Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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LI LIHUA

actrice chinoise (Shanghai, 1924).

D'une famille d'acteurs d'opéra, elle en apprend les techniques mais sans en avoir la vocation. À l'âge de seize ans, elle débute au studio Yihua avec Trois Sourires (Sanxiao, Yue Feng, 1940) et, en deux ans, elle participe à seize films. En 1942, elle est recrutée pour la coproduction sino-japonaise Douleurs emportées par les eaux printanières (Chunjiang yihen, Hiroshi Inagaki, Yue Feng). En 1943, à l'âge de dix-neuf ans, elle est la vedette, avec Lu Yukun, de Qiu Haitang (Ma Xu Weibang), où elle interprète deux rôles : celui de la mère et celui de la fille. Au cours de sa carrière, elle a tourné plus de 120 films pour de nombreux studios : Wenhua, Yonghua, Changcheng, Longma, Xinhua, Guotai et Shaw Brothers, sans oublier Lihua, qu'elle avait fondé avec son deuxième mari, l'acteur-réalisateur Yan Jun. Parmi ses meilleures interprétations, il faut citer : la Dot en carton (Jiafeng xuhuang, Zuo Lin, 1947) ; Soleil radieux (Yanyang tian, Cao Yu, 1948) ; l'Horrible Vérité (Shuo huang shijie, Li Pingqian, 1950) ; la Fille (Hua guniang, Zhu Shilin, 1951) ; Mariage reporté (Wu jiaqi, id., id.) ; la Petite Feng Xian (Xiao Fengxian, Yue Feng, 1953) ; l'Oiseau rare (Yiming jingren, Tang Huang, 1954) ; Joli Cœur, petit chou (Xiao Baicai, Zhang Shankun, 1955) ; Yang Guifei (id., Li Hanxiang, 1962) ; Wu Zetian (Li Hanxiang, 1963) ; l'Amour éternel / Liang Shanbo et Zhu Yingtai (Liang Shanbo yu Zhu Yingtai, Yan Jun, id.) ; Entre larmes et sourires (Zhu Shilin, 1964) ; Un sou (Yimao qian, Li Hanxiang, id.) ; Tempête sur le Yangtsé (Yangzijiang fengyun, id., 1969) – film pour lequel elle fut couronnée meilleure actrice de l'année à Taiwan. En 1958, elle eut l'occasion de tourner un premier rôle aux États-Unis, où elle s'est retirée en 1973, après être apparue dans The Fate of Lee Khan (King Hu, 1973).

LI MINWEI

acteur, cinéaste et producteur chinois (Japon, 1893 - Hong Kong, 1953).

En 1913 à Hong Kong, alors qu'il est à la tête d'une troupe théâtrale, il rencontre Benjamin Brodsky et fonde avec lui le Studio sino-américain qui produit le film Zhuangzi met sa femme à l'épreuve (Zhuangzi shi qi, Li Beihai), dont Li Minwei est à la fois le scénariste et le principal acteur (il joue le rôle de la femme de Zhuangzi, tandis que son épouse Yan Shanshan joue celui de la servante, première femme chinoise à paraître à l'écran, à une époque où la chose était considérée comme scandaleuse). C'est le premier film de fiction du cinéma chinois avec Un couple infortuné (Nanfu nanqi, 1913) de Zhang Shichuan et Zheng Zhengqiu. En 1921, aidé par ses deux frères, il ouvre une salle de cinéma puis fonde une compagnie qu'il appelle Minxin (Peuple nouveau) : elle produit plusieurs documentaires. Considéré comme un révolutionnaire, et à la suite des difficultés rencontrées auprès du gouvernement de Hong Kong lorsqu'il souhaite moderniser son studio, il déménage une partie de son matériel à Canton et devient reporter d'actualité en filmant le premier Congrès du Kuomintang en janvier 1924, puis fait plusieurs reportages, aujourd'hui disparus, sur les activités du gouvernement de Canton et de son président Sun Yat-sen. C'est également en 1924 à Pékin, dans un studio appartenant à Luo Mingyou, que Li Minwei filme plusieurs extraits d'opéra interprétés par Mei Lanfang. De retour à Hong Kong, il réalise avec son frère un film de long métrage, Yanzhi (id., 1925), dans lequel il joue le rôle principal avec sa seconde femme Lin Chuchu. La même année, il part pour Shanghai, où il s'associe avec Li Yingsheng, et donne une structure familiale à son studio. Par ailleurs, il fait appel à des personnalités du théâtre et du cinéma comme Ouyang Yuqian, Bu Wancang, Hou Yao et Sun Yu, qui forment l'ossature de la compagnie. Jusqu'en 1929, la Minxin produit dix-neuf films qui tranchent avec la production commerciale de l'époque par leur niveau artistique et littéraire ou par leur engagement politique, en particulier un film patriotique sur les massacres de Jinan en 1928, au Shandong, dans lequel sont intercalés des documents d'actualité : preuve de l'efficacité de la censure japonaise dès cette époque, ceux-ci font perdre à la Minxin ses privilèges d'exclusivité dans plusieurs grands cinémas de la ville de Nanyang et des concessions étrangères de Shanghai et la mettent en difficulté sur le plan financier. En 1930, Li Minwei produit Rêve de printemps dans l'antique capitale (Gudu chunmeng, Sun Yu) avec Luo Mingyou, un jeune capitaliste à la tête d'un réseau de salles de cinéma dans le nord de la Chine et à Shanghai. Le succès de ce film entraîne la fondation d'une nouvelle compagnie, la Lianhua, qui, autour de Luo Mingyou, rassemble la Minxin de Li Minwei, la Dazhonghua baihe de Wu Xingzai et d'autres petites compagnies. Li Minwei prend la direction du premier des trois studios de la Lianhua à Shanghai. Cette compagnie, qui réalise 94 films en sept ans, est remarquable par la qualité de ses productions et par le succès qu'elles eurent auprès du public éduqué des grandes villes. Li Minwei quitte la Lianhua en 1936 et produit encore trois films sous le nom de la Minxin. En 1937, il se réfugie à Hong Kong et interrompt son travail pendant la guerre sino-japonaise. En 1947, il rejoint la compagnie Yonghua.

LI PINGQIAN

acteur et cinéaste chinois (Hangzhou 1902 - Hong Kong 1984).

Il vient au cinéma par amour de la photographie et fait ses premières armes à la Mingxing, où, en particulier, il est chargé de la mise en forme des scripts. En 1924, Wang Xuchang, de retour de France, lui demande de préparer avec lui une traduction de textes techniques sur le cinéma. Peu après, avec Wang et d'autres partenaires, Li Pingqian fonde le studio Shenzhou, où il est d'abord acteur dans ‘ Je veux oublier le passé ’ (Bu kan huishou, 1925) et ‘ Triomphe de l'amour ’ (Haohua yueyuan, id.), puis réalisateur de ‘ Situation embarrassante pour la petite sœur ’ (Nan weile meimei, 1926). À partir de 1926, il travaille pour le studio Tianyi comme réalisateur, acteur et scénariste (20 films dont ‘ Poèmes sur une feuille de bananier ’ (Bajiaoye shang shi, 1932). Entre-temps, pour la Dazhonghua baihe, il est scénariste et metteur en scène de ‘ l'Oie sauvage ’ (Jie hou guyan, 1929), où il joue le rôle principal face à Ruan Lingyu. Abandonnant sa carrière d'acteur à l'arrivée du parlant, il entre à partir de 1932 à la Mingxing, où il écrit et réalise notamment ‘ Regrets printaniers du pipa ’ (Pipa chunyuan, 1933), dans lequel il fait débuter le grand acteur Zhao Dan, puis ‘ Une bonne récolte ’ (Fengnian, id.), qui, comme les Vers à soie du printemps (Chun can, Chen Bugao, 1933), tente une analyse de la situation paysanne (la réaction du Kuomintang est violente : le film est retenu six mois et mutilé par la censure) ; la même année, il réalise ‘ les Enfants de notre époque ’ (Shidai de ernü) et ‘ Trois Sœurs ’ (San zimei, 1934) d'après un roman japonais. Pendant la période de l'« île orpheline », il réalise plusieurs films, en particulier ‘ l'Éventail de la jeune maîtresse ’ (Shaonainai de shanzi, 1939), pour lequel il s'est inspiré de l'Éventail de Lady Windermere de Lubitsch, dont il avoue être un fervent admirateur, et ‘ l'Or et l'Argent ’ (Jinyin shijie, id.), une adaptation de Topaze de Marcel Pagnol. Après la guerre, il part à Hongkong et travaille d'abord pour la Yonghua puis la Changcheng, où il reste jusqu'à sa retraite, et réalise en particulier ‘ Héroïne des années 20 ’ (Yidai yaoji, 1950), une transposition chinoise de la Tosca, puis ‘ Terrible Vérité ’ (Shuohuang shijie, id.), une comédie satirique considérée comme un classique du cinéma des années 50, et en 1951 une autre comédie, Mariage interdit (Jin hun ji), etc. Dans toute sa carrière, il a participé à plus de cent films muets et réalisé à peu près autant de films parlants.