Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BERGER (Senta)

actrice autrichienne (Vienne 1941).

Elle débute au cinéma très jeune, en 1957, après avoir suivi quelques cours de danse et de théâtre et apparaît dans de nombreux films allemands, dont le Brave Soldat Švejk (Axel von Ambesser, 1960) et Das Wunder des Malachias (B. Wicki, 1961). Après Sherlock Holmes et le collier de la mort, tourné par Terence Fisher en Allemagne (coréalisé par Frank Witherstein, 1962), elle est la vedette de nombreux films d'aventures réalisés dans divers pays d'Europe et elle participe à quelques productions américaines. Ayant fondé en 1965 une société de production, elle produit les films de son mari et associé Michael Verhoeven, Couples (1967). Par la suite, elle apparaît dans des rôles secondaires et dans quelques œuvres de télévision.

BERGGREN (Thommy)

acteur suédois (Mölndal 1937).

Élevé à Göteborg, il veut d'abord être marin, mais s'inscrit dans un cours privé d'art dramatique. Il fait déjà du théâtre depuis sept ans quand il débute à l'écran dans la Nacre (Pärlemor, 1961, mis en scène par Torgny Anderberg). Il tourne avec Harriet Andersson le premier long métrage de Jörn Donner, Un dimanche de septembre (1963). Mais c'est Bo Widerberg qui lui donne sa vraie chance en lui confiant les rôles du jeune amant du Péché suédois (id.), du jeune auteur rebelle du Quartier du corbeau (id.) et de l'officier déserteur d'Elvira Madigan (1967). Son physique agréable, sa sensibilité et son air romantique lui valent d'être constamment demandé tant au théâtre qu'au cinéma, même s'il n'obtient qu'un seul grand rôle hors de Suède, dans les Aventuriers (The Adventurers, 1970) de Lewis Gilbert. Son interprétation la plus approfondie est celle qu'il a donnée du chanteur itinérant injustement condamné à mort dans le Joe Hill (1971) de Widerberg. Il tourne ensuite notamment Giliap (Roy Andersson, 1976), Ciel brouillé (Brusten Himmel, I. Thulin, 1982), ‘ Une colline sur la face sombre de la lune ’ (Berget på måncens baksida, Lennart Hjulström, 1983), ‘ les Enfants du dimanche ’ (Söndagsbarn, Daniel Bergman, 1992).

BERGMAN (Ingmar)

cinéaste suédois (Uppsala 1918).

Fils d'un pasteur luthérien et d'une mère dominatrice d'origine wallonne, Ingmar Bergman grandit dans une famille très stricte, où l'on considère la bonne conduite et le refoulement des instincts comme autant de vertus. Rien d'étonnant que sa sœur Margareta et lui-même se réfugient dans un univers imaginaire : ensemble, ils achètent des bouts de films pour le projecteur familial et ils construisent un théâtre de marionnettes. Bergman n'a pas vingt ans lorsqu'il quitte ses parents pour s'installer à Stockholm. Dès lors, il se consacre au théâtre universitaire et c'est à cette époque, vers la fin des années 30 et le début des années 40, qu'il se lie d'amitié avec certains de ceux qui devaient par la suite dominer le cinéma suédois de leur influence, comme Erland Josephson et Vilgot Sjöman.

En 1942, à la suite de la première d'une de ses pièces, la Mort de Punch, Bergman est invité à se joindre à l'équipe de scénaristes de la Svensk Filmindustri, où il passe deux ans à remanier des scénarios tout en continuant à écrire pour la scène des pièces que la critique accueille d'ailleurs favorablement. Pourtant, Bergman ne tarde pas à se rendre compte que, s'il doit jouer un rôle au théâtre, ce ne sera pas en tant qu'auteur, mais bien plutôt en insufflant la vie aux œuvres d'autrui, et en leur apportant l'originalité de son imagination créatrice. Par la suite, Bergman ne devait jamais cesser de travailler pour le théâtre, ne fût-ce que par intermittence. Dans les années 50, par exemple, il monte au moins deux nouvelles pièces tous les hivers au théâtre municipal de Malmö, s'attirant les louanges de la critique internationale pour ses mises en scène d'Ibsen, Strindberg, Molière, Shakespeare et Tennessee Williams.

Les mois d'été, il les réserve au tournage de ses films ; lorsqu'on connaît le caractère et la personnalité des œuvres de cette période, on peut supposer quelle rigueur exigea leur réalisation.

Plus qu'aucun autre réalisateur, I. Bergman aura été marqué par son enfance. Son premier scénario, Tourments, porté à l'écran par Alf Sjöberg, le plus grand cinéaste suédois de l'époque, repose sur un souvenir personnel : la terreur inspirée par l'un de ses professeurs — le Caligula du film —, dont il avait subi les brimades à Stockholm. Évocation fidèle de l'atmosphère qui régnait alors dans son pays, de l'angoisse et du désespoir de l'intelligentsia devant la neutralité suspecte de la Suède, Tourments était en même temps un portrait saisissant d'un psychopathe : le maître incarné par Stig Järrel.

L'année suivante (en 1945), la Svensk Filmindustri donne à Bergman l'occasion de diriger son premier film, Crise, adapté d'une pièce danoise et dont le héros, comme dans tous ses premiers films, est un alter ego à peine déguisé de l'auteur, qui par son truchement exprime ses appréhensions, son anxiété, ses aversions ou ses aspirations personnelles. Irrémédiablement coupé de son environnement, l'être humain se trouve constamment en conflit avec l'autorité sous quelque forme qu'elle se manifeste, et alors qu'il n'a pas même le moyen de croire en une puissance supérieure. Si Bateau pour les Indes (1947) et Prison (1949, le premier film entièrement écrit et réalisé par Bergman) sont parfaitement représentatifs de cette période, les deux derniers films de la décennie (la Soif et Vers la joie) témoignent en revanche d'une préoccupation nouvelle chez Bergman, qui aborde le thème du couple engagé dans une guerre sans merci. Prisonniers l'un de l'autre, les amants de Bergman se livrent un combat au corps à corps, une joute oratoire impitoyable et qui n'est pas sans rapport avec les empoignades domestiques chères à Strindberg.

Les années 50 permettent à Bergman de s'affirmer. Dès le début de la décennie, c'est dans les îles situées au large de Stockholm qu'il tourne deux éclatantes histoires d'amour qui exaltent à la fois les splendeurs de l'été suédois et les feux éphémères de la passion : Jeux d'été (1951), qu'illumine le jeu de Maj-Britt Nilsson, et Monika (1953), où s'épanouit la sexualité de Harriet Andersson. Deux thèmes désormais s'entrecroiseront, se succéderont, se chasseront l'un l'autre : le premier, méditatif et philosophique, analysera l'angoisse d'un monde qui s'interroge sur Dieu, le Bien et le Mal et, d'une façon plus générale, le sens de la vie ; le second, caustique, brillant et satirique, brode de subtiles variations sur l'incommunicabilité au sein du couple.