Jacques Rémy Assayas, 1911-1981), scénariste et également réalisateur (trois films tournés en Amérique latine pendant la guerre, dont le Moulin des Andes (1943) tourné avec des acteurs français).

ASSISTANAT.

Fonction d'assistant. ( ENSEIGNEMENT DU CINÉMA.)

ASSISTANT.

Personne chargée d'assister un technicien : assistant réalisateur, assistant opérateur, assistant monteur. ( GÉNÉRIQUE, MONTAGE, TOURNAGE.) Premier assistant réalisateur, ou premier assistant, technicien chargé de la préparation matérielle du tournage. ( TOURNAGE, GÉNÉRIQUE.)

ASTAIRE (Frederick Austerlitz, dit Fred)

acteur, danseur et chorégraphe américain (Omaha, Nebr., 1899 - Los Angeles, Ca., 1987).

Il apprend à danser pour suivre l'exemple de sa sœur Adele, avec laquelle il va former, dès l'âge de sept ans, un duo de music-hall. Passé l'adolescence, ils se produisent dans des comédies musicales de Gershwin ou de Kern, chez Ziegfeld ou Shubert ; ils incarnent généralement des personnages dépourvus de magie romanesque, et une trace distincte de cette allure subsistera dans le couple Astaire-Rogers ; leurs danses lient souvent la virtuosité au comique, parfois au burlesque : il faudra le cinéma pour donner sa portée à l'invention d'Astaire. La rumeur attribue d'ailleurs le mérite du duo à Adele plutôt qu'à Fred ; mais la jeune femme abandonne la scène en 1932, après The Band Wagon. Seule vedette de la Joyeuse Divorcée, Fred ne se satisfait pas de l'accueil qu'on fait à la pièce et décide d'accepter les offres qui lui viennent de Hollywood.

Il est commode de diviser l'œuvre cinématographique d'Astaire en trois parties. Après l'imparfaite tentative du Tourbillon de la danse, où il joue son propre rôle, mais n'influence pas la chorégraphie, c'est d'abord la période RKO (1933-1939). Astaire tourne alors dix films, où il joue des rôles de danseur, à l'exception d'Amanda qui fait de lui un psychanalyste. Carioca n'est qu'une ébauche de la formule ; Demoiselle en détresse substitue Joan Fontaine à la partenaire habituelle, et Roberta donne du schéma ordinaire une version affaiblie. Mais, pour le reste, ces films comportent le même argument et la même définition esthétique. Entre Fred Astaire et Ginger Rogers s'esquisse une complicité qu'on devine amoureuse, en dépit de quelque attachement qui semble retenir ailleurs la jeune femme. Un sentiment commun de la fantaisie ou du romanesque les unit, lui, entreprenant et vif, elle, plus rêveuse et plus réservée, plus tendre aussi et plus charnelle. Comme cette intrigue se déroule dans un monde allégé par l'irréalité des décors et la folle logique des dialogues, le public ne doit pas douter de l'heureuse issue des quiproquos qui séparent les amoureux, mais prendre garde à la manière, aux mouvements et aux jeux qui qualifient ce dénouement. C'est la mission des chansons et des danses de traduire les figures de ce marivaudage. Parfois couronnés par un grand final collectif où les héros trouvent pourtant un rôle bien individualisé, les numéros musicaux comportent au moins deux duos, l'un plus fantaisiste et plus rythmique, l'autre sentimental et langoureux, rapprochant les gestes magnétiques d'Astaire des hésitations et des abandons de Ginger Rogers. Astaire bénéficie toujours d'un ou deux solos, où son invention fait merveille : sur une idée de pantomime, un accessoire ou un instrument de musique, il développe une foule de variations narratives, invente des images et des rythmes jusqu'à un paroxysme élégant et emporté. Il revendique toute la responsabilité de ces morceaux étincelants, dont il continuera par la suite d'orner chacun de ses films. Mais la chorégraphie des numéros où il apparaît ne lui appartient pas moins, Hermes Pan, le chorégraphe en titre, n'ayant servi que de répétiteur, et n'ayant été chargé que du réglage des évolutions des chœurs. Les prises de vues, en particulier les longs plans spacieux, semblent aussi devoir beaucoup à l'influence du danseur, qui les affectionnera tout au long de sa carrière. Cette série de danses et, en particulier, les pas de deux ont une importance historique considérable : ils montrent comment la séduction et la passion, la pudeur et l'abandon peuvent trouver une forme directement chorégraphique. La danse d'un couple cesse d'être un ornement : plein exercice du corps, elle se fait en même temps expression immédiate du sentiment. C'est la voie que suivra toujours la comédie musicale. Mais Astaire, entouré par une troupe fidèle de comédiens loufoques, manifeste aussi son style d'acteur : légèrement ironique, il n'adhère guère à son personnage mais traduit ses émotions par une suite de mimiques nettes et discrètes ; par contraste, ses gestes de danseur se chargent d'une plénitude lyrique.

De 1940 à 1943, la carrière d'Astaire traverse une période indécise. Lassitude et crainte de la routine incitent Ginger Rogers et lui à mettre fin à leur association professionnelle. Absent des studios pendant un an, Astaire tourne ensuite Broadway qui danse, qui contient un solo remarquable de verve et de précision, et surtout un duo avec Eleanor Powell, sommet de la virtuosité d'Astaire comme danseur de claquettes. Tandis que les formes qu'il a adoptées dès les années 30 s'imposent progressivement à tout le genre musical, leur initiateur reste cependant passif. Ce n'est pas faute de renouvellement dans son style chorégraphique, mais les occasions manquent, les producteurs regardant toujours vers le passé. Malgré son budget modeste, Swing Romance est pourtant un succès, et les rencontres avec Rita Hayworth (L'amour vient en dansant et Ô toi, ma charmante) ne manquent pas de saveur, la perfection stylistique du danseur contrastant avec la vivacité d'une partenaire brillante mais moins soumise que lui aux règles de la tradition. Ici ou là, un solo esquisse des gestes plus modernes, moins élégants et plus brisés. Mais Astaire doit jouer le second rôle dans un film de Bing Crosby (L'amour chante et danse), et The Sky's the Limit est un grave échec.