Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
T

THURMAN (Uma)

actrice américaine (Boston, Mass., 1970).

A 18 ans ce déjà ancien mannequin fit une entrée remarquée à l'écran dans Les Liaisons dangereuses (S. Frears, 1988) : pâle et innocente, mais aussi mutine, elle y était une très mémorable Cécile de Volanges. Elle n'a que 20 ans quand elle assure avec autorité le rôle difficile de June, l'épouse d'Henry Miller dans Henry & June (P. Kaufman, 1990). Depuis, cette ravissante blonde, grande et mince, occupe également une place importante parmi les actrices de sa génération. Elle possède une capacité à surprendre le spectateur grâce à l'éclectisme de ses rôles et à l'audace de ses choix. Brune à la Louise Brooks, elle était une poupée de gangster camée jusqu'à la moelle dans Pulp Fiction (Q. Tarantino, 1994), un personnage apprécié à la fois de la critique et du public. Mais on aurait tort d'oublier l'héroïne innocente et aveugle de Jennifer 8 (Bruce Davidson, 1992), le touchant « cadeau » du gangster dans Mad Dog and Glory (John McNaughton, id.) où elle affrontait avec aplomb Robert De Niro. Plus que sa prestation utilitaire dans Vatel (Roland Joffé, 2000) on retiendra la protagoniste glacée de Bienvenue à Gattaca (Andrew Niccol, 1997), qui cachait sous les vêtements sombres et stricts une sensibilité à fleur de peau.

THX.

Marque sous laquelle G. Lucas a proposé un agencement de la reproduction sonore dans les salles de cinéma en multicanal 5.1. L'originalité du procédé consiste essentiellement à insérer les enceintes acoustiques d'écran dans un mur (mur THX) pour améliorer le rendement acoustique aux fréquences basses. Il s'agit en fait d'une sorte de label qui garantit cette qualité, l'installation ne pouvant comporter que des équipements ayant reçu l'agrément de THX.

TIAN HAN

dramaturge et scénariste chinois (Changsha Xian, prov. du Hunan, 1898-1968).

Diplômé de l'école normale de Changsha puis étudiant à Tokyo. De retour en Chine, en 1921, il travaille dans une maison d'édition et anime un journal littéraire. Membre actif de l'intelligentsia de l'époque, il fonde avec Ouyang Yuqian et Hong Shen la Société théâtrale, à laquelle est rattaché un institut qui jouera un rôle important dans la formation des jeunes acteurs et une compagnie cinématographique où il essaie de réaliser son scénario ‘ Vers le peuple ’ (Dao minjianqu, 1926). L'année suivante, il écrit et tente à nouveau de diriger, dans le cadre de l'école des Beaux-Arts de Shanghai où il est professeur, le film la Flûte brisée (Duandi yuyin) sur la vie des étudiants, inachevé. La même année, il écrit le scénario de ‘ Rêve printanier au bord du lac ’ (Bu Wancang, 1927). Au début des années 30, il rejoint les communistes et joue un rôle important dans leurs activités cinématographiques. Jusqu'en 1949, il écrit les scénarios d'une vingtaine de films. Pour la compagnie Yihua, il participe au titre de scénariste à quatre œuvres de Bu Wancang : ‘ Lumière maternelle ’ (1933), ‘ Trois Femmes modernes ’ (id.), ‘ l'Âge d'or ’ (1934) et ‘ Chant de victoire ’ (1935), et signe lui-même le scénario et la réalisation de ‘ Survie de la nation ’ (Minzu shengcun, 1933). Pour la Diantong, il écrit en collaboration avec Xia Yan ‘ les Enfants d'une époque troublée ’ (Fengyun ernü, Xu Xingzhi, 1935) et pour la Xinhua ‘ la Marche de la jeunesse ’ (Shi Dongshan, 1937). Au moment de la déclaration de guerre, il est actif dans l'organisation des activités théâtrales patriotiques. À Chongqing, il écrit le scénario de ‘ la Marche de la victoire ’ (id., 1940). Après la guerre, c'est ‘ Souvenirs du Sud ’ (Yi jiangnan, Ying Yunwei, Wu Tian, 1947), ‘ Trois Destinées ’ (Liren xing, Chen Liting, 1949) et ‘ le Martyr du jardin des poiriers ’ (Liyuan yinglie, Zheng Xiaoqiu, 1949). Ensuite, il se consacre au théâtre pour lequel il n'a pas écrit moins d'une centaine de pièces, dont certaines ont été portées à l'écran, comme ‘ la Ballade du réservoir des treize tombeaux des Ming ’ (Shisanling changxiangqu, Jin Shan, 1958) et ‘ Guan Hanqing ’ (id., Xu Tao, 1960). Ses pièces sont violemment critiquées dès 1963 et il est l'objet d'une campagne nationale en 1964. Arrêté au début de la révolution culturelle, il meurt en prison deux ans après. Dramaturge d'un immense talent, Tian Han est l'une des figures les plus marquantes du cinéma de gauche des années 30 et 40. Il est aussi l'auteur de chansons célèbres et de l'hymne national.

TIAN ZHUANGZHUANG

cinéaste et compositeur chinois (Pékin 1952).

Fils de l'acteur et cinéaste Tian Fang et de l'actrice Yu Lan. Envoyé à la campagne dans la province du Jilin en 1968, puis militaire pendant cinq ans, il entre en 1978 à l'Institut de cinéma, où il se forme à la prise de vues et à la réalisation. Il est très remarqué pour sa première œuvre sur la vie de trois handicapés, Notre coin (Womende jiaoluo, 1982), longtemps interdite, suivie par l'Espace d'un été (Xiatiande jingli, 1983) et l'Éléphant rouge (Hong xiang, CO Zhang Jianya et Xie Xiaojing, 1983), un film pour enfants. Après la réalisation en Mongolie de la Loi du terrain de chasse (Lieshang zhasa, 1985), une fiction très proche du documentaire dans sa représentation sans fard de la réalité brute, et de le Voleur de chevaux (Dou ma zai, 1986), tourné au Tibet et dont il compose la bande originale, il est considéré comme l'un des chefs de file de la cinquième génération. Les deux films sont des réussites artistiques, mais des échecs financiers. Pour s'assurer du soutien des autorités, il signe deux films de divertissement conventionnels : Joueurs de tambour (1987) et Enfants du Rock'n'Roll (1998). Plus personnels, ses deux films suivants, Li Lianying, eunuque impérial (Da taijian Li Lianying 1991) et le Cerf-volant bleu (Lan fengzheng, 1993), sont coproduits par des sociétés hongkongaises. Le Cerf-volant bleu, qui remporte le Grand Prix du Festival de Tokyo en 1993, porte pour la première fois à l'écran les campagnes politiques des années 50 — sujet resté tabou jusqu'aujourd'hui. Tian Zhuangzhuang a aussi composé la musique de deux films de Chen Kaige : le Roi des enfants (1987) et la Vie sur un fil (1991). Ces dernières années, il a produit de nombreux films de jeunes auteurs chinois, notamment So close to Paradise (Wang Xiaoshuai, 1999), dans lequel il tient aussi un rôle.