Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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OSWALD (Richard Ornstein, dit Richard) (suite)

Aux débuts du cinéma parlant, il met en scène des films musicaux et des films qui sont vigoureusement attaqués pour leur contenu pacifiste ou antimilitariste : Dreyfus (1930), l'Année 1914 (1914 — die letzten Tage vor dem Weltbrand, 1931). En 1931, il présente le Capitaine de Köpenick (Der Hauptmann von Köpenick), première adaptation à l'écran de la pièce de Carl Zuckmayer créée quelques mois plus tôt à Berlin. Émigré en 1933, il réalise quelques films en France (Tempête sur l'Asie, 1938) et en Grande-Bretagne. En 1938, il quitte l'Europe pour les États-Unis, où il dirige quelques films (dont une nouvelle version du Capitaine de Köpenick [The Captain of Koepenick / I Was a Criminel], en 1941), mais il a principalement des activités de producteur — avant de se retirer en Allemagne.

OSWALDA (Oswalda Stäglich, dite Ossi)

actrice allemande (Berlin 1897 - Prague 1947).

D'abord danseuse, elle vient très vite au cinéma, et, découverte par Ernst Lubitsch, poursuit une carrière qui en fait l'une des stars les plus populaires des années 20. Avec une certaine désinvolture et beaucoup de spontanéité, elle incarnera longtemps la jeune femme moderne très libre. Elle a tourné de nombreux films dont : Schupalast Pinkus (E. Lubitsch, 1916), Der G. M. B. H. Tenor (id., id.), Ossis Tagebuch (id., 1917), Wenn Vier dasselbe tun (id., id.), Ein fidelis Gefängnis (id., id.), Prinz Sami (id., 1918), Der Rodelkavalier (id., id.), Der Fall Rosentopf (id., id.), Das Mädel vom Ballet (id., id.), Meier aus Berlin (id., 1919), la Princesse aux huîtres (id., id.), la Poupée (id., id.), Das Schwabenmädle (id., id.), Der blinde Passagier (V. Janson, 1922), Das Mädel mit der Maske (id., id.), Colibri (id., 1924), Das Mädchen mit der Protektion (M. Mack, 1925), Die Kleine vom Variete (H. Schwarz, id.), Eine Tolle Nacht (R. Oswald, id.), Ossi hat di Hosen an (C. Boese, 1928). Après l'apparition du parlant, elle ne tourne plus que quelques films dont Der Stern von Valencia (A. Zeisler, 1933).

OTANI (Takejiro)

producteur japonais (Kyoto 1877 - id. 1969).

Très tôt en contact avec le monde du théâtre, il crée en 1902, en collaboration avec Matsujiro Shirai, la compagnie Shochiku, qui deviendra la plus importante dans le domaine du kabuki (le nom de Shochiku, « compagnie du pin et du bambou », étant une autre lecture du début des prénoms des deux associés). Pour fonder la section cinéma en 1920, ils font appel à des techniciens formés à Hollywood, comme Henry Kotani, qui tourne ‘ Femmes des îles ’, la première production de la nouvelle société, et à des acteurs renommés comme Sessue Hayakawa. C'est la Shochiku qui lancera ensuite les actrices féminines, provoquant la révolte des benshi, et la mode des comédies « modernes » à l'américaine, puis des films historiques avant la guerre, et des mélodrames après la guerre, dont les films de Kinoshita et Ozu.

OTELO (Sebastião Prata, dit Grande)

acteur brésilien (Uberlandia, Minas Gerais, 1915 - Paris 1993).

Extraverti précoce, il débute à neuf ans au cirque et dans une troupe de revues musicales noires. Sa carrière sur les planches et dans les variétés commence à partir de 1935, notamment au fameux casino de l'Urca (Rio de Janeiro), où Orson Welles devait le découvrir et le solliciter pour l'inachevé It's All True (1942). Son principal maître est le comique et cinéaste Mesquitinha, auprès de qui il fait ses apparitions initiales sur l'écran (João Ninguém, 1937 ; Onde Estás, Felicidade ?, 1939). Premier Noir protagoniste d'un film brésilien, il interprète Moleque Tião (José Carlos Burle, 1943), film à résonance sociale, qui trouve alors un unique prolongement, Também Somos Irmãos (id., 1949). Mais il doit sa popularité au tandem comique formé avec Oscarito, à partir de Tristezas não Pagam Dívidas (J. C. Burle et Ruy Costa, 1944). Ils deviennent les têtes d'affiche les plus prolifiques et les plus douées de la chanchada, d'abord sous la direction de Watson Macedo (Não Adianta Chorar, 1945 ; Este Mundo é um Pandeiro, 1947 ; Carnaval no Fogo, 1949 ; Aviso aos Navegantes, 1950), puis de Burle (Carnaval Atlantida, 1952 ; Barnabé Tu És Meu, id. ; Três Vagabundos, id.) et de Carlos Manga (Dupla do Barulho, 1953 ; Matar ou Correr, 1954), notamment. On le remarque aussi dans une comédie plus ambitieuse ( Amei um Bicheiro, Jorge Ileli et Paulo Wanderley, 1953), et auprès d'un précurseur du Cinema Novo (Rio Zona Norte, N. Pereira dos Santos, 1957). La nouvelle génération de réalisateurs reconnaît le talent de ce petit bonhomme espiègle, au rire généreux et à la naïveté feinte. On le voit donc élargir son registre dans l'Attaque du train postal (R. Farias, 1962) et surtout Macunaima (J. P. de Andrade, 1969), au succès duquel il apporte une contribution estimable. Il collabore ensuite au courant plus expérimental (O Rei do Baralho, J. Bressane, 1973) et joue à l'occasion un rôle dramatique avec aisance (Lúcio Flávio, o Passageiro da Agonia, H. Babenco, 1977), rappelant par la versatilité de sa maturité les ambitions du garçon fasciné par le Kid de Chaplin. On l'aperçoit encore dans Fitzcarraldo (W. Herzog, 1982), Quilombo (C. Diegues, 1984) et Bahia de tous les saints (N. Pereira dos Santos, 1986).

OTERO (Manuel)

cinéaste espagnol d'animation (Esponella, Catalogne, 1938).

D'abord décorateur de films publicitaires (Un atome qui vous veut du bien, Lutte contre le froid...), il réalise des films pédagogiques pour la télévision, puis fonde avec Jacques Leroux, un ancien des « Gémeaux », son propre studio, Cinémation. Il y tourne en toute liberté de petites merveilles d'horlogerie comme l'Île aux cactus (1961), Atome Tilt (1964), Contrepied (1965), la Ballade d'Émile (1966) en hommage au pionnier français Émile Cohl, Arès contre Atlas (grand prix du festival d'Annecy 1967), etc. L'un de ses films, Rails, soutenu par une bande son d'une grande richesse, est digne de McLaren. À partir des années 70, il s'engage dans la production, permettant notamment l'émergence de jeunes réalisateurs suisses (Daniel Suter, Claude Luyet, Georges Schwizgebel) avec le film collectif Patchwork (1969). Otero est également à l'origine d'une expérience originale de diffusion en circuit Art et Essai de dessins animés de toute provenance, qui a largement contribué à une meilleure connaissance de l'animation.