Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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GRUEL (Henri)

cinéaste français (Paris 1923).

Il débute comme animateur dans l'équipe d'Arcady (1946) puis se signale à l'attention par des dessins animés fondés sur la technique du papier découpé où il anime des dessins d'enfants sans rien leur enlever de leur charme ni de leur spontanéité : Martin et Gaston (1953) ; Gitanos et papillons (1954) ; le Voyage de Badabou (1955 ; prix Émile-Cohl). Il s'en prend avec une verve sarcastique au tableau de Vinci dans la Joconde (1958) et travaille sur les compositions plastiques de Laure Garcin inspirées par Apollinaire (le Voyageur, 1957), Rimbaud (Métropolitain, 1958) et Saint-John Perse (Étroits sont les vaisseaux, 1962), tout en montrant autant de virtuosité dans la vulgarisation scientifique (Un atome qui vous veut du bien, 1959). Après avoir cosigné Monsieur Tête en 1959 (en fait essentiellement réalisé par Jan Lenica), il passe avec moins de succès au long métrage traditionnel pour célébrer la vedette de cabaret Henri Tisot (le Roi du village, 1963). Puis il entre dans l'équipe de René Goscinny, qui réalise des longs métrages d'animation : Astérix et Cléopâtre (1968), Lucky Luke (1970), la Ballade des Dalton (1978).

GRÜNDGENS (Gustaf)

acteur allemand (Düsseldorf 1899 - Manille, Philippines, 1963).

Acteur depuis 1918, metteur en scène de théâtre depuis 1924, il est sollicité par le cinéma qui lui offre une quinzaine de rôles importants de 1930 à 1933, dont celui du chef de la pègre dans M le maudit (F. Lang, 1931) et celui du baron jaloux dans Liebelei (Max Ophuls, 1933). En 1932, il produit et réalise une version cinématographique du Revízor de Gogol : Eine Stadt steht Kopf. Homme de théâtre renommé, grand serviteur de la culture classique, il est honoré par les nazis. Directeur du Théâtre d'État de Berlin, il apparaît aussi dans treize films de cette époque, sans toujours éviter les œuvres marquées politiquement, telles que Hundert Tage (Franz Wenzler, 1935, d'après une pièce de Mussolini qu'il avait interprétée en 1934) et le Président Krüger (H. Steinhoff, 1941). Il a signé la mise en scène de quelques films purement distractifs : les Finances du grand-duc (Die Finanzen des Grossherzogs, 1934), dont Murnau avait tourné une première version en 1924 ; Pirouette (Capriolen, 1938) ; Liebe im Gleitflug (id.) ; Deux Générations (Zwei Welten, 1940) ; et l'adaptation d'Effi Briest, d'après Fontane (Der Schritt vom Wege, 1939). Après la guerre, il se consacre entièrement au théâtre. Il reviendra toutefois au cinéma peu avant sa mort : tout d'abord dans une adaptation de la pièce de Scribe qu'il avait souvent mise en scène, Das Glass Wasser (H. Käutner, 1960) ; et surtout, la même année, sous la direction de son fils adoptif Peter Gorski, avec le film tiré de sa fameuse version de Faust, dans lequel il reprend son rôle favori, celui de Méphisto. C'est de Gründgens (dont la première femme était Erika Mann, fille de Thomas Mann) que s'est inspiré Klaus Mann pour son livre Méphisto, ultérieurement porté à l'écran par le Hongrois I. Szabo.

GRUNE (Karl)

acteur et cinéaste allemand (Vienne, Autriche-Hongrie, 1890 - Bournemouth, GB, 1962).

Disciple et collaborateur de Max Reinhardt, Grune signe son meilleur film en 1923 à partir d'un scénario de Carl Mayer : la Rue (Die Strasse) ; il y conjugue à merveille un certain naturalisme littéraire et un expressionnisme sans outrance, réalisant ainsi l'une des meilleures réussites du Kammerspiel. Auparavant, son esthétique avait été moins rigoureuse (Menschen in Ketten, CO Friedrich Zelnik, 1920) et, plus tard, elle évolua du mélodrame au freudisme, puis au film à costumes. Sa carrière se termine pratiquement à l'arrivée du parlant, bien qu'il eût encore signé trois films entre 1934 et 1936.

Autres films :

Frauenopfer (1922) ; Schlagende Wetter (1923) ; Arabella (1924) ; Eifersucht (1925) ; les Frères Schellenberg (Die Brüder Schellenberg, 1926) ; la Reine Louise (Königin Luise, 1927) ; Am Rande der Welt (id.) ; le Marquis d'Éon (Marquis d'Éon, der Spion der Pompadour, 1928) ; Waterloo (id.) ; The Marriage of Corbal (1935) ; Pagliacci (1936).

GRUNENWALD (Jean-Jacques)

compositeur français (Cran-Gevrier 1911 - Paris 1982).

Grand Prix de Rome de musique, il a fréquemment travaillé pour le cinéma, apportant des tonalités originales dans l'atmosphère des œuvres auxquelles il collabore. Il a ainsi composé la musique de certains films de Robert Bresson (les Anges du péché, 1943 ; les Dames du bois de Boulogne, 1945 ; Journal d'un curé de campagne, 1951), Jacques Becker (Falbalas, 1945 ; Antoine et Antoinette, 1947 ; Édouard et Caroline, 1951), Henri Decoin (la Vérité sur Bébé Donge, 1952 ; les Amants de Tolède, 1953), Maurice Cloche (Monsieur Vincent, 1947), Ralph Habib (la Rage au corps, 1954) ou Michel Deville (Ce soir ou jamais, 1961 ; Adorable Menteuse, 1962 ; À cause, à cause d'une femme, 1963 ; l'Appartement des filles, id.). Il a souvent signé sous le pseudonyme de Jean Dalve.

GUARNIERI (Ennio)

chef opérateur italien (Rome 1930).

Après avoir travaillé comme assistant opérateur — d'Anchise Brizzi et d'Otello Martelli —, il dirige la photo des Jours comptés (E. Petri, 1962), qui donne une vision hallucinante de Rome. Il réussit des expériences originales en noir et blanc dans Il mare (G. Patroni Griffi, id.) et dans le Lit conjugal (M. Ferreri, 1963). Il crée la photo brillante et hyperréaliste de Sept Hommes en or (Sette uomini d'oro, M. Vicario, 1965) et collabore avec des cinéastes comme Gian Vittorio Baldi (Luciano una vita bruciata, 1967 ;1963), Vancini (Un'estate in quattro, 1969), Pasolini (Médée, 1970), Comencini (le Grand Embouteillage, 1979), Fellini (Ginger et Fred, CO T. Delli Colli, 1985), Ferreri (La carne, 1991). C'est surtout pour Mauro Bolognini qu'il crée des images tamisées ou chatoyantes directement inspirées par les grands peintres (Arabella, 1967 ; L'assoluto naturale, 1969 ; Metello, 1970 ; Vertiges, 1975 ; l'Héritage, 1976 ; la Dame aux camélias, 1981 ; Mosca, addio, 1987). Il collabore enfin avec Christian De Sica (Tre, 1996 ; Simpatici & antipatici, 1998), Lina Wertmüller (Ninfa plebea, 1996), Domenico Costanzo (I volontari, 1998), Claudio Bonivento (le Giraffe, 2000), Stefano Vicario (l'Ulisse, 2001).