Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CHEUNG (Cheung Man-Yuk, dit Maggie)

actrice chinoise (Hong Kong, 1964).

Jusqu'en 1988, on la voit uniquement dans des films très commerciaux comme Police Story (Jackie Chan, 1985), qui la rendent populaire dans toute l'Asie. Ses collaborations avec Wong Kar-wai (As Tears Go by, 1988 ; Nos années sauvages, 1990) dévoilent une actrice au répertoire beaucoup plus riche. Des cinéastes de la Nouvelle Vague font alors appel à elle : Stanley Kwan (Full Moon in New York, 1989), Ann Hui (Chant de l'exil, 1990), Yim Ho (Red Dust, id.), Tsui Hark (Green Snake, 1993). En incarnant, dans Center Stage (Stanley Kwan, 1992), Ruan Lingyu, l'égérie du cinéma shanghaien du début des années 30, elle remporte le prix d'interprétation au Festival de Berlin. En 1994, à la suite de les Cendres du temps (Wong Kar-wai) et après plus de 60 films tournés en dix ans, son rythme de travail diminue sensiblement. Tout en poursuivant une carrière à Hong Kong, notamment Comrades, Almost a Love Story (Peter Chan, 1996), elle tient à nouveau le rôle d'une actrice chinoise dans Irma Vep (Olivier Assayas, id.), et apprend le français pour Augustin, roi du kung-fu (Anne Fontaine, 1999). In the Mood for Love (Wong Kar-wai, 2000) la consacre sur la scène internationale.

CHEVALIER (Maurice)

acteur et chanteur français (Paris 1888 - id. 1972).

Celui que Broadway, qui l'avait adopté, appelait « the King » commence une carrière d'acrobate qu'un accident arrête très vite. Il fait alors des numéros de cabaret dans des boîtes assez minables de Ménilmontant, à Bruxelles (sa mère est d'origine belge). Il a de l'abattage : les Folies-Bergère, puis le théâtre du Boulevard le font connaître, type du titi parisien qui trouve quelques petits rôles au muet. Du Boulevard et du cabaret à l'opérette, il affine, à défaut de sa voix, sa silhouette, son maintien, son métier. Il est un professionnel des planches, et c'est ce que l'Amérique lui reconnaît, d'emblée, lorsqu'il y débarque, engagé par la Paramount, en 1929, pour tourner, le plus souvent, les deux versions, américaine et française, de ses meilleurs films parlants : Parade d'amour (E. Lubitsch), le Petit Café (L. Berger, 1930), le Lieutenant souriant, avec Claudette Colbert (Lubitsch, 1931), puis aux côtés de Jeannette McDonald dans Une heure près de toi (id., 1932). Mamoulian le dirige dans Aimez-moi ce soir la même année, et, en 1934, il retrouve, dans la Veuve joyeuse et pour la MGM cette fois, la « Lubitsch touch ». Chevalier a du charme, un peu parvenu, un peu canaille — assez bien gommé par Lubitsch dans le rôle du prince Danilo. Il revient en France, à l'écran et au music-hall. Son personnage, même en frac, est fixé. Le canotier a supplanté la casquette de Ménilmuche, mais il joue, au bras de Josette Day, l'ouvrier au goût du temps dans l'Homme du jour (J. Duvivier, 1937). L'optimisme facile, la lippe sûre, gourmande, gouailleuse, il plaît ou il exaspère par on ne sait quoi de superficiel, une note aussi de vulgarité satisfaite dont Ma pomme (M. -G. Sauvageon) est toute l'illustration. À Hollywood, il s'était parfaitement intégré au courant d'appropriation du music-hall et à la vogue de l'opérette filmée. Son exemple demeure d'abord de prouver la vertu du professionnalisme ; son image, celle d'une France de pacotille, mais populaire.

Films :

Trop crédule (J. Durand, CM, 1908) ; Un marié qui se fait attendre (L. Gasnier, CM, 1911) ; la Mariée récalcitrante (id., CM, id.) ; Par habitude (M. Linder, CM, id.) ; la Valse renversante (G. Monca, CM, 1917) ; Une soirée mondaine (H. Diamant-Berger, CM, id.) ; le Match Criqui-Ledoux (id., CM, 1922) ; le Mauvais Garçon (id., CM, id.) ; Gonzague (id., MM, 1923) ; Jim Bougne boxeur (id., MM, id.) ; l'Affaire de la rue de Lourcine (id., MM, id.) ; Par habitude (id., CM, remake, 1924) ; Bonjour New York ! (R. Florey, CM, 1928) ; la Chanson de Paris / Innocents of Paris (Richard Wallace, 1929, vers. amér. et franç.) ; Parade d'amour/ The Love Parade (Lubitsch, id., vers. amér. et franç.) ; Paramount on Parade (CO 1930, vers. amér. et plus. versions étrangères) ; la Grande Mare / The Big Pond (Hobart Henley, id., vers. amér. et franç.) ; le Petit Café / Playboy of Paris (L. Berger, id., vers. amér. et franç.) ; El Cliente Seductor (Florian Rey, CM, 1931) ; The Stolen Jewels (William McCann, CM, id.) ; le Lieutenant souriant / The Smiling Lieutenant (Lubitsch, id., vers. amér. et franç.) ; Toboggan (H. Decoin, CM, 1933) ; Une heure près de toi / One Hour With You (Lubitsch, id., vers. amér. et franç.) ; Make Me a Star (W. Beaudine, id., caméo) ; Aimez-moi ce soir (R. Mamoulian, id.) ; Monsieur Bébé (N. Taurog, 1933) ; l'Amour guide / The Way to Love (id., id., vers. amér. et franç.) ; la Veuve joyeuse / The Merry Widow (Lubitsch, 1934, vers. amér. et franç.) ; l'Homme des Folies-Bergère / Folies-Bergère (R. del Ruth, 1935, vers. amér. et franç. [dirigée par M. Achard]) ; le Vagabond bien-aimé (C. Bernhardt, 1936) ; l'Homme du jour (J. Duvivier, 1937) ; Avec le sourire (M. Tourneur, id.) ; Fausses Nouvelles (R. Clair, 1938) ; Pièges (R. Siodmak, 1939) ; Le silence est d'or (R. Clair, 1947) ; Paris 1900 (DOC, N. Védres, 1948) ; le Roi (Marc-Gilbert Sauvageon, 1950) ; Ma pomme (Sauvageon, id.) ; Schlager-parade (E. Ode, caméo, 1953) ; Un siècle d'amour (Cento anni d'amore [Lionello De Felice], id.) ; J'avais sept filles (Jean Boyer, 1954) ; Rendez-vous avec Maurice Chevalier (DOC, 1956) ;  Ariane (B. Wilder, 1957), Gigi (V. Minnelli, 1958) ; J'ai épousé un Français (Count Your Blessings [J. Negulesco], 1959) ; Can-Can (W. Lang, 1960) ; les Collants noirs (T. Young, id., narrateur) ; Un scandale à la cour (M. Curtiz, id.) ; Pepe (G. Sidney, id., caméo) ; Fanny (J. Logan, 1961) ; la Sage-Femme, le Curé et le Bon Dieu (Jessica [Negulesco], 1962) ; les Enfants du Capitaine Grant (In Search of the Castaways [R. Stevenson], id.) ; la Fille à la casquette (A New Kind of Love [M. Shavelson], 1963, caméo) ; Panic Button (G. Sherman, 1964) ; Deux Fiancés sur les bras (I'd Rather Be Rich, J. Smight, id.) ; Monkeys Go Home ! (A. McLaglen, 1967) ; les Aristochats (Wolfgang Reitherman, 1970, chanson-titre seulement).