Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SCHUSTER (Harold)

cinéaste américain (Cherokee, Iowa, 1902 - West Lake Village, Ca., 1986).

Acteur, assistant opérateur, puis monteur (l'Aurore, F. W. Murnau, 1927 ; Zoo in Budapest, R. V. Lee, 1933), il devient réalisateur en 1937. Tenu pour un solide technicien, célébré par quelques spécialistes du western pour Jack Slade le damné (Jack Slade, 1953), il fut surtout un exécutant de films pour enfants (Mon amie Flicka [My Friend Flicka], 1943) et de films d'aventures exotiques à petit budget (Zanzibar, 1940), parmi lesquels l'un des derniers Tarzan : Tarzan chez les Soukoulous (Tarzan's Hidden Jungle, 1955).

SCHÜTTE (Jan)

cinéaste allemand (Mannheim 1957).

Journaliste pour la presse et la télévision, il réalise quelques documentaires et accède au long métrage en 1987, avec le Repas du dragon (Drachenfutter). Programmé dans de nombreux festivals, ce film sur deux travailleurs immigrés qui ouvrent un restaurant à Hambourg fait preuve de solides qualités dans son humanisme discret et son réalisme sans mélodrame. Les Voyages de Winckelmann (Winckelmanns Reisen, 1990), tournés en noir et blanc comme le précédent, est une sorte de road-movie cocasse et désenchanté le long des côtes allemandes. Le cinéaste préserve ses qualités d'humour et de lucidité dans son troisième film, Auf Wiedersehen Amerika (1993), qui montre de vieux juifs polonais quittant Brooklyn pour revenir en Europe. Il tourne en 1998 Un monde graisseux (Fette Welt), sur l'univers de jeunes marginaux et en 2000 une fiction sur les derniers jours de Brecht, l'Adieu (Abschied-Brecht letzter Sommer).

SCHUTZ (Henri Schutzenberger, dit Maurice)

acteur français (Paris 1866 - id. 1955).

Grand, sec, le visage osseux, la voix cassée, il vient tardivement au cinéma mais sait s'y faire remarquer. Aussi bien dans le muet : le Fantôme du Moulin-Rouge (R. Clair, 1925), le Voyage imaginaire (id., 1926), Napoléon (A. Gance, 1927), Verdun, visions d'histoire (L. Poirier, 1928), la Passion de Jeanne d'Arc (C. Dreyer, 1928), qu'au parlant, qui utilise son talent à croquer des silhouettes malicieuses : Goupil Mains Rouges, Jacques Becker, rôle de Goupil l'Empereur, 1943 ; Retour à la vie (épisode : le Retour de Jean, H. -G. Clouzot, 1949) ; Miquette et sa mère (id., 1950).

SCHWARZENEGGER (Arnold)

acteur américain (Graz, Autriche, 1947).

Engagé dès l'âge de quinze ans dans une carrière de culturiste, il remporte de nombreux prix en ce domaine avant d'abandonner la compétition en 1975. C'est en tant que culturiste qu'il débute au cinéma, sous le nom d'Arnold Strong, dans Hercules in New York (Arthur Seidelman, 1970). Figurant dans le Privé (Robert Altman, 1973), tenant un petit rôle dans Stay Hungry (Bob Rafelson, 1976), incarnant le plus célèbre acteur culturiste avant lui, Mickey Hargitay, dans The Jayne Mansfield Story (Dick Lowry, 1980, à la télévision), il affirme son envergure, après qu'un documentaire sur les compétitions a révélé ses qualités de comédien, Arnold le magnifique (Pumping Iron, George Butler et Robert Fiore, 1977), dans le personnage mythique de Conan que John Milius a recréé (Conan le Barbare, 1982). Dès lors, dans des genres populaires : épopée fantastique (Conan le Destructeur, 1984, et Kalidor, 1985, de Richard Fleischer), science-fiction (Terminator, James Cameron, 1985 ; The Running Man, Paul Michael Glaser, 1987), aventures mâtinées de science-fiction (Predator, John McTiernan, 1987) ou de politique (Commando, Mark L. Lester, 1985), il manifeste force physique, maîtrise des armes et ingéniosité dans des intrigues semblables qui l'amènent toutes à se surpasser ; ce qui fait de lui, auprès du public, un rival de Sylvester Stallone, mais il sait nuancer d'humour son personnage. Devenu producteur, il aborde la comédie policière (Double Détente, Walter Hill, 1988). Il tient également le haut de l'affiche dans le Contrat (Raw Deal, John Irvin, 1986), Jumeaux (Twins, Ivan Reitman, 1988), Kindergarten Cop (id., 1990), Total Recall (Paul Verhoeven, id.), Terminator II (Cameron, 1991). On le voit ainsi de plus en plus alterner les films d'action, dont sa carrure monolithique et ses muscles impressionnants sont la seule justification, et les comédies qui ironisent, parfois cruellement, sur son personnage. Il est par exemple tout à son honneur d'avoir accepté Last Action Hero (John McTiernan, 1993), où, avec humour et courage, il se livre à une mordante autoparodie. Mais le succès n'est pas au rendez-vous, pas plus que pour Junior (I.Reitman, 1994), plus médiocre il est vrai. Son public préfère le voir dans de délirants et dispendieux films d'action comme True Lies (J. Cameron, 1994) ou l'Effaceur (Eraser, Charles D. Russell, 1996). Il compose un délicieux « méchant » dans Batman et Robin (id., Joël Schumacher, 1997) : Mister Freeze !

SCHYGULLA (Hanna)

actrice allemande (Kattowitz [auj. Katowice, Pologne] 1943).

C'est dans un cours d'art dramatique de Munich qu'elle rencontre Rainer Werner Fassbinder (1966). Elle le rejoint peu après dans le groupe théâtral dont il devient le principal animateur (Action-Theater, puis Antiteater). C'est ainsi qu'on peut la voir dans le petit film de Jean-Marie Straub le Fiancé, la Comédienne et le Maquereau (1968), puis dans les premiers longs métrages de Fassbinder : elle a, en 1969, le principal rôle féminin de L'amour est plus froid que la mort, Katzelmacher et les Dieux de la peste. Elle se dépeint à cette époque comme « un ange des arrière-cours, la Marilyn des faubourgs, une somnambule du no man's land ». On la voit de 1969 à 1974 dans la quasi-totalité des films de Fassbinder, dans de petits rôles ou en vedette, et ses prestations dans Prenez garde à la sainte putain (1970), les Larmes amères de Petra von Kant (1972), Effi Briest (1972-1974) sont les plus remarquées. Elle tourne par ailleurs avec d'autres cinéastes allemands tels Wim Wenders (Faux Mouvement, 1974). Après quelques années d'interruption, elle collabore de nouveau avec Fassbinder qui en fait une des stars du cinéma allemand : le Mariage de Maria Braun (1979) et Lili Marleen (1980). Ces deux films et l'audience croissante de l'œuvre de Fassbinder hors d'Allemagne lui apportent de nombreuses propositions. Elle connaît alors sa période la plus faste, tournant avec quelques-uns des cinéastes européens les plus en vue, dont Scola (la Nuit de Varennes, 1982), Godard (Passion, id.), Wajda (Un amour en Allemagne, 1983), Saura, Ferreri, tout en poursuivant sa collaboration avec les Allemands Schlöndorff (le Faussaire, 1981) et Margarethe von Trotta (l'Amie, 1982). Si les années 90 semblent lui offrir moins de rôles majeurs, elle continue néanmoins d'apporter son concours au cinéma d'auteur et à divers films de télévision.