Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GREENSTREET (Sidney)

acteur britannique (Sandwich 1879 - Los Angeles, Ca., US, 1954).

Après d'infructeux essais comme planteur à Ceylan, il débute en 1902 au théâtre à Londres, puis gagne New York deux ans plus tard. Le Faucon maltais de John Huston (1941), où il incarne, poids lourd du couple qu'il forme avec Peter Lorre, un placide et redoutable malfrat, lui ouvre la porte d'une carrière sans éclat mais remarquable par sa qualité et sa fidélité au film noir. Il y meut avec des souplesses de reptile une impressionnante stature de quelque 120 kilogrammes, aux réactions inattendues, au jeu économe mais subtilement gradué. Il faut citer, parmi les films où l'on continue d'épier avec délectation sa silhouette familière : la Charge fantastique (R. Walsh, 1941) ; Griffes jaunes (J. Huston, 1942) ; Casablanca (M. Curtiz, 1943) ; le Masque de Dimitrios (J. Negulesco, 1944) ; La mort n'était pas au rendez-vous (C. Bernhardt, 1945) ; The Verdict (D. Siegel, 1946) ; le Boulevard des passions (Curtiz, 1949) ; Malaya (R. Thorpe, 1950) ; l'Énigme du Chicago Express (R. Fleischer, 1952). Il a cessé de tourner quatre ans avant sa mort, laissant le souvenir d'une des figures les plus attachantes des « badmen » en costume de toile (ou de soie) blanche.

GREENWOOD (Joan)

actrice britannique (Londres 1921 - id. 1987).

Elle débute au théâtre en 1938 et au cinéma en 1940. Ses premiers films importants datent de 1948 : Whisky à gogo (A. Mackendrick) et Sarabande (B. Dearden). Mais c'est avec Noblesse oblige de Robert Hamer (1949), où elle tient le rôle de Sibella, qu'elle s'impose à l'écran. Un charme piquant, parfois inquiétant, une diction mordante et une voix de gorge font son succès. On se souviendra particulièrement de ses prestations dans l'Homme au complet blanc (A. Mackendrick, 1951), Il importe d'être constant (A. Asquith, 1952), Détective du bon Dieu (R. Hamer, 1954), Tom Jones (T. Richardson, 1963). Joan Greenwood a également été dirigée par des cinéastes non britanniques, dans Garou-Garou le Passe-Muraille avec Bourvil (Jean Boyer, 1951), Stage struck (S. Lumet, 1958), Barbarella (R. Vadim, 1968) et, surtout, dans Monsieur Ripois (R. Clément, 1954), sans oublier les Contrebandiers de Moonfleet (F. Lang, 1955).

GREER (Bettejane Greer, dite Jane)

actrice américaine (Washington, D. C., 1924).

D'abord chanteuse d'orchestre, puis cover-girl attitrée du magazine Life, elle débute avec éclat dans Panamericana, de John H. Auer (1945). Jolie brune au regard de velours, elle peut incarner aussi bien une étrange aventurière psychopathe (dans la Griffe du passé [Out of the Past], J. Tourneur, 1947) qu'une trépidante héroïne de comédie (la partenaire de Peter Lawford dans Toi pour moi [You for Me], Don Weis, 1952) ou une maîtresse femme en atours d'époque (Antoinette de Mauban dans le Prisonnier de Zenda, R. Thorpe, 1952). D'une carrière brève mais assez fulgurante, qui malheureusement ne lui permit jamais d'accéder au statut de star, on retiendra encore ça commence à Vera Cruz (The Big Steal, D. Siegel, 1949), la Course au soleil (Run for the Sun, remake des Chasses du comte Zaroff, R. Boulting, 1956) et la biographie de Lon Chaney : l'Homme aux mille visages (J. Pevney, 1957). On la voit encore en 1964 dans Rivalités (Where Love Has Gone, E. Dmytryk), aux côtés de Bette Davis et de Susan Hayward.

GREGGORY (Pascal)

acteur français (Paris, 1954).

Après avoir incarné Branwell Brontë dans le film de Téchiné les Sœurs Brontë (1979), il participe à plusieurs films d'Eric Rohmer (un univers où il se révèle très à l'aise) : le Beau Mariage, Pauline à la plage, suivis en 1993 par l'Arbre, le maire et la médiathèque. Acteur dans la Nuit porte-jarretelles (Virginie Thévenet, 1985), Villa mauresque (Patrick Mimouni, 1992) et dans d'assez nombreux téléfilms, il revient au premier plan en 1998 avec Ceux qui m'aiment prendront le train, de Patrice Chéreau et Zonzon, de Laurent Bouhnik, le Temps retrouvé, de R. Ruiz (1999), la Fidélité de A. Zulawsky, la Confusion des genres d'Ilan Duran Cohen (2000). Il est aussi apparu dans quelques rares films grand public, mais dans des rôles secondaires (la Reine Margot de P. Chéreau, Jeanne d'Arc, de L. Besson).

GREGORETTI (Ugo)

cinéaste italien (Rome 1930).

Il s'affirme à la TV au début des années 60 avec des émissions polémiques et anticonformistes. Son style de reportage sans voiles se retrouve dans son premier film, I nuovi angeli (1961), enquête de fiction sur la jeunesse en Italie. Après un épisode satirique (Il pollo ruspante, dans Rogopag, 1963), il crée un étrange pamphlet de science-fiction, Omicron (id.), puis un autre épisode grotesque (Il foglio di via, dans les Plus Belles Escroqueries du monde, 1964), et une médiocre comédie à épisodes (Ah ! les belles familles [Le belle famiglie], 1965). Après quelques apparitions comme acteur, il se lance dans une carrière de réalisateur politique, avec deux documentaires sur une usine en grève (Apollon ; Contratto, 1970), et une enquête sur la guerre du Viêt-nam (Vietnam scene del dopoguerra, 1976 ; CO Romano Ledda). Il travaille ensuite beaucoup pour la TV et le théâtre.

GRÉMILLON (Jean)

cinéaste français (Bayeux 1901 - Paris 1959).

Sa carrière en dents de scie, entièrement imputable aux structures de la production, autorise qu'on le tienne pour un cinéaste « maudit ». Passé le baccalauréat, malgré son père, chef de section aux chemins de fer, qui voudrait qu'il soit ingénieur, il décide de se consacrer à la musique (il l'étudie depuis l'enfance). Venu à Paris en 1920, il suit les cours de Vincent d'Indy à la Schola cantorum, se lie avec Roger Désormière, Roland Manuel, Charles Dullin. Il gagne sa vie en jouant du violon dans des orchestres de cinéma. 1923 : son service militaire est terminé ; Georges Périnal, projectionniste et bientôt opérateur de premier plan, l'introduit dans les studios. Il est titreur, monteur puis réalisateur de films documentaires (photographiés par Périnal). Les seize documentaires qu'il tourne entre 1923 et 1926 traitent tous de l'homme et de ses travaux. Avec Photogénie mécanique (1924) et Tour au large (1926), il s'insère dans le mouvement de la première avant-garde. Photogénie mécanique est un montage musical, audiovisuel déjà, de fragments puisés dans les films techniques antérieurs ; Tour au large, une composition impressionniste, abstraite, ramenée d'une campagne de pêche sur un thonier. Ainsi, dès le départ, Grémillon définit son style : un réalisme à la croisée du document et du poème.