Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
D

DULLEA (Keir)

acteur américain (Cleveland, Ohio, 1936).

Il débute dans le Mal de vivre (I. Kershner, 1961) et s'impose avec son portrait d'un jeune malade mental dans David et Lisa (F. Perry, 1962). Il interprète encore L'attaque dura sept jours (A. Marton, 1964), Bunny Lake a disparu (O. Preminger, 1965), le Renard (M. Rydell, 1968), 2001 : l'Odyssée de l'espace (S. Kubrick, id.) et le rôle-titre du Divin Marquis (C. Endfield, 1969). Sa carrière cinématographique marque ensuite le pas : Jeanne, papesse du diable (M. Anderson, 1972), le Cercle infernal (Full Circle, Richard Loncraine, 1977) ; 2010 (Peter Hyams, 1984).

DULLIN (Charles)

acteur français (Yenne 1885 - Paris 1949).

Grand animateur de théâtre, il ne travaille pour le cinéma qu'en vue de renflouer le budget de l'Atelier ; il apportait, néanmoins, à chacune de ses compositions devant la caméra, son extraordinaire qualité de présence et son art de jouer d'un physique ingrat. Au nombre de ses meilleures créations, retenons celles du Miracle des loups (1924), du Joueur d'échecs (1927), des Misérables (rôle de Thénardier, 1934) réalisés par Raymond Bernard, mais également celles, saisissantes, qu'il accomplit dans l'Affaire du courrier de Lyon (C. Autant-Lara et Maurice Lehman, 1937), dans le rôle de Corbaccio (Volpone, M. Tourneur, 1941), dans Les jeux sont faits (J. Delannoy, 1947 ; sur un scénario de Sartre) et Quai des Orfèvres (H.-G. Clouzot, 1947).

DUMESNIL (Jacques Joly, dit Jacques)

acteur français (Paris 1904 - id. 1998).

Il mène dans les années 30 une carrière théâtrale où il remporte de beaux succès et une activité cinématographique qui ne cesse de s'amplifier, de Lucrèce Borgia (A. Gance, 1935) à Retour à l'aube (H. Decoin, 1938) et à l'Empreinte du dieu (L. Moguy, 1941). Spécialiste des personnages virils et séduisants, il a interprété avec force et sobriété le Mariage de Chiffon (C. Autant-Lara, 1942), Pierre et Jean (A. Cayatte, 1943), la Grande Meute (Jean de Limur, 1945). Il a campé Paul-Louis Courier dans la Ferme des sept péchés (Jean Devaivre, 1949) et le gentleman-farmer dans Julie de Carneilhan (J. Manuel, 1950), puis s'est peu à peu retiré des studios sans avoir pu apporter le témoignage de tout son talent.

DUMONT (Margaret Baker, dite Margaret)

actrice américaine (New York, N. Y., 1889 - Los Angeles, Ca., 1965).

Elle est la cible stoïque et digne des insultes de Groucho dans sept films des Marx Brothers dont la Soupe au canard (L. McCarey, 1933) et Une nuit à l'Opéra (S. Wood, 1935). Victime idéale, elle apparaît encore, toujours dans son registre de dame offusquée, monumentale et placide, avec W. C. Fields : Passez muscade (E. Cline, 1941), Laurel et Hardy : Maîtres de ballet (M. St Clair, 1943), Red Skelton : le Bal des sirènes (G. Sidney, 1944), Jack Benny : The Horn Blows at Midnight (R. Walsh, 1945) ou Abbott et Costello : Deux Nigauds vendeurs (Little Giant, W. A. Seiter, 1946). On la voit encore dans Madame Croque-Maris (J. L. Thompson, 1964).

DUNAWAY (Faye)

actrice américaine (Bascorn, Fla., 1941).

Fille d'un officier de carrière de l'armée américaine, Faye Dunaway a connu une enfance errante, d'une ville de garnison à une autre, en Europe aussi bien qu'aux États-Unis. Diplômée de l'université de Floride et de la School of Fine and Applied Arts de l'université de Boston, elle débute au théâtre à New York. En 1962, elle fait partie de la Lincoln Center Repertory Company. Particulièrement remarquée dans la production off-Broadway Hogan's Goat, elle fait ses débuts à l'écran en 1967, dans The Happening. Mais c'est sa performance, aux côtés de Warren Beatty et de Gene Hackman, dans Bonnie and Clyde, d'Arthur Penn, qui constitue le départ de sa carrière de star, après une première nomination à l'Oscar d'interprétation. Elle sera encore « nominée » en 1974, pour Chinatown, avant de décrocher l'Oscar en 1976 pour sa performance dans Network. Son physique altier, tempéré par une nervosité qui paraît contredire, parfois, l'élan vital, l'énergie qu'elle dégage naturellement, lui permet d'incarner aussi bien les aventurières calculatrices, les femmes d'action ou les mannequins sophistiqués, guettés par la névrose, de libérer une sensualité débordante (l'Arrangement) ou de traduire la frigidité résultant d'une blessure affective, d'une désintégration de la personnalité. Elle est de la race des « sensitives », comparable à Jane Fonda, mais apparemment plus vulnérable et narcissique. C'est Jerry Schatzberg qui révèlera le premier cette hypersensibilité, avec Portrait d'une enfant déchue, à laquelle feront appel aussi René Clément (la Maison sous les arbres) ou Sydney Pollack (les Trois Jours du Condor). Son abattage royal est exploité dans Little Big Man, les Trois Mousquetaires, où elle incarne Milady, et Network. Une approche plus fine permettrait de classer ses interprétations en trois tendances : la femme psychiquement et affectivement vulnérable (Portrait d'une enfant déchue, les Trois Jours du Condor), la « féministe » assumant des métiers d'homme, au risque de s'autodétruire par égocentrisme (Network, les Yeux de Laura Mars, Maman très chère), la féminité envahissante, conquérante ou trouble (l'Arrangement, Chinatown). Après une éclipse qui l'a conduite à beaucoup travailler pour la télévision, elle semble continuer dans la voie de la composition qui lui avait si bien réussi dans Barfly : c'est ainsi qu'on est heureux de la revoir, rayonnante et éprise d'aviation, dans Arizona Dream (E. Kusturica, 1993), puis, aux côtés de Marlon Brando, dans Don Juan De Marco (Jeremy Leven, 1995). Deux créations de mère particulièrement réussies sont à signaler dans ses derniers films : la barmaid apeurée de The Albino Alligator (K. Spacey, 1997), et l'épouse de mafieux, d'abord réservée puis tragique de The Yards (J. Gray, 2000).

Films :

les Détraqués (The Happening, E. Silverstein, 1967) ; Que vienne la nuit (O. Preminger, id.) ; Bonnie and Clyde (A. Penn, id.) ; l'Affaire Thomas Crown (N. Jewison, 1968) ; le Temps des amants (V. De Sica, id.) ; The Extraordinary Seaman (J. Frankenheimer, 1969) ; l'Arrangement (E. Kazan, id.) ; Portrait d'une enfant déchue (J. Schatzberg, 1970) ; Little Big Man (Penn, id.) ; Doc Holliday (F. Perry, 1971) ; la Maison sous les arbres (R. Clément, id.) ; l'Or noir de l'Oklahoma (S. Kramer, 1973) ; Chinatown (R. Polanski, 1974) ; la Tour infernale (J. Guillermin, id.) ; les Trois Mousquetaires (R. Lester, id.) ; les Trois Jours du Condor (S. Pollack, 1975) ; le Voyage des damnés (S. Rosenberg, 1976) ; Network (S. Lumet, id.) ; les Yeux de Laura Mars (I. Kershner, 1978) ; le Champion (F. Zefirelli, 1979) ; De plein fouet (The First Deadly Sin, B. G. Hutton, 1980) ; Maman très chère (Perry, 1981) ; The Wicked Lady (M. Winner, 1983) ; Supergirl (Jeannot Szwarc, 1984) ; Ordeal by Innocence (D. Davis, id.) ; Barfly (B. Schroeder, 1987) ; Burning Secret (Andrew Birkin, 1988) ; Frames From the Edge (Adrian Maben, id.) ; Midnight Crossing (Roger Holzberg, id.) ; Bandini (Dominique Deruddere, 1989) ; In una notte di claro de luna (L. Wertmuller, id.) ; la Servante écarlate (V. Schlöndorff, 1990) ; Scorchers (David Beaird, 1991) ; La partita (Carlo Vanzina, id.) ; Double Edge (Amos Kollek, 1992) ; The Temp (Tom Holland, 1993) ; Arizona Dream (E. Kusturica, id.) ; Even Cowgirls Get the Blues (G. Van Sant, id.) ; Don Juan De Marco (Jeremy Leven, 1995) ; The Albino Alligator (Kevin Spacey, 1997) ; Drunks (Peter Cohn, id.) ; The Twilight of the Golds (Ross Marks, id.) ; The Chamber (James Foley, id.) ; The Thomas Crown Affair (J. Mc Tiernan, 1999) ; Jeanne d'Arc (L. Besson, id.) ; Love Lies Bleeding (William Tannen, id.) ;The Yards (James Gray, 2000) ; Stanley's Gig (Marc Lazard, id.).