Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SANDER (Helke)

cinéaste allemande (Berlin 1937).

Auteur de courts métrages et de films militants, elle est de tous les combats féministes berlinois, réalisant notamment des films sur l'avortement et la contraception, et sur les problèmes de la grande presse. Elle est cofondatrice du premier festival de films de femmes (Berlin, 1973) et de la revue Frauen und Film (1974). Son premier long métrage, Personnalité réduite de toutes parts (Die allseite redurziete Persönlichkeit, 1977), évoque en une série de tableaux souvent ironiques les difficultés d'une Berlinoise, photographe et féministe. Son originalité est confirmée par le Facteur subjectif (Der subjektive Faktor, 1981), qui prolonge le précédent à travers l'évocation des luttes des années 1967-1980, puis par Der Beginn aller Schrecken ist Liebe (1984) et par l'épisode Muss ich Aufpaffen du film Félix (1987). Elle réalise ensuite des documentaires pour la télévision.

SANDER (Otto)

acteur allemand (Hanovre 1941).

Homme de théâtre, il participe à l'aventure de la Schaubühne à Berlin dès 1970, sous la direction de Peter Stein avec Jutta Lampe, Bruno Ganz, Edith Clever ; c'est en leur compagnie qu'il apparaît dans le film de Peter Stein tiré d'une pièce de Gorki les Invités (1975) et dans la Marquise d'O d'Éric Rohmer (1976). Il joue dans de nombreux films : le Tambour (V. Schlöndorff, 1979), Un amour en Allemagne (A. Wajda, 1983), Rosa Luxembourg (M. von Trotta, 1985), M. Spalt, par exemple (René Perraudin, 1989) et quelques comédies des années 80. Il réalise avec Bruno Ganz le documentaire Mémoire (Gedächtnis, 1982) et il est à ses côtés en 1987 dans les Ailes du désir de Wim Wenders puis devient le personnage principal du film qui en est la suite : Si loin, si proche (Wenders, 1993).

SANDERS (Denis)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1929 - San Diego, Ca., 1987).

Son premier film, A Time out of War (1954) remporte l'Oscar du court métrage et une récompense à Venise. Avec son frère et producteur Terry, il écrit le scénario de les Nus et les Morts pour Raoul Walsh (1958). Après quelques films (La guerre est aussi une chasse [War Hunt], 1962 ; Shock Treatment, 1964), il est appelé à filmer le show d'adieu de Presley à Las Vegas, dont la deuxième partie surtout contient des moments d'intelligence et de beauté peu fréquents dans le genre (Elvis, That's the Way It Is, 1970), puis la visite au Ghana d'une troupe de chanteurs noirs américains (Soul to Soul, 1971), autre réussite.

SANDERS (George)

acteur britannique (Saint-Pétersbourg, Russie, 1906 - Barcelone, Catalogne, Espagne, 1972).

Élevé en Russie, il débute sur scène puis à l'écran en Angleterre. Parti pour Hollywood en 1936, il est le détective débonnaire de deux séries policières de la RKO (The Saint et The Falcon), mais il incarne avec la même autorité le maître chanteur de Rebecca (A. Hitchcock, 1940) ou le haut dignitaire nazi de Chasse à l'homme (F. Lang, 1941). Il doit à Albert Lewin ses premiers rôles marquants, tous placés sous le signe du dandysme et de l'immoralisme fin de siècle : le peintre égocentrique de The Moon and Sixpence (1942), le dandy pervers du Portrait de Dorian Gray (1945) et l'infâme roué de The Private Affairs of Bel Ami (1947). Sa vaste culture, son ironie cinglante, son masque hautain en font l'interprète de prédilection des cinéastes européens immigrés, tels Renoir (Vivre libre, 1943), Brahm (Jack l'Éventreur, 1944 ; Hangover Square, 1945), Siodmak (l'Oncle Harry, id.), Ulmer (le Démon de la chair, 1946), Preminger (Ambre, 1944 ; The Fan, 1949). Habile à suggérer l'ambivalence, voire la schizophrénie, de ses personnages, il se coule admirablement dans l'univers décadent de Sirk : il est, tour à tour, le juge suicidaire de l'Aveu (1944), l'escroc Vidocq de A Scandal in Paris (1946) et le faux coupable de Des filles disparaissent (1947). Dans Ève (J. L. Mankiewicz, 1950), qui lui vaut un Oscar (best supporting actor), il compose, sous les traits du critique dramatique, un portrait définitif de cynique retors et venimeux. De la suite de sa carrière, beaucoup plus inégale, partagée entre l'Europe et les États-Unis, on retiendra : Voyage en Italie (R. Rossellini, 1953), les Contrebandiers de Moonfleet (F. Lang, 1955), la Cinquième Victime (id., 1956), Une espèce de garce (S. Lumet, 1959) et enfin la Lettre du Kremlin (J. Huston, 1970), qui le travestit en espion homosexuel. Avant de se donner la mort dans un hôtel de Barcelone, il nous laissa une autobiographie (Memoirs of a Professional Cad, 1960). Figure au nombre des époux de Zsa-Zsa Gabor.

SANDERS-BRAHMS (Helma)

cinéaste allemande (Emden 1940).

Enseignante, puis présentatrice de télévision, elle réalise dès 1969 quelques reportages et documentaires pour les chaînes allemandes. La première partie de son œuvre est télévisuelle avec des documentaires de critique sociale, des films de fiction et, surtout, une création visionnaire organisée comme un film-opéra : les Derniers Jours de Gomorrhe (Die letzten Tage von Gomorrha, 1974). Son premier long métrage cinématographique est une variation sur la génération dite de 68, ses exigences et ses incertitudes : Sous les pavés, la plage (Unter dem Pflaster ist der Strand, 1975). L'année suivante elle donne une œuvre à la fois très lyrique et très engagée dans la réalité sociale, les Noces de Shirin (Shirins Hochzeit, 1976) : le destin dramatique d'une jeune Turque qui fuit l'oppression de la tradition pour immigrer dans un pays, l'Allemagne, dont elle ne connaîtra guère que les contremaîtres et les souteneurs. Avec Heinrich (id., 1977), elle tente un portrait de l'écrivain Heinrich von Kleist, reconstitué à partir de lettres et de documents biographiques. Allemagne, mère blafarde (Deutschland, bleiche Mutter, 1980), dont le titre est emprunté à un poème de Brecht, est en partie fondé sur les souvenirs que l'auteur a conservés de sa mère, durant l'époque nazie et l'immédiat après-guerre. De tous ses films, c'est celui dont le lyrisme est le mieux contenu et qui reflète le mieux les rapports entre l'Histoire et une destinée individuelle. La Fille offerte (Die Berührte, 1981) est une expérience plus immédiate, un film parlant « avec ses tripes » (selon les propres termes de la cinéaste), à partir des expériences traumatisantes d'une jeune femme venue lui proposer sa propre vie comme scénario. Elle réalise ensuite quelques films pour les télévisions allemande et française, signe l'un des épisodes (Message-Mensonge [Lügenbotschaft]) des Filles héréditaires (Die Erbtöchter, 1982) et tourne en France un nouveau long métrage, l'Avenir d'Émilie (Flügel und Fesseln, 1984), avant d'entreprendre en 1991 un film sans concessions sur la vie en RDA et les conséquences de l'unification : les Fruits du paradis (Apfelbäume) – qui sera suivi de documentaires et de films sur des sujets littéraires.