Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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WENDKOS (Paul)

cinéaste américain (Philadelphie, Pa., 1922).

Venu du théâtre d'avant-garde et du documentaire social, Paul Wendkos est devenu, pour les cinéphiles, un réalisateur fétiche de la série B. Son œuvre assez abondante, mais disparate, ne permet pas une évaluation d'ensemble. Il est certain que Wendkos est un fou de cinéma et qu'il aime parsemer ses meilleurs films d'idées de mise en scène. Parmi ceux-ci, il faut retenir le Cambrioleur (The Burglar, 1957), d'après David Goodis, avec Jayne Mansfield et Dan Duryea, Face of a Fugitive (1959), western où un évadé s'enrôle dans une patrouille chargée de le retrouver, et Angel Baby (1961), satire d'un évangéliste proche de l'Elmer Gantry de Richard Brooks. Ses films plus récents (à l'exception de Johnny Tiger, 1966, et de The Mephisto Waltz, 1971) sont moins intéressants, et Wendkos a surtout travaillé à la télévision, dirigeant les séries Naked City et Mr. Novak.

WERICH (Jan)

acteur tchèque (Prague, Autriche-Hongrie, 1905 - id. 1980).

Après des études de droit, il fonde, avec Jiří Voskovec, le Théâtre libéré, un cabaret d'avant-garde qui sera, jusqu'à la veille de la Seconde Guerre mondiale, un haut lieu artistique, célèbre pour la qualité (et l'impertinence) des artistes qui s'y produiront, et également un haut lieu de la résistance antifasciste. Avec son complice, Werich composera et interprétera de nombreux sketches satiriques, qui seront les meilleurs fleurons de l'humour tchèque au cours des années 30. Sa popularité à l'écran sera tout aussi vive qu'à la scène. Parmi ses meilleurs films, il faut citer : ‘ la Poudre et l'Essence ’ (Pudr a benzin, Jindřích Honzl, 1931), ‘ la Bourse ou la Vie ’ (Peníze nebo život, id., id.), ‘ Ho ! hisse! ’ (Hej rup !, M. Frič, 1934), ‘ Le monde est à nous ’ (id., 1937), le Boulanger de l'empereur (id., 1952) ; ‘ Il était une fois un roi ’ (Byl jednou jeden král, Bořivoj Zeman, 1954), le Baron de Crac (K. Zeman, 1962), Un jour un chat (V. Jasný, 1963). Au cours des années 60, il a essentiellement travaillé pour la télévision (‘ le Roi et la Femme ’ [Král a žena], E. Schorm, 1967). Il était très souvent l'auteur ou le coauteur des scénarios qu'il interprétait.

WERKER (Alfred Louis)

cinéaste américain (Deadwood, S. D., 1896 - 1975).

À la Triangle dès 1917, il est réalisateur de serials dans les années 20. On voit en lui un « auteur » pour ce seul film, Il marchait la nuit (He Walked By Night, 1948), portrait d'un tueur psychopathe, bien réalisé (et surtout bien joué, par Richard Basehart), mais sans grand intérêt. (Il aurait été d'ailleurs réalisé aux deux tiers... par Anthony Mann.) Pour la Fox, Werker signe en 1933 Hello Sister !, version abrégée du film abandonné par Stroheim, Walking Down Broadway. Il tourne surtout des policiers (The Adventures of Sherlock Holmes, 1939) ou des films d'aventures (les Pirates de Monterey [Pirates of Monterey, 1947]), avant de revenir au western, ses meilleurs films restant le Doigt sur la gâchette (At Gunpoint, 1955) et surtout Trois Heures pour tuer (Three Hours to Kill, 1954). Mais il n'y dépasse jamais le niveau d'un honnête tâcheron.

WERNER (Gösta)

cinéaste suédois (Östra Vemmemhög 1908).

Après des études à l'université de Lund, il devient journaliste, puis s'impose comme l'un des plus brillants auteurs de courts métrages de son époque, en signant des poèmes visuels symboliques et inspirés : le Sacrifice du sang (Midvinterblot, 1945), la Veillée du matin (Morgonväkt, id.), le Train (Tåget, 1946), le Printemps à Skansen (Skansenvår, id.), la Légende de la lumière (Sagan om ljuset, 1950), la Lueur du crépuscule (Skymning-sljus, 1951), le Printemps (Våren, id.), le Papillon et la Flamme (Fjärilen och ljuslågen, 1954), Destins au-delà de l'horizon (Öden bortom horisonten, 1955), Responsabilité (Ansvar, 1956), la Mélodie disparue (Den förlorade melodien, 1957), le Paysage de l'homme (Manniskan landscap, 1964), Eaux dormantes (Väntande vatten , id.). On lui doit également la transposition d'un récit de Stig Dagerman : la Mort d'un enfant (Att döda ett barn), et un remarquable portrait du cinéaste Victor Sjöström. Pendant quelques années, entre 1948 et 1952, il dirige quelques longs métrages de fiction marqués par un naturalisme violent, pessimiste, désespéré : ‘ Loffe le Vagabond ’ (Loffe på luffen, 1948), ‘ Rayon de soleil ’ (Solkatten, id.), la Rue (Gatan, id., avec Maj Britt Nilsson), les Parias (Två trappor över gården, 1950), ‘ Rencontre avec la vie ’ (Möte med livet, 1952).

WERNER (Ilse)

actrice allemande (Batavia [auj. Jakarta], Indes néerlandaises, 1917).

Elle paraît à l'écran en 1938 et devient en peu de temps une des actrices allemandes les plus aimées du public. Les films où elle joue, entre 1938 et 1945, sont parmi les grands succès de l'époque : Bel Ami (W. Forst, 1939), l'Épreuve du temps (Eduard von Borsody, 1940), les Aventures fantastiques du baron de Munchhausen (J. von Baky, 1943). Elle interprète également des films musicaux, tel Wir machen Musik (H. Käutner, 1942). Elle a continué de tourner après la guerre, notamment sous la direction de G. W. Pabst et de Georg Tressler, mais elle n'a jamais retrouvé la popularité.

WERNER (Oskar Josef Bschliessmayer, dit Oskar)

acteur allemand d'origine autrichienne (Vienne 1922 - Marburg, RFA, 1984).

Quand François Truffaut révèle le talent fragile d'Oskar Werner, et son physique romantique stéréotypé, dans Jules et Jim (1962), l'acteur joue au cinéma depuis 1948. Les amateurs se souviennent de la grâce poignante qu'il confère à sa furtive apparition en étudiant passionné dans Lola Montès (Max Ophuls, 1955). Il avait tourné de petits rôles aux États-Unis et en Grande-Bretagne, une politique qu'il continue après que le succès de Truffaut a élargi son public. Depuis, hélas, peu de films lui rendent justice, car presque tous jouent sur le romantisme facile de sa silhouette. À cet égard, sa création en chef d'orchestre tourmenté dans Interlude (Kevin Billington, 1968) est révélatrice de la vision des gens de cinéma. Ses créations les plus intéressantes, il les doit à Lumet (l'Espion qui venait du froid, 1965) et encore à Truffaut (Farenheit 451, 1966), qui seuls ont su suggérer un certain déséquilibre, une certaine fièvre, derrière l'absence rêveuse du regard.