Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ROQUEVERT (Noël Benevent, dit Noël)

acteur français (Doué-la-Fontaine 1892 - Douarnenez 1973).

De petits rôles en petits rôles (il commence par l'Étroit Mousquetaire de M. Linder en 1922), il finit par se faire remarquer avec son regard à la Ben Turpin, son débit saccadé, sa figure en lame de couteau et sa façon abrupte de jouer des personnages obtus et les râleurs impénitents. Il fait partie des Otages (R. Bernard, 1939), mais c'est L'assassin habite au 21 (H.-G. Clouzot, 1942) qui le met en évidence. Il tourne dès lors sans s'arrêter. Avec Clouzot encore (le Corbeau, 1943 ; Retour à la vie [sketch : le Retour de Jean], 1949 ; les Diaboliques, 1955), avec Becker (Dernier Atout, 1942 ; Antoine et Antoinette, 1947), Duvivier (Marie-Octobre, 1959 ; le Diable et les Dix Commandements, 1962), Christian-Jaque (la Symphonie fantastique, 1942 ; Fanfan la Tulipe, 1952 ; Madame du Barry, 1954 ; Nana, 1955 ; La loi, c'est la loi, 1958 ; Babette s'en va-t'en guerre, 1959). Ayant mis au point un personnage efficace de vieille baderne, il le promène dans de multiples films signés Decoin, Boisrond, Vernay, Cayatte ou Hunebelle, et demeure jusqu'à la fin de sa vie un acteur extrêmement populaire du cinéma français.

ROSAS (Enrique)

cinéaste mexicain (†  Mexico 1920).

Ce pionnier est d'abord exploitant ambulant (1899), puis opérateur d'actualités (vers 1904), associé aux frères Alva (1908). Ses premières incursions dans la fiction dateraient de 1909 (El rosario de Amozoc, Don Juan Tenorio). Il contribue à fixer sur la pellicule la révolution mexicaine (Revolución en Veracruz, 1912). Au cours des années 10, il s'associe à l'actrice Mimí Derba et tourne aux studios Azteca des films inspirés des mélodrames italiens (1917). Mais sa réputation repose sur un des rares films muets conservés, sans doute grâce à une exploitation inhabituellement prolongée : El automóvil gris (CO Joaquin Coss et Juan Canals de Homes, 1919). L'influence des serials à l'américaine est perceptible dans cette reconstitution, en épisodes, des exactions d'une bande qui opérait sous uniforme militaire. L'œuvre est filmée dans les rues de Mexico avec un souci d'authenticité qui amène à insérer, à la fin, les images de l'exécution des délinquants ayant inspiré cette œuvre charnière, laquelle marque la transition entre le document primitif et la mise en scène des éléments dramaturgiques en fonction des goûts du public ou des intérêts établis.

ROSATI (Giuseppe)

musicien italien (Rome 1903 - id. 1962).

Auteur de musiques symphoniques et de partitions pour le théâtre, Rosati travaille pour le cinéma pendant une dizaine d'années. Il collabore d'abord avec Mario Soldati pour la musique de Tragica notte (1942) et de Malombra (id.). L'année suivante, il signe son œuvre la plus ambitieuse, la partition d'Ossessione de Visconti. Après la guerre, on le trouve encore au générique : Le soleil se lève toujours (A. Vergano, 1946) ; Chasse tragique (G. De Santis, 1948) ; Pour le bonheur de sa fille (La grande rinuncia, Vergano, 1951).

ROSAY (Françoise Bandy de Nalèche, dite Françoise)

actrice française (Paris 1891 - id. 1974).

L'autorité naturelle de l'actrice, son talent, son savoir-faire, qui la conduisent sans heurts de la comédie au drame, doivent beaucoup pour leur épanouissement au fait qu'elle fut l'épouse et la collaboratrice d'un grand cinéaste : Jacques Feyder. Elle lui doit le meilleur de ses succès depuis Gribiche (1926) jusqu'à Macadam (1946), où il supervise le travail de Marcel Blistène. Ce sont Si l'empereur savait ça (1930), le Grand Jeu (1934) et Pension Mimosas (1935), la Kermesse héroïque (id., elle est la bourgmestre Cornélia), Une femme disparaît (1942). Dans le sillage de Feyder, son assistant Carné la choisit pour être Jenny (1936) et Margaret Molyneux dans Drôle de drame (1937). Elle tourne beaucoup, passant de la Symphonie des brigands (F. Feher, 1936) au Carnet de bal (J. Duvivier, 1937) et s'égarant parfois du côté d'André Berthomieu et de Fernand Rivers. On l'apprécie aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne, où elle triomphe dans la double version des Gens du voyage (Feyder, 1938). La Suisse, puis la Grande-Bretagne l'abritent pendant la guerre, elle y tourne quelques films, retrouve la France, partage avec Fernandel le succès de l'Auberge rouge (C. Autant-Lara, 1951), joue à merveille le sketch de l'Orgueil dans les Sept Péchés capitaux (id., 1952), va en Italie, en revient, et s'affirme toujours cocasse et brusque dans Trois Milliards sans ascenseur (R. Pigaut, 1972). Elle avait pensé d'abord faire une carrière lyrique et avait chanté à l'Opéra. Son livre la Traversée d'une vie (1974) retrace avec esprit un itinéraire dominé par la volonté, l'intelligence et la fermeté.

ROSENBERG (Stuart)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1928).

Après des études littéraires et une abondante carrière télévisuelle, Stuart Rosenberg coréalise avec Burt Balaban un bon policier Murder Inc (Meurtre société anonyme, 1960). Ses qualités et ses limites s'y lisent clairement : cinéaste au métier solide, sachant faire honneur à un bon scénario et à de bons acteurs, il n'a pas une personnalité très forte. Le meilleur de lui-même, il le donne en servant Paul Newman dans Luke la Main froide (Cool Hand Luke, 1967), Wusa (1970), les Indésirables (Pocket Money, 1972), la Toile d'araignée (The Drowning Pool, 1975), et Walter Matthau dans le Flic ricanant (The Laughing Policeman, 1973, peut-être ce que Rosenberg a fait de mieux). Mais il est aussi capable du pire : Amityville/la Maison du diable (The Amityville Horror, 1979). Il a repris Brubaker (1979) des mains de Bob Rafelson. Il signe ensuite le Pape de Greenwich Village (The Pope of Greenwich Village, 1986), My Heroes Have Always Been Cowboys (1991).

ROSENMAN (Leonard)

musicien américain (New York, N. Y., 1924).

Artiste peintre, il s'est tourné vers la musique après la Seconde Guerre mondiale. Il étudie la théorie musicale et la composition avec Arnold Schoenberg. Ses premières compositions pour le cinéma datent des années 1950. Il a également écrit des œuvres chorales, de la musique de chambre et un opéra en un acte. Ses transcriptions d'œuvres classiques pour le Barry Lindon de Stanley Kubrick resteront exemplaires, à la fois comme modèle de collaboration avec un réalisateur et d'adéquation à des images de musiques préexistant au film.