Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
K

KEATON (Diane Hall, dite Diane)

actrice américaine (Los Angeles, Ca., 1946).

Elle a le physique d'une jeune femme très peu remarquable. C'est sans doute pourquoi Francis Ford Coppola lui a fait symboliser une certaine norme dans le Parrain (1972). C'est aussi la raison pour laquelle elle faisait sensation en éducatrice dévouée qui recherchait l'aventure et le danger dans la drague solitaire (À la recherche de Monsieur Goodbar, R. Brooks, 1977). Woody Allen, dont elle partagea un moment la vie, sut lentement faire émerger d'elle le meilleur. Les trois versions qu'elle a données du même personnage d'intellectuelle new-yorkaise, à la fois libérée et bloquée, sont très réussies dans le comique (Annie Hall, 1977), le tragique (Intérieurs, 1978) et le tragi-comique (Manhattan, 1979). Là, son abattage de comédienne et sa sensibilité d'écorchée explosent en un cocktail inattendu. Dans Reds (W. Beatty, 1981), elle se taille la part du lion et compose une Louise Bryant d'une grande vérité humaine. Si elle n'a pas le mystère qui fait les stars, elle a un tempérament rare, celui qui peut faire les grandes actrices. Parmi ses autres films, citons Guerre et Amour (W. Allen, 1975) ; l'Usure du temps (A. Parker, 1982) ; Comédie érotique d'une nuit d'été (W. Allen, id.) ; la Petite Fille au tambour (G. Roy Hill, 1984) ; Mrs. Soffel (G. Armstrong, 1985) ; Crimes du cœur (B. Beresford, 1986) ; Radio Days (W. Allen, 1987) ; Baby Boom (Charles Shyer, id.) ; le Prix de la passion (The Good Mother, Leonard Nimoy, 1988) ; le Parrain III (F.F. Coppola, 1991). Elle passe à la réalisation en 1987 avec Heaven, montage d'interviews et d'extraits de films sur le thème du paradis, en 1995 avec les Liens du souvenir (Unstrung Heroes) et en 1999 avec Raccroche ! (Hangin'up). En 1993, elle vole au secours de Woody Allen, harcelé par les déboires conjugaux, et elle remplace Mia Farrow dans Meurtre mystérieux à Manhattan. Épouse curieuse et bavarde de Woody, elle croit avoir découvert un crime et nous retrouvons intactes la drôlerie et la complicité du couple. En 1996, elle est l'une des vedettes du grand succès le Club des ex (The First Wives Club, Hugh Wilson) et en 1998 elle est émouvante en cancéreuse dans Simples Secrets (Marvin's Room, Jerry Zaks).

KEATON (Michael Douglas, dit Michael)

acteur américain (Coraopolis, Pa., 1951).

Tim Burton plongea la profession dans la perplexité quand il confia le rôle de Batman, le sur-homme, au doux, frêle et charmant Michael Keaton. Burton savait déjà que Keaton avait un sens du bizarre suffisamment développé pour mener à bien ce défi : en effet, il avait déjà fait de lui en 1988 le grimaçant et grinçant Beetlejuice. Il fallait toute l'imagination du cinéaste pour déceler le potentiel d'un acteur jusque-là discret et dont le plus grand titre de gloire était l'insignifiante comédie domestique Mister Mum (S. Dragoti, 1983). Michael Keaton se tira brillamment des embûches de Batman (1989) et de sa suite, Batman, le défi (1992), tout en acceptant crânement de jouer en retrait par rapport aux méchants, qui, on le sait, font tout l'intérêt de cette singulière série. Depuis, il a été très inquiétant dans Fenêtre sur le Pacifique (J. Schlesinger, 1990) et il est revenu, galvanisé, survolté, à la comédie avec le Journal (R. Howard, 1994) et Mes doubles, ma femme et moi (Multiplicity, Harold Ramis, 1996). Mais il change de registre en interprétant deux malfrats saisissants, l'un pitoyable (Jackie Brown, Q. Tarantino, 1997), l'autre terrifiant (l'Enjeu, B. Schroeder, id.). Il tient un rôle épisodique, non mentionné au générique, dans Hors d'atteinte (S. Soderbergh, 1998).

KEDROVA (Lila)

actrice française d'origine russe (Petrograd [auj. Leningrad] 1918 - Sault-Sainte-Marie, Canada, 2000).

Elle a joué et tourné partout où elle a pu justifier les « r » qu'elle roule si bien et si fort. Sa filmographie est des plus surprenantes : une « camée » dans un véhicule pour Jean Gabin (Razzia sur la chnouff, H. Decoin, 1955), une prostituée française dans un film gréco-britannique (Zorba le Grec, M. Cacoyannis, 1964), une comtesse russe pour Hitchcock (le Rideau déchiré, 1966), une vieille femme rongée par un cancer (Rak, Ch. Belmont, 1972), la mère d'Albert Spaggiari dans les Égouts du paradis (J. Giovanni, 1979) ou une révolutionnaire nostalgique devenue citoyenne américaine (Tell Me a Riddle, Lee Grant, 1981). On la vit également dans Grand'Rue (J. A. Bardem, 1956), Cyclone à la Jamaïque (A. Mackendrick, 1965), la Lettre du Kremlin (J. Huston, 1970), le Locataire (R. Polanski, 1976).

KEEL (Harry Clifford Leek, dit Howard)

acteur américain (Gillespie, Ill., 1917).

Après une brève carrière provinciale dans l'opérette et un film anglais, il émerge dans Annie, reine du cirque (G. Sidney, 1950). Sa prestance et son humour lui donnent une allure simple et libre, rare chez les chanteurs de ce style. Il sera fréquemment le partenaire de Kathryn Grayson (Show Boat, Sidney, 1951 ; les Rois de la couture, M. LeRoy, 1952 ; Embrasse-moi, chérie, Sidney, 1953), mais il s'exprime mieux dans la figure de pionnier des Sept Femmes de Barberousse (S. Donen, 1954). Commencée dès 1950, sa reconversion dans la comédie ou le western (la Caravane de feu, B. Kennedy, 1967) n'aura pas grand succès.

KEELER (Ethel, dite Ruby)

actrice américaine (Halifax, Nouvelle-Écosse, Canada, 1909 - Rancho Mirage, Ca., 1993).

Ancienne danseuse de Broadway, elle devient la plus vaillante des Chercheuses d'or de 1933 (M. LeRoy) aussitôt après son succès de 42e Rue (L. Bacon, 1933), aussi soudain que celui qu'indiquait le scénario. Son regard naïf, sa voix un peu enrouée, son corps menu rendent plus charmantes encore la clarté gauche de son jeu et l'énergie de ses claquettes. Dans Prologues (Bacon, id.), Berkeley fait d'elle sa Shanghai Lily, il la dirigera en tant que chorégraphe une quatrième et dernière fois dans Dames (R. Enright, 1934). Elle tourne aussi avec Borzage (Mademoiselle Général, 1934 ; Shipmates Forever, 1935) et son ultime bon numéro de danse se trouve dans Ready, Willing and Able (Enright, 1937). En 1970, alors qu'elle retrouve le succès à Broadway dans un nostalgique No No Nanette, elle réapparaît fugitivement à l'écran (caméo), après une interruption de près de trente ans, dans The Phynx de Lee H. Katzin. Elle avait été, un temps, l'épouse de Al Jolson.