Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MILLER (Robert Ellis)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1927).

Comédien dès son plus jeune âge, il se consacre au théâtre et à la télévision avant de diriger Jane Fonda dans Chaque mercredi (Any Wednesday, 1966), une comédie de boulevard. Il fait preuve de plus d'ambition dans Sweet November (1968) et surtout dans Le cœur est un chasseur solitaire (The Heart Is a Lonely Hunter, 1968), adaptation sensible du roman de Carson McCullers. Après l'échec de The Girl from Petrovka (1974), il retrouve un beau sujet avec Just an Old Sweet Song (1976) de Melvin Van Peebles, tourné pour la télévision. Il a depuis réalisé Revanche à Baltimore (The Baltimore Bullet, 1980), Reuben Reuben ou la Vie d'artiste (Reuben Reuben, 1984), Hawks (id., 1989) et Bed and Breakfast (1990).

MILLER (Seton A. I.)

scénariste et producteur américain (Shahalis, Wash., 1902 - Los Angeles, Ca., 1974).

Ses études à Yale le conduisent curieusement à devenir conseiller technique à la MGM, un peu acteur, puis, et c'est l'amorce de sa carrière, scénariste pour la plupart des Major. Il commence, dès la fin des années 20, une multiple et fructueuse collaboration aux scénarios de Howard Hawks, Michael Curtiz, Henry King ou Fritz Lang. Il apporte à ces cinéastes au lyrisme éclatant ou noir des scripts structurés et sait ne rien abîmer des aventures ludiques ou dramatiques d'une période en or : Poings de fer, cœur d'or (Hawks, 1928) ; la Patrouille de l'aube (id., 1930) ; Scarface (id., 1932) ; les Aventures de Robin des Bois (Curtiz, 1938) ; l'Aigle des mers (id., 1940) ; Espions sur la Tamise (Lang, 1944), etc. Il a cessé de travailler pour le cinéma à la fin des années 50.

MILLS (Hayley)

actrice britannique (Londres 1946).

Fille de l'acteur John Mills, elle est choisie par John Lee Thompson pour un rôle essentiel dans les Yeux du Témoin (Tiger Bay, 1959) qui lui apporte un prix spécial d'interprétation au festival de Berlin. La firme Walt Disney l'engage aussitôt pour être la Pollyanna (1960) du film de David Swift, et tout cela la noie dans les bons sentiments ; Ronald Neame lui donne ensuite un rôle d'adolescente couvée par une grand-mère possessive dans Mystère sur la falaise (The Chalk Garden, 1963). John Mills la dirige dans le seul film qu'il ait réalisé, Sky West and Crooked (1965). En fait, si Hayley Mills n'a guère cessé de tourner, ce n'est que dans des films de peu d'intérêt.

MILLS (John)

acteur et cinéaste britannique (North Elmham, Suffolk, 1908).

Au cours d'une tournée théâtrale à travers le monde, il rencontre à Singapour le célèbre dramaturge Noël Coward qui favorise le début de sa carrière artistique. Ses meilleurs rôles vont relever des films produits par ce dernier : Ceux qui servent en mer (N. Coward et D. Lean, 1942), Heureux Mortels (D. Lean, 1944), et il devient l'un des acteurs les plus populaires de Grande-Bretagne en se spécialisant dans les officiers valeureux au caractère obstiné et tenace (le fameux « stiff upper lip » anglais), notamment dans Plongée à l'aube (A. Asquith, 1943), le Chemin des étoiles (id., 1945), La nuit commence à l'aube (Morning Departure, R. Baker, 1950), les Indomptables de Colditz (The Colditz Story, G. Hamilton, 1955), Opération Tirpitz (Above Us the Waves, R. Thomas, id.), les Fanfares de la gloire (R. Neame, 1960). Mais il fut surtout l'inoubliable Mr. Pip des Grandes Espérances (D. Lean, 1946), l'ouvrier bottier dans la comédie humoristique Chaussure à son pied (id., 1954), le prêtre convoité par l'homosexuel du Cavalier noir (R. Baker, 1961) et l'hallucinant idiot édenté de la Fille de Ryan (Lean, 1970), rôle récompensé par un Oscar. John Mills fut également le producteur de The Rocking Horse Winner (A. Pelissier, 1949) et le réalisateur de Sky West and Crooked (1965) avec sa fille Hayley dans le rôle principal.

MILNER (Victor)

chef opérateur américain (New York, N. Y., 1893 - Los Angeles, Ca., 1972).

Le grand maître du gros plan ouaté et satiné de la Paramount. Actif depuis 1917, il a atteint sa plénitude dans les années 30, exerçant son sens unique du « sfumato », sa science des gris nuancés à l'infini, dans des films comme l'Homme que j'ai tué (E. Lubitsch, 1932), Cantique d'amour (R. Mamoulian, 1933), Cléopâtre (C. B. De Mille, 1934), les Croisades (id., 1935), ou la Furie de l'or noir (Mamoulian, 1937). Le bariolage lui seyait moins bien : il le maintenait simplement dans les limites du plaisant (les Tuniques écarlates, De Mille, 1940). Mais la comédie éclairée de tous ses feux (Un cœur pris au piège, P. Sturges, 1941), le film noir étouffant dans la poix (l'Emprise du crime, L. Milestone, 1946), ou le romanesque intense (les Furies, A. Mann, 1950 ; Un amour désespéré, W. Wyler, 1952) ont trouvé en Victor Milner un illustrateur inspiré.

MILO (Elena Salvatrice Greco, dite Sandra)

actrice italienne (Milan 1933).

Elle débute en 1956 dans Lo scapolo (A. Pietrangeli). Elle travaille ensuite surtout en France : les Aventures d'Arsène Lupin (J. Becker, 1957) ; le Miroir à deux faces (A. Cayatte, 1958) ; Un témoin dans la ville (É. Molinaro, 1959) ; la Jument verte (C. Autant-Lara, id.). Puis elle tourne à nouveau dans son pays natal : Vanina Vanini (R. Rossellini, 1961). Son physique exubérant et sa force chaleureuse trouvent une parfaite expression dans le personnage de la prostituée d'Adua et ses compagnes (Pietrangeli, 1960), produit et conçu pour elle par Moris Ergas. Fellini lui offre le rôle mémorable de la maîtresse évaporée dans Huit et demi (1963), et Pietrangeli la rend encore plus vulgaire dans La visita (1964). Elle endosse souvent ce même type de rôle dans les films suivants : Méfiez-vous, mesdames ! (A. Hunebelle, 1963) ; le Sexe des anges (M. Franciosa et P. Festa Campanile, 1964) ; Un monsieur de compagnie (Ph. de Broca, id.) ; Juliette des esprits (Fellini, 1965) ; Comment j'ai appris à aimer les femmes (Como imparai ad amare le donne, L. Salce, 1966) ; Per amore... per magia (D. Tessari, 1967) ; Tesoro mio (Giulio Paradisi, 1979).

MILOVANOFF (Alexandrine Milowanoff, dite Sandra)

actrice française d'origine russe (Saint-Pétersbourg 1892 - Paris 1957).

Danseuse dans la troupe de la Pavlova, elle émigre en France et entre peu après chez Gaumont. Elle sera l'héroïne rêvée des cinéromans de Louis Feuillade : les Deux Gamines (1920) ; l'Orpheline (1921) ; Parisette (id., où elle prend le voile avec des grâces exquises) ; le Fils du flibustier (1922). Elle fut aussi une touchante religieuse dans la Légende de sœur Béatrix, de Baroncelli (1923), l'Edmée de Mauprat (J. Epstein, 1926), la folle de la Proie du vent (R. Clair, 1927), l'épouse de Charles Vanel de Dans la nuit (Vanel, 1929) et surtout Fantine et Cosette jeune fille dans les Misérables (H. Fescourt, 1925), où son jeu confine à l'archétype. Au parlant, elle ne fera que de rares apparitions, par exemple dans le documentaire Après Mein Kampf... mes crimes (J.-J. Valjean, 1940).