Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KIE´SLOWSKI (Krzysztof) (suite)

Une trilogie, Trois Couleurs : Bleu (1993), Trois Couleurs : Blanc (1993) et Trois Couleurs : Rouge (1994), lui apporte la consécration internationale, et Kieślowski s'impose comme l'un des plus grands cinéastes des années 1980-1990.

KIISK (Kalie) [Kal'ë Karpovič Kijsk]

cinéaste soviétique (Vaïvina, Estonie, 1925).

Metteur en scène de théâtre à Tallinn, il débute au cinéma en signant  ’Jours de juin ’ (Ijun'skie dni, CO : V. Nevežin, 1958), puis fait équipe avec Juli Kun (‘ les Tournants dangereux ’ [Opasnye povoroty], 1961). Il réalise seul ensuite plusieurs œuvres qui comptent parmi les films les plus notables tournés en Estonie : ‘ Dégel ’ (Ledohod, 1963) ; ‘ Retourne-toi en chemin ’ (Ogljanis'v puti, 1964) ; ‘ Ils avaient dix-huit ans ’ (Im bylo vocemnadcat‘ , 1966) ; le Bac de midi (Poludennyj parom, 1967) ; Démence (Bezoumie, 1968) ; ‘ la Rive des vents ’ (Bereg vetrov, 1971) ; ‘ Débarquer sur la terre ’ (Sojti na bereg, 1974) ; ‘ le Violon rouge ’ (Krasnaja skripka, id.) ; ‘ Demande aux morts le prix de la mort ’ (Cenu smerti sprosi u mërtvyh, 1978) ; ‘ les Violettes des bois ’ (Lesnye fialki, 1980) ; Dans cent ans en mai (Čerez sto let v mae, 1987); Sufloor (1993).

KILAR (Wojciech)

compositeur polonais (Lvov 1932).

Sorti de l'École de musique de Katowice, il devient l'élève de Nadia Boulanger à Paris. C'est un compositeur fécond, à qui l'on doit en outre une centaine de partitions pour le cinéma et la télévision. Il est de tous les films de Krzysztof Zanussi depuis la Structure du cristal (1969), en particulier Vie de famille (1971), Illumination (1973), Camouflage (1977), la Spirale (1978), la Constante (1980), le Contrat (id.), le Pouvoir du mal (1985), le Grand Galop (1996). Il a également écrit pour : les Somnambules (Lunatycy, B. Poŗeba, 1960) ; le Maigre et les autres (Chudy i inni, H. Kluba, 1967) ; la Poupée (W. J. Has, 1968) ; la Jetée (Molo, W. Solarz, 1969) ; Lokis (J. Majewski, 1970) ; la Boule de cristal (S. Roewicz, 1971) ; la Perle de la couronne (K. Kutz, 1972) ; la Terre de la grande promesse (A. Wajda, 1975) ; la Ligne d'ombre (id., 1976) ; David (P. Lilienthal, 1979) ; le Roi et l'Oiseau (P. Grimault, 1980) ; le Hasard (K. Kieśłowski, 1982) ; Chronique des sentiments amoureux (A. Wajda, 1987) ; Korczak (id., 1990) ; Dracula (F. F. Coppola, 1993) ; la Jeune fille et la Mort (R. Polanski, 1995) ; la Pianiste (M. Haneke, 2001).

KILO,

argot pour kilowatt. ( ARGOT.)

KIMIAI (Massoud [Kimyâ'i Mas'ud])

cinéaste iranien (Téhéran 1941).

Cet autodidacte réussit, dès son deuxième film, un beau succès : Qaysar (1969) permet en effet à l'acteur Behruz Vosughi (il a le premier rôle dans chaque film de Kimiai) de camper une figure de brigand avec truculence. Ce sens d'un cinéma populaire et ce réalisme lyrique, s'ils n'évitent pas toujours l'imagerie facile, sont les atouts majeurs de Dach kol (id., 1971 ; d'après une nouvelle de Hedâyat), aussi bien que de Balutch (id., 1972) et de la Terre (Khâk, 1973), films où l'homme est confronté à un environnement presque toujours hostile. Après l'avènement du pouvoir des « mollahs », Kimiai réalise plusieurs films dont ‘ la Ligne rouge ’ (Khatt-e Qermez, 1982), ‘ les Dents du serpent ’ (Dandan-e Mar, 1990), ‘ la Piste du loup ’ (Rod-e-Paye Gorg, 1994) et ‘ le Commerce ’ (Tejarat, 1995), où il traite des pouvoirs parallèles dans une ville livrée à elle-même.

KIMIAVI (Parviz [Kimyâvi])

cinéaste iranien (Téhéran 1939).

Après ses études universitaires, il s'inscrit à Paris, d'abord à l'École de Vaugirard (1962), puis à l'IDHEC, dont il est diplômé (1965). Assistant monteur, puis assistant réalisateur à l'ORTF jusqu'en 1968, réalisateur à la télévision iranienne (NIRTV), il tourne plusieurs documentaires ( CM et MM), dont Ô Protecteur des gazelles (Yâ Ḍâmen Ahu, 1971), sur les cérémonies chiites de la ville sainte de Mesched, ou P comme Pélican (P methl-e pelican, 1972). Son premier long métrage utilise les techniques documentaires pour traduire avec humour l'onirisme et l'incommunicabilité qui habitent et paralysent... un cinéaste : les Mongols (Moghola, 1973), dont il tient le rôle principal. Il tourne ensuite une fable métaphorique, le Jardin de pierres (Bâgh-e sangi, 1975), autre vision étrange. O. K. Mystère (1978) n'a pas été diffusé. Dix ans après l'installation de la « Révolution islamique » au pouvoir en Iran, Kimiavi entame son retour au pays natal avec un projet de film sur Karbala, événement constitutif du chiisme. Auparavant, il a réalisé plusieurs documentaires pour le compte de la télévision française. En 1999 il signe Iran is my Homeland.

KIM KI-YOUNG

cinéaste coréen (Séoul 1919 - id. 1998).

En 1946, il entre à l'école de dentisterie de Kyungsung et y rencontre sa future femme, Kim Yu-bong, qui financera la plupart de ses films. Délaissant la carrière médicale, il s'implique dans des projets de théâtre, puis réalise des courts métrages. Influencé par le néoréalisme italien, il met en scène des drames socio-historiques, dont Resistance of Teenagers (Sibdaeeui Banhang, 1959). Son neuvième film, The Housemaid (Hanyeo, 1960), première partie d'une trilogie achevée en 1982 avec The Woman on Fire'82 (Hwanyeo'82), marque une rupture. Il règne, dans cette histoire d'une servante brisant l'harmonie d'une famille, un climat d'hystérie étranger au reste de la production coréenne. En inventant un nouveau genre situé entre thriller et film d'horreur, Kim Ki-young dépeint une société coréenne au bord de la crise de nerfs. Les hommes ne peuvent y contrôler leur appétit sexuel (Insect Woman [Jungnyeo], 1972) et les femmes y sont dominatrices (Promise of the Flesh [Yugcheeui Yagsok], 1975 ; Ieodo, 1977). L'atmosphère chaotique des films de Kim doit autant à ses scénarios, aux dénouements inattendus, qu'à des conditions de production exceptionnelles, les tournages dépassant rarement plus d'un mois. Jusqu'à son dernier et plus de trentième long métrage (A Moment to Die for [Jukeodo Johean Gyeongheam], 1988), il reste fidèle à ses obsessions que sont la mort, les perversités sexuelles et les conflits conjugaux. Il meurt dans un incendie, à son domicile avec sa femme, le 5 février 1998.