Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
H

HARTLEY (Hal)

cinéaste américain (Long Island, N.Y., 1959).

Après ses études cinématographiques à New York, il réalise trois courts métrages, puis un premier long métrage The Unbelievable Truth (1989), qui étonne par son originalité, malgré une apparente placidité et le rôle ambigu des dialogues dans le récit. Les personnages en rupture de Trust me (Trust, 1991) prennent eux aussi le contrepied du cinéma courant sans toutefois le contester, tandis que dans Simple Men (1992), un humour pessimiste l'emporte sur toute autre donnée. Il revient au court métrage en 1991 avec Ambition, Theory of Achievement et Surviving Desire, réalisés pour la télévision. Amateur (1994), avec Isabelle Huppert aux côtés de Martin Donovan (son acteur fétiche), a surpris et fasciné par l'aisance avec laquelle il soumet des personnages habituels à des situations inhabituelles et des personnages inhabituels aux situations habituelles du cinéma. En 1995, il signe Flirt et en 1998 Henry Fool.

HARTMANN (Paul)

acteur allemand (Fürth 1899 - Munich 1977).

Il apparaît dans les studios en 1917 et atteint la notoriété avec le Roman de Christine de Herre (L. Berger, 1921) et Vanina (A. von Gerlach, 1922), suivis notamment de la Chronique de Grieshuus (id., 1925). Sa popularité est encore plus grande à l'époque du parlant et du nazisme : IF1 ne répond plus (K. Hartl, 1932), Manoir en Flandre (von Bolvary, 1936), Bal paré (K. Ritter, 1940), Bismarck (W. Liebeneiner, id.), Suis-je un criminel  ? (id., 1941). En 1935, il devient membre du conseil d'administration de la UFA. Après la guerre, il se consacre essentiellement au théâtre et ne retrouve qu'exceptionnellement un grand rôle à l'écran (Die Barrings, R. Thiele, 1955).

HARVEY (Anthony)

cinéaste britannique (Londres 1931).

D'abord acteur, il se tourne vers le montage en 1949, atteignant son apogée en collaborant avec Stanley Kubrick pour Lolita (1962) et Docteur Folamour (1963). Peu après, il passe à la réalisation avec un moyen métrage, Dutchman (1967), adapté de la pièce de Le Roi Jones, le Métro fantôme : film éminemment théâtral, mais brillamment mené, il laissait augurer une bonne carrière. Mais Harvey est un cinéaste des plus inégaux, qui se perd dans des superproductions historiques comme Un lion en hiver (The Lion in Winter, 1968) ou The Abdication (1974), et donne le meilleur de lui-même en filmant fidèlement de bonnes pièces de théâtre comme le Rivage oublié (They Might Be Giants, 1971), son plus joli film, qui faisait honneur à une pièce élégamment farfelue de James Goldman. Il a également signé Player (1979), Eagle's Wing (id.), Richard's Things (1981), Grace Quigley (The Ultimate Solution of Grace Quigley, 1984).

HARVEY (Larushka Mischa Skikne, dit Laurence)

acteur et cinéaste britannique d'origine lituanienne (Joniškis 1928 - Londres 1973).

Après avoir passé sa jeunesse en Afrique du Sud, il s'installe à Londres au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il s'inscrit à l'Académie royale d'art dramatique et devient un talentueux acteur shakespearien. Il débute au cinéma en 1948 dans House of Darkness (Oswald Mitchell) et trouve quelques rôles plutôt modestes dans la Rose noire (H. Hathaway, 1950) ou Les bons meurent jeunes (The Good Die Young, L. Gilbert, 1954). Il est Roméo dans le Roméo et Juliette de Castellani (id.), s'étoffe dans Une fille comme ça (H. Cornelius, 1955) et Trois Hommes dans un bateau (Three Men in a Boat, K. Annakin, 1956). Son personnage d'arriviste cynique des Chemins de la haute ville (J. Clayton, 1958) lui assure une promotion soudaine, d'autant plus que ce film annonce le courant novateur du Free Cinema. On le voit ensuite personnifier le colonel William Travis dans Alamo (J. Wayne, 1960) et tenir les premiers rôles dans la Vénus au vison (D. Mann, id.), la Patrouille égarée (L. Norman, 1961), Été et Fumées (P. Glenville, 1962), la Rue chaude (E. Dmytryk, id.), Un crime dans la tête (J. Frankenheimer, id.), Citoyen de nulle part (J. Sturges, 1963), le Deuxième Homme (C. Reed, id.), l'Ange pervers (K. Hughes, 1964), Darling (J. Schlesinger, 1965), Maldonne pour un espion (A. Mann, 1968 ; film complété par Harvey lui-même), Wusa (S. Rosenberg, 1970). L. Harvey joue également dans deux films qu'il signe en tant que réalisateur : la Cérémonie (The Ceremony, 1963) et Welcome to Arrow Beach (1974).

HARVEY (Helene Lilian Muriel Pape, dite Lilian)

actrice allemande (Edmonton, G.-B., 1906 - Antibes 1968).

Née de père allemand et de mère anglaise, elle habite dès 1914 à Berlin, où elle suit des cours de danse. À dix-huit ans, elle se produit avec une troupe dans les théâtres de variétés en tournée, à Budapest, à Vienne. Richard Eichberg la remarque : elle est engagée pour le cinéma. Rapidement, elle s'impose devant les caméras par sa vitalité, ses qualités acrobatiques. Elle parlait aussi bien l'allemand que l'anglais et apprit, très tôt, le français. L'avènement du parlant fut donc une aubaine pour elle, car les responsables de la UFA, qui cherchaient à gagner le marché international, comprirent le parti que l'on pouvait tirer de cette interprète polyglotte, reine de l'opérette viennoise, capable d'être présente comme vedette unique des versions multiples. Après Prinzessin Trulala (R. Eichberg, 1926), la Chaste Suzanne (Die keusche Suzanne, id., id.) ou Adieu Mascotte / le Modèle de Montparnasse (W. Thiele, 1929), et autres comédies du muet, elle est « das süsseste Mädel der Welt », triomphe avec ses partenaires Willy Fritsch et Henri Garat dans les films de Wilhelm Thiele : Die Drei von der Tankstelle (1930, vers. franç. : le Chemin du paradis) et d'Erik Charell : Der Kongress tanzt (1931, vers. angl. : The Congress Dances ; vers. franç. : le Congrès s'amuse) puis devient « un rêve blond », d'après un film (Ein blonder Traum, 1932) de Paul Martin. En 1933, elle part pour Hollywood mais sans obtenir les grands rôles auxquels elle semblait prédestinée. Elle tourne quatre films aux États-Unis en 1933-34, puis Invitation to the Waltz (Paul Merzbach, 1935) en Angleterre. De retour en Allemagne jusqu'en 1939, elle passe en France (Sérénade, Jean Boyer, 1940 ; Miquette et sa mère, id., id.), puis se rend en Suisse, aux États-Unis. Elle rentre à Paris en 1947, tente de renouer avec le succès. En vain.