Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MALONE (Dorothy Maloney, dite Dorothy)

actrice américaine (Chicago, Ill., 1925).

Après une modeste carrière de starlette à la RKO (The Falcon and the Co-Eds, W. Clemens, 1943 ; Youth Runs Wild, M. Robson, 1944 ; One Mysterious Night, B. Boetticher, id.), elle entre à la Warner, où elle tourne notamment le Grand Sommeil (H. Hawks, 1946), Nuit et Jour (M. Curtiz, id.) et Ombres sur Paris (D. Daves, 1948). Dernier film de son contrat, la Fille du désert (R. Walsh, 1949) met en place les composantes « névrotiques » dont Douglas Sirk tirera, plus tard, d'admirables effets (Écrit sur du vent, 1957, Oscar du meilleur rôle secondaire ; la Ronde de l'aube, 1958). Avant d'accéder au vedettariat, Dorothy Malone tourne divers westerns et policiers de série B, et travaille aussi pour Richard Quine (Du plomb pour l'inspecteur, 1954), Don Siegel (Ici brigade criminelle, id.) et Frank Tashlin (Artistes et Modèles, 1955). Elle change d'image avec le Cri de la victoire (Walsh, id.), où elle aborde avec succès son premier emploi de « femme perdue ». Après le diptyque sirkien, elle incarne l'actrice Diana Barrymore dans Une femme marquée (A. Napoleon, 1958), biographie larmoyante dont l'échec la ramène à des rôles routiniers (l'Homme aux colts d'or, E. Dmytryk, 1959 ; le Dernier Voyage, A. L. Stone, 1960), teintés, parfois, de nostalgie (El Perdido, R. Aldrich, 1961). Sa carrière connaît une reprise avec la série TV Peyton Place (1964-1969) ; mais, après celle-ci, le cinéma ne lui réservera plus que des rôles d'appoint (Patricia [Abduction], J. Zito, 1975 ; Golden Rendez Vous, A. Lazarus, 1977 ; Winter Kills, W. Richert, 1979 ; Good Luck, Miss Wyckoff, M. J. Chomsky, id. ; Basic Instinct [P. Verhoeven, 1992]).

MALRAUX (André)

écrivain français (Paris 1901 - id. 1976).

Intellectuel antifasciste et homme d'action au tempérament d'aventurier, il adhère en 1932 à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR), milite au sein de l'Association internationale des écrivains pour la défense de la culture, créée en 1935, en anime les congrès. Ses romans célèbrent la grandeur tragique des combattants révolutionnaires : chinois (les Conquérants, 1928 ; la Condition humaine, 1933), allemands (le Temps du mépris, 1935), espagnols (l'Espoir, 1937). Dès les premiers jours de la guerre civile en Espagne (1936), il se met au service du gouvernement républicain, reconstitue son aviation, organise l'escadrille España. Durant la Seconde Guerre mondiale, il commande le maquis de Corrèze (1944) puis la brigade Alsace-Lorraine. La paix revenue, il se fait homme politique (en 1945-46, entre 1959 et 1969) auprès du général de Gaulle. Très intéressé — et influencé dans son art — par le cinéma, il prépare à Moscou, en 1935, avec Eisenstein, une adaptation de la Condition humaine qui ne sera pas tournée. Il publie en 1941 un important essai, Esquisse d'une psychologie du cinéma, où il montre que film et roman moderne relèvent des mêmes lois. Il y approfondit notamment le problème du « passage au dialogue » et explore la dimension mythologique du cinéma. En Espagne, il réalise, dans des conditions précaires, son unique film, Sierra de Teruel, rebaptisé l'Espoir (1945,  : 1939), d'après un chapitre de son roman l'Espoir. La fin du tournage fut anticipée par la chute de Barcelone. Achevé en France, mais aussitôt interdit, l'Espoir ne sortit qu'en 1945. C'est, en dépit de quelques scories littéraires, une œuvre de vérité et d'émotion, qui l'emporte paradoxalement en authenticité et en force de conviction sur la plupart des reportages et des documents que la guerre civile a suscités. L'influence du cinéma soviétique (Eisenstein, Poudovkine, Dovjenko, Piscator) y est visible bien qu'un ton d'élégie funèbre l'apparente au film qui va être le chef-d'œuvre du néoréalisme : Païsa (1946).

MALTZ (Albert)

scénariste américain (Brooklyn, N. Y., 1908 - Los Angeles, Ca., 1985).

S'étant fait une renommée comme dramaturge à Broadway, il vient à Hollywood en 1942. Politiquement situé très à gauche, Albert Maltz est l'un des « Dix » d'Hollywood, victimes des persécutions maccarthystes : après la Cité sans voiles (J. Dassin, 1948), il doit attendre Sierra Torride (D. Siegel, 1970) pour que son nom réapparaisse à un générique. C'est au début de sa carrière qu'il donne le meilleur de lui-même dans des films noirs (Tueur à gages, F. Tuttle, 1942) ou dans des films d'espionnage (Cape et Poignard, F. Lang, 1946), des mélodrames engagés (Pride of the Marines, D. Daves, 1945) qui tiraient un bon parti de la vigueur de son écriture et de son idéalisme.

MAMA ou MAMMA.

Panneau diffusant orientable, en plastique ou en tulle, placé devant un projecteur de prise de vues pour adoucir sa lumière. ( ARGOT, ÉCLAIRAGE.)

MAMET (David)

scénariste et cinéaste américain (Chicago, Ill., 1947).

David Mamet s'est formé dans le milieu culturel de Chicago avant de devenir avec Sam Shepard l'un des jeunes auteurs les plus réputés de la scène américaine, écrivant une vingtaine de pièces en quinze ans, dont certaines ont acquis un grand prestige, comme American Buffalo (1975) ou Glengary Glen Ross (1983). Son sens de la construction et du dialogue, classique par bien des côtés, lui a valu de travailler pour l'écran. C'est ainsi qu'il a signé les scénarios du Facteur sonne toujours deux fois (Bob Rafelson, 1981), du Verdict (S. Lumet, 1982) et des Incorruptibles (Brian De Palma, 1987), tout en apparaissant dans la Veuve noire (1987) de son ami Rafelson. Il a fait ses débuts de metteur en scène dans Engrenages (House of Games, 1987), un film noir de haute tenue où une psychanalyste, auteur de best-sellers (jouée par son épouse Lindsay Crouse), se laisse entraîner dans le monde du jeu par un séducteur machiavélique (Joe Mantegna). Un sens de l'atmosphère et de l'angoisse croissante, qui fait penser à Hitchcock, caractérise cette première œuvre, un des plus intéressants débuts du cinéma américain de la fin des années 80. L'arnaque et la pègre, thèmes-clés du théâtre de Mamet, ont aussi une place de choix dans son deuxième film : Parrain d'un jour (Things Change, 1988), fable humoristique dont la truculence et la désinvolture évoquent les meilleures nouvelles de Damonn Runyon. Il signe en 1991 Homicide (id.) et en 1996, la Prisonnière espagnole (The Spanish Prisoner). Il est également l'un des auteurs du scénario de Des hommes d'influence (B. Levinson, 1998). Il semble à la recherche d'un nouveau style dans ses réalisations, s'essayant à l'adaptation littéraire classique avec l'Honneur des Winslow (The Winslow Boy, 1999) et à la comédie loufoque avec Séquences et conséquences (State and Main, 2000).