Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CADENCE.

Vitesse de défilement du film, exprimée en images par seconde.

CADENCE.

Depuis l'apparition du son par piste optique latérale ( PROCÉDÉS DE CINÉMA SONORE), la cadence de projection est standardisée à 24 images/seconde, les seules exceptions notables ayant été le Cinérama (26 im. /s) et les tout premiers films en Todd-A. O (30 im. /s). Il arrive toutefois que certaines salles projettent à 25 images/seconde, ce qui est aussi la cadence de la télévision : les mouvements sont un peu plus rapides et les sons un peu plus aigus qu'à la cadence normale, mais ces effets sont quasi imperceptibles. (La seule conséquence appréciable est qu'un film de durée normale de 1 h 30 ne dure plus que 1 h 27 min.)

La cadence de prise de vues est évidemment de 24 images/seconde elle aussi, sauf effet de ralenti ou d'accéléré.

Les films muets étaient en principe tournés et projetés, à la manivelle, à 16 images/seconde, et ils le furent effectivement dès que se généralisa l'entraînement par moteur électrique. Leur projection à la cadence actuelle entraîne donc une accélération très nette des mouvements. (Rares sont les projecteurs susceptibles de fonctionner à 24 et à 16 im. /s) Le seul remède est une remise à cadence : au tirage, on double une image sur deux, 16 images de l'original donnant ainsi 24 images ; en règle générale, l'œil ne discerne pratiquement pas la supercherie. Normalement, l'opération s'accompagne d'une remise au format, c'est-à-dire que l'intégralité de l'image muette est reproduite, par tirage optique, dans le cadre de l'image sonore actuelle. ( FORMAT.)

En fait, tant que l'on « tourna à la manivelle » (jusque dans les années 20), les films muets furent rarement tournés à 16 images/seconde exactement, mais entre 12 et 20 images/seconde selon l'opérateur et la caméra. Avant une remise à cadence, il faut donc s'efforcer de déterminer la cadence de prise de vues : vers 12 images/seconde, on doublera chaque image ; à 20 images/seconde, on n'en doublera aucune.

Les premiers films parlants à son sur disques synchronisés furent eux aussi tournés à 16 images/seconde. Mais ce fut le procédé à piste latérale qui s'imposa. ( PROCÉDÉS DE CINÉMA SONORE.) À 16 images/seconde, le défilement du film était trop lent pour que cette piste restitue les aigus de façon satisfaisante. De toute façon, il s'était avéré que 16 images/seconde étaient insuffisantes pour une bonne restitution visuelle des mouvements. ( PRINCIPE DU CINÉMA.) Le passage à 24 images-seconde résulte de la conjugaison de ces deux motifs.

CADRAGE.

Action consistant à positionner correctement l'image par rapport à la fenêtre de la caméra ou du projecteur. Par extension, façon de positionner le sujet filmé à l'intérieur du cadre de prise de vues : cadrage large, cadrage serré. ( SYNTAXE, PROJECTION.)

CADRE.

Limite de l'espace visuel enregistré sur le film. Faire le cadre (fam.), cadrer.

CADRER.

Effectuer le cadrage.

CADREUR.

Technicien responsable du maniement de la caméra pendant la prise de vues. ( GÉNÉRIQUE.)

CAGE (Nicholas Coppola, dit Nicolas)

acteur américain (Long Beach, Ca., 1964).

C'est à son oncle, Francis Ford Coppola, qu'il doit ses rôles : Rusty James (1983), Cotton Club (1984) et Peggy Sue s'est mariée (1986). Ce dernier film montrait bien que l'acteur n'était pas prisonnier d'un physique de teenager et que son talent n'attendait que l'éclosion. Elle se produisit en 1987 avec Arizona Junior (J. Coen), où la drôlerie du flic pataud qu'il incarnait fut remarquée par la critique, et avec Éclair de lune (N. Jewison), qui le fit adopter du grand public. Depuis, son talent n'a cessé de grandir, s'essayant à des rôles extrêmement variés, alternant la nuance et la flamboyance avec un rare bonheur. Dans le premier registre, plus que l'écrivain alcoolique de Leaving Las Vegas (id., Mike Figgis, 1995) qui lui valut l'Oscar du meilleur acteur, on préférera l'ambulancier tragique de À tombeau ouvert (M. Scorsese, 2000), figure christique qui porte sur lui toute la douleur du monde. Dans le second registre, demeuré bestial, il enflamma la jeunesse dans Sailor et Lula (D. Lynch, 1991) ; mais son interprétation plus épisodique du malfrat vêtu de blanc dans Kiss of Death (B. Schroeder, 1995) était plus raffinée. Il allait encore la surpasser avec celle du criminel démoniaque de Volte/Face (J. Woo, 1997), véritable incarnation satanique qui surgit à l'écran sous la soutane d'un prêtre lubrique au cours d'un concert de musique sacrée. En 2001, après avoir interprété Capitaine Corelli de John Madden, il tourne à nouveau avec John Woo dans Wind Talkers.

CAGNEY (James)

acteur américain (New York, N. Y., 1899 - Stanfordville, N. Y., 1986).

Issu d'un milieu modeste, imprégné de traditions irlandaises, James Cagney entre dans la vie active à l'âge de quatorze ans. Après avoir exercé de nombreux petits métiers, il débute dans le spectacle comme décorateur de théâtre et fait sa première apparition à la scène en 1919. Pendant six ans, il s'illustre au cabaret avec sa femme, Frances, et décroche ses premiers rôles marquants dans Outside Looking In et Penny Arcade, dont l'adaptation cinématographique, Sinners ' Holiday (1930), inaugure sa longue et tumultueuse association avec la Warner Bros.

L'image de Cagney se fixe en l'espace de trois films : cabochards, agressivement virils, durs et tendres à la fois, ses personnages incarnent les valeurs et les rêves de conquête des classes laborieuses. Bagarreurs et vantards, appelés à un prompt succès, leur courage, leurs réflexes et leur humour leur permettent de survivre dans la jungle urbaine. Les circonstances en font parfois des criminels, mais ils restent, dans leurs actions les plus répréhensibles, fidèles aux valeurs dominantes de la société américaine. Les plus endurcis de ces héros des bas-fonds conservent avec leur milieu d'origine des liens affectifs étroits. Ils s'entourent d'amis fidèles, qui garantissent en eux la présence d'une innocence inaltérable.

Né de la Dépression, le personnage de Cagney, tel que le définit magistralement l'Ennemi public (1931), gardera pendant dix ans un caractère juvénile : turbulent, excessif, mais fondamentalement bon. Sa petite taille, son apparente fragilité soulignent cet aspect enfantin, que compensent un incessant et prodigieux déploiement d'énergie, une attitude permanente de défi, une tension musculaire jamais relâchée. Postures familières : l'acteur se dresse sur ses ergots, remonte sa ceinture d'un geste nerveux ; bras collés au corps, ou pointant vers son interlocuteur un index menaçant, avec l'esquisse d'un rictus...