Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BOURRAGE.

Engorgement intempestif du circuit du film dans la caméra. ( CAMÉRA.)

BOURVIL (André Raimbourg, dit)

acteur français (Petrot-Vicquemare 1917 - Paris 1970).

Son pseudonyme est emprunté au petit village de Bourville, entre Dieppe et Fécamp, où il passe son enfance. Fils de cultivateurs, on le destine à une carrière d'instituteur ou de garçon boulanger. Mais il est passionné de musique, se produit très jeune dans les bals de campagne, fait son service militaire dans la fanfare du 2e régiment d'infanterie et participe, à la veille de la guerre, aux « crochets » de Radio-Paris, où il obtient un prix. Marqué par ses origines paysannes dans sa démarche, son accent, son rire « bête », il joue volontiers les benêts, les idiots de village. Son imitation de Fernandel dans Ignace lui vaut quelque succès et il opte, après la démobilisation, pour le cabaret. Il débute Chez Carrère, en 1942, sous le pseudonyme qui lui restera. Il fait rire la France entière avec la chanson « Elle vendait des cartes postales et puis aussi des crayons... », qui sera reprise dans son premier film, la Ferme du pendu, un mélodrame « paysan » de Jean Dréville (1945). On l'entend alors à la radio dans des émissions de Jean-Jacques Vital et de Francis Blanche, il s'affirmera un peu plus tard dans l'opérette (la Bonne Hôtesse, la Route fleurie) et au théâtre (le Bouillant Achille, de Paul Nivoix). Pendant dix ans, on ne le verra guère à l'écran que dans le même rôle d'« imbécile heureux » de sous-Adémaï, sous des défroques de laveur de carreaux (Par la fenêtre), de brave gendarme (le Roi Pandore) ou de valet de comédie (Planchet dans les Trois Mousquetaires). Pourtant, Bourvil n'est « pas si bête » qu'on le voudrait, et gagne ses galons de vrai comédien avec Clouzot (l'amoureux transi de Miquette et sa mère) et Guitry (le gardien de musée de Si Versailles m'était conté). Il s'essaie même au drame avec Seul dans Paris. En 1956, c'est la rencontre au sommet avec Jean Gabin et Louis de Funès, dans le rôle du trafiquant de marché noir, un peu pleutre, un peu hâbleur, où se reconnaît le Français moyen, de la Traversée de Paris, qui lui vaut un grand prix d'Interprétation au festival de Venise. « Le rire dans la qualité, c'est ce que je voudrais pouvoir faire », déclare-t-il. Il y parviendra durant la décennie suivante, avec des personnages plus étoffés dans la Jument verte de Claude Autant-Lara, Fortunat et les Culottes rouges d'Alex Joffé, un double rôle dans Tout l'or du monde de René Clair, et surtout ses prestations insolites, presque surréalistes (pilleur d'église, professeur contestataire, sexologue en rupture de ban) chez Jean-Pierre Mocky : Un drôle de paroissien, la Grande Frousse, la Grande Lessive, l'Étalon. Il prouve qu'il peut jouer aussi les affreux (Thénardier dans les Misérables, version 1957), les pauvres types (le Miroir à deux faces), les forestiers au grand cœur (les Grandes Gueules). Ce qui ne l'empêche pas de persister dans son emploi habituel, sous la houlette de Gérard Oury (le Corniaud, la Grande Vadrouille, le Cerveau). Son meilleur rôle sera sans doute l'avant-dernier, inattendu, celui du commissaire Mattei, impassible et obstiné, dans le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville. Pour la première fois, au générique, il porte son prénom : André Bourvil. Terrassé par un cancer, il meurt quelques jours avant la sortie de ce pénultième film.

Films  :

la Ferme du pendu (J. Dréville, 1945) ; Pas si bête (A. Berthomieu, 1947) ; Blanc comme neige (Berthomieu, 1948) ; Par la fenêtre (G. Grangier, id.) ; le Cœur sur la main (Berthomieu, 1949) ; Miquette et sa mère (H.-G. Clouzot, 1950) ; le Roi Pandore (Berthomieu, id.) ; le Rosier de madame Husson (J. Boyer, id.) ; Garou Garou le passe-muraille (Boyer, 1951) ; Seul dans Paris (H. Bromberger, 1952) ; le Trou normand (Boyer, id.) ; Cent Francs par seconde (Boyer, id.) ; les Trois Mousquetaires (A. Hunebelle, 1953) ; Si Versailles m'était conté (S. Guitry, 1954) ; Cadet Rousselle (Hunebelle, id.) ; Poisson d'avril (G. Grangier, id.) ; le Fil à la patte (G. Lefranc, 1955) ; les Hussards (A. Joffé, id.) ; la Traversée de Paris (C. Autant-Lara, 1956) ; le Chanteur de Mexico (R. Pottier, id.) ; Sérénade au Texas (id. 1958) ; les Misérables (J.-P. Le Chanois, id.) ; Un drôle de dimanche (Marc Allégret, id.) ; le Miroir à deux faces (A. Cayatte, id.) ; le Chemin des écoliers (M. Boisrond, 1959) ; Fortunat (Joffé, 1960) ; le Capitan (Hunebelle, id.) ; Tout l'or du monde (R. Clair, 1961) ; le Tracassin (Joffé, id.) ; les Culottes rouges (id., 1962) ; le Jour le plus long (id.) ; les Bonnes Causes (Christian-Jaque, 1963) ; Un drôle de paroissien (J.-P. Mocky, id.) ; le Magot de Joséfa (Autant-Lara, id.) ; la Cuisine au beurre (G. Grangier, id.) ; la Grande Frousse / la Cité de l'indicible peur (Mocky, 1964) ; le Corniaud (G. Oury, id.) ; Guerre secrète (Christian-Jaque, 1965) ; la Grosse Caisse (Joffé, id.) ; les Grandes Gueules (R. Enrico, id.) ; la Grande Vadrouille (Oury, 1966) ; Trois Enfants dans le désordre (L. Joannon, id.) ; les Arnaud (id., 1967) ; les Cracks (Joffé, 1968) ; la Grande Lessive (Mocky, id.) ; Gonflés à bloc (Those Daring Young Men in their Jaunty Jalopies, Ken Annakin, GB, 1969) ; le Cerveau (Oury, id.) ; l'Étalon (Mocky, id.) ; l'Arbre de Noël (The Christmas Tree, Terence Young, GB, id.) ; le Cercle rouge (J.-P. Melville, 1970) ; le Mur de l'Atlantique (M. Camus, id.).

BOUT-À-BOUT.

Bande obtenue en collant bout-à-bout, dans l'ordre du découpage, les prises retenues pour le montage. ( MONTAGE.)

BOUT D'ESSAI

— 1. Pour juger sur l'écran l'aptitude d'un comédien ou d'une comédienne à interpréter tel rôle d'un film en préparation, on filme parfois un bout d'essai de quelques minutes, généralement en leur faisant jouer une scène caractéristique ou non du film. (Certains de ces documents ont aujourd'hui une valeur anecdotique certaine, tels les bouts d'essais interprétés par Paulette Goddard, Lucille Ball, etc., pour l'attribution du rôle de Scarlett d'Autant en emporte le vent.)

2. On tourne également des bouts d'essai à des fins plus techniques : pour juger des qualités d'une nouvelle pellicule, pour apprécier tel développement particulier envisagé pour le film, pour choisir les objectifs, etc.