Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
S

SLOANE (Everett)

acteur américain (New York, N. Y., 1909 - Brentwood, Ca., 1965).

Il se produit à Broadway en 1935, puis devient l'un des membres du prestigieux Mercury Theatre, d'Orson Welles, qu'il suit à Hollywood. Dans Citizen Kane (O. Welles, 1941), il s'impose immédiatement dans le rôle de Walter Bernstein comme un remarquable acteur de second plan. Petit et maigre, nerveux, il semble pourtant très fort dans la Dame de Shanghai (1948), où il est l'effrayant mari de Rita Hayworth, infirme que le claquement sec de ses béquilles rend encore plus inquiétant. En dehors de Welles, c'est surtout Minnelli qui lui offre de beaux rôles dans la Vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956) et dans Celui par qui le scandale arrive (1960), où il est touchant dans un personnage de père bafoué. Ses dernières apparitions, dans des films de Jerry Lewis (Jerry souffre-douleur, 1964, et Jerry chez les cinoques, id.), prouvent qu'on n'a pas su l'utiliser dans les registres qui convenaient à son très grand talent.

SLOCOMBE (Douglas)

chef opérateur britannique (Londres 1913).

Ancien journaliste, cameraman, il signe aux studios Ealing les images de nombreuses productions de Michael Bacon : Au cœur de la nuit (B. Dearden, Ch. Crichton, R. Hamer, A. Cavalcanti, 1945), À cor et à cri (Crichton, 1947), Il pleut toujours le dimanche (Hamer, id.), Noblesse oblige (id., 1949), l'Homme au complet blanc (A. Mackendrick, 1951), De l'or en barres (Crichton, id.), Mandy (Mackendrick, 1952), Tortillard pour Titfield (en Technicolor, Crichton, 1953). Après la fermeture des studios Ealing, en 1956, il continue une prestigieuse carrière sous la direction de cinéastes réputés : Louis II de Bavière (H. Käutner, 1955), Freud, passions secrètes (J. Huston, 1961), la Chambre indiscrète (B. Forbes, 1962), The Servant (J. Losey, 1963), le Bal des vampires (R. Polanski, 1967), Boom (Losey, 1968), Music Lovers (K. Russell, 1971), les Bonnes (Ch. Miles, 1975). Son travail est aussi remarquable dans le registre du noir et blanc (The Servant en est probablement l'exemple le plus achevé) que dans les superproductions en couleurs. Il sait recréer l'atmosphère chromatique subtile qui convient aux films d'époque (Un lion en hiver, A. Harvey, 1968 ; Gatsby le Magnifique, J. Clayton, 1974 ; Julia, F. Zinnemann, 1977) comme les couleurs, plus dures et violentes, adaptées aux films de science-fiction (Rollerball, N. Jewison, 1975) ou d'action (Jamais plus jamais, I. Kershner, 1983). Il a également beaucoup travaillé avec Steven Spielberg (Rencontres du troisième type, 1977 ; les Aventuriers de l'arche perdue, 1981 ; Indiana Jones et le temple maudit, 1984 ; Indiana Jones et la dernière croisade, 1989).

SMIGHT (Jack)

cinéaste américain (Minneapolis, Minn., 1926).

Formé à la télévision, il ressuscite le film noir et la mythologie chandlérienne dans Détective privé (Harper, 1966), brillante adaptation d'un roman de Ross McDonald. Après le Gentleman de Londres (Kaleidoscope, id.), pur exercice de style, il croit trouver son registre dans l'insolite ou le scabreux : le Refroidisseur de dames (No Way to Treat a Lady, 1968), la Ballade du bourreau (The Traveling Executioner, 1970), l'Homme tatoué (The Illustrated Man, 1969). Depuis l'échec de Rabbit Run (1970), d'après le roman de John Updike, il paraît avoir abdiqué toute ambition. Il réalise des superproductions conventionnelles : 747 en péril (Airport 1975, 1974) et la Bataille de Midway (Midway, 1976). Il revient périodiquement à la télévision, où il dirige des épisodes de grande série comme Banacek et Columbo car il ne connaît plus vraiment de succès artistique ou commercial au cinéma (les Survivants de la fin du monde [Damnation Alley], 1977 ; Fast Break, 1979 ; l'Amour à quatre mains [Loving Couples], 1980 ; Number One With a Bullet, 1987 ; la Nuit du sérail [The Favorite], 1989). Parmi ses nombreux téléfilms, on peut retenir néanmoins Frankenstein : the True Story (1973), adapté par Christopher Isherwood de l'œuvre de Mary Shelley.

SMIRNOV (Andreï) [Andrej Sergeevič Smirnov]

cinéaste soviétique (Moscou 1941).

Fils de l'écrivain Sergueï Smirnov, il étudie au VGIK de Moscou où il suit les cours de Mikhaïl Romm. Diplômé, il entre aux studios Mosfil'm en 1962 et cosigne avec Boris Yachine ses trois premiers films : Il y a quelqu'un ? (Ej, Kto-nibud' ?, MM, 1963), Une poignée de terre (Pjad'zemli, 1964) et Une petite plaisanterie (Šutočka, TV, 1966). En 1967, il réalise l'Ange (‘ Angel ’, MM) qui, associé au film de Larissa Chepitko la Patrie de l'électricité, tombe sous le couperet de la censure et ne sera diffusé que vingt ans plus tard sous le titre commun : le Début d'un siècle inconnu (Načalo nevedomogo Veka). Cet essai faisait partie d'un projet de Grigori Tchoukhrai d'inaugurer une production de type expérimental de haut niveau, qui naturellement avortera à une époque où le libéralisme était loin d'être à la mode. Smirnov, heureusement pour lui et sa carrière, réalise en 1971 une œuvre qui a l'heur de plaire à la fois au public et aux autorités : la Gare de Biélorussie (Belorusskij vokzal). Suivront deux films plus neutres : Automne (‘ Osen ’, 1975) et Avec foi et confiance (Veroj i pravdoj, 1980). Au début des années 80, Smirnov délaisse la mise en scène pour l'écriture de scénarios (Voyage sentimental dans un champ de pommes de terre [‘ Sentimental ’ noe putešestvie po kartoške], 1986) et connaît un grand succès avec sa propre pièce : Ma chérie (1983).

SMITH (Gladys Smith, dite Alexis)

actrice américaine d'origine canadienne (Penticton, Colombie britannique, Canada, 1921 - Los Angeles, Ca., 1993).

Grande, élégante, un peu hautaine, la belle Alexis Smith est une des vedettes mineures de la Warner Bros dans les années 40, dans des rôles de jeune fille « comme il faut », distante mais audacieuse, ou d'entraîneuse de saloon, aventurière. Elle est une partenaire parfaite pour Errol Flynn, dans Gentleman Jim (R. Walsh, 1942), San Antonio (D. Butler, 1945), Montana (L. Bacon, 1950), et pour Humphrey Bogart (la Deuxième Madame Carroll, P. Godfrey, 1947 ; La mort n'était pas au rendez-vous, C. Bernhardt, 1945). C'est une bonne actrice qui n'a pas souvent eu, comme dans Quand la bête s'éveille (J. Losey, 1954, tourné en Angleterre), l'occasion de prouver ses capacités. Après une retraite de quinze ans, elle est revenue au théâtre, à Broadway, au début des années 70, puis au cinéma en 1975 (Une fois ne suffit pas, G. Green). On l'a revue ensuite notamment dans la Truite (Losey, 1982), Coup double (Tough Guys, Jeff Kanew, 1986) et le Temps de l'innocence (M. Scorsese, 1993).