Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
C

CHALONGE (Christian de)

cinéaste français (Douai 1937).

Après l'IDHEC, il est assistant durant cinq années (Jessua, Franju, Clouzot, Richardson, etc.). Son premier film, O Salto (1967), évoque avec courage l'exploitation de l'immigration clandestine des travailleurs portugais et constitue une des trop rares tentatives d'inscription d'un cinéma d'intervention sociale dans les normes de la production commerciale. Après un purgatoire de quatre ans, pendant lequel il dirige la deuxième équipe de la Charge de la brigade légère (T. Richardson, 1969), il réalise l'Alliance (1971), où il fait naître le fantastique de l'observation minutieuse des comportements. Huit ans plus tard, il connaît enfin le succès public avec l'Argent des autres (1978), film dans lequel la froide description des mécanismes bancaires se colore à nouveau d'un inquiétant fantastique, et Malevil (1981), d'après la fiction nucléaire de Robert Merle. En 1982, il signe les Quarantièmes Rugissants, avec la complicité de Jacques Perrin (qui tient le rôle principal) et en 1990 dirige Michel Serrault qui tient le rôle-titre de Docteur Petiot. Il adapte en 1991 le roman de Jules Supervielle le Voleur d'enfants avec Marcello Mastroianni en tête d'affiche, puis réalise le Bel Été 1914 (1996) et le Comédien (1997).

CHAMBARA (d'une onomatopée signifiant « couper la chair »).

Terme japonais populaire désignant les films comportant des duels au sabre. Le chambara s'applique aussi bien à une séquence de duel, à un film tout entier, ou à ce genre de films (syn. ken-geki).

CHAMBERLAIN (George Richard Chamberlain, dit Richard)

acteur américain (Beverly Hills, Ca., 1935).

Il commence à jouer de petits rôles au cinéma dans les années 60, mais il doit sa notoriété à la télévision, notamment dans la série Dr. Kildare où il incarne le personnage principal. Pour ne pas rester cantonné dans ce type de rôles, il part en Grande-Bretagne où il mène parallèlement une carrière au théâtre et au cinéma, notamment sous la direction de Richard Lester (Petulia, 1968 ; les Trois Mousquetaires, 1974, où il joue Aramis) et Ken Russell (il est Tchaïkovski dans la Symphonie pathétique, 1971). Aux États-Unis, tout en tournant des films alimentaires (l'Inévitable Catastrophe, I. Allen, 1978 ; Allan Quatermain et la cité de l'or perdue, Gary Nelson, 1987...), il apparaît dans des œuvres plus honorables, comme la Tour infernale (J. Guillermin, 1974). Sous la direction de Peter Weir, il interprète un avocat pris dans un labyrinthe de cauchemars (la Dernière Vague, 1977). Son allure sportive et son charme lui permettent de jouer aussi bien des séducteurs, des personnages historiques (il est Aramis dans le Retour des Mousquetaires de R. Lester en 1989) que des aventuriers ou des intellectuels déchirés. Mais c'est la télévision qui lui a assuré son statut de star (Shogun, Les oiseaux se cachent pour mourir, Casanova, le Rêve californien, etc.).

CHAMCHIEV (Bolot [Bolotbek]) [Bolotbek Tolenovič Šamšjev]

cinéaste soviétique kirghiz (Frounze, Kirghizistan, 1941).

Encore étudiant au VGIK de Moscou, il est choisi par Larissa Chepitko pour interpréter le rôle de Kemal dans Chaleur torride (1963). Il passe ensuite à la réalisation, dirigeant deux documentaires, ‘Manastchi’ (Manasči, 1965) et ‘le Berger’ (Čaban, 1966), puis ‘Coup de feu au col Karach’ (Vystrel na perevale Karaš, 1969), d'après le récit de l'écrivain kazakh Moukhtar Aouezov, et ‘les Coquelicots vermeils de l'Issyk-Koul’ (Alye maki Issyk-Kulja, 1971), qui sont des films d'action et d'aventures ; ‘le Bateau blanc’ (Belyj parohod, 1975) d'après le récit humaniste de Tchinghiz Aïtmatov ; ‘Parmi les hommes’ (Sredi ljudej, 1978, co : Artik Souïoundoukov) ; ‘les Cigognes précoces’ (Rannie žuravli, 1979) ; l'Ascension du Fuji-Yama (Voskhojdénié na Foudziamou, 1989), brillante satire de la « stagnation » sous Brejnev.

CHAMP.

Partie de l'espace embrassée par l'objectif de la caméra.

CHAMP-CONTRE-CHAMP.

Procédé du langage cinématographique où l'on fait alterner des plans d'orientations opposées. (Voir CHAMP, CONTRE-CHAMP.) [ SYNTAXE, PROFONDEUR DE CHAMP.]

CHAMPION (Gower) et CHAMPION (Marjorie Celeste Belcher, dite Marge)

CHAMPION (Gower) danseur, chorégraphe et cinéaste américain (Geneva, Ill., 1919 - New York, N. Y., 1980) et CHAMPION (Marjorie Celeste Belcher, dite Marge) , danseuse et comédienne américaine (Los Angeles, Ca., 1919).

À la scène, ils s'illustrent séparément, puis en couple, avant de débuter à l'écran dans Monsieur Musique (Mr. Music, Richard Haydn, 1950). Danseurs élégants, déliés, d'une grande précision stylistique, ils partagent la tête d'affiche de Show Boat (G. Sidney, 1951), les Rois de la couture (M. Le Roy, 1952), Mon amour t'appelle (R. Z. Leonard, id.), Donnez-lui une chance (S. Donen, 1953), Tout le plaisir est pour moi (H. C. Potter, 1955) et la Chérie de Jupiter (G. Sidney, 1955). Au terme de l'âge d'or du musical, Marge Champion divorce et se retire durant une dizaine d'années, puis tient des petits rôles dans The Party (B. Edwards, 1968) et The Swimmer (F. Perry, id.), tandis que Gower Champion réalise My Six Loves (1963) et Bank Shot (1974) et remporte un considérable succès à Broadway pour ses mises en scène de Bye Bye Birdie, Hello Dolly, The Happy Time, Sugar, etc.

CHAN (Cheng Long, de son vrai nom CHEN Gangsheng, dit Jackie)

acteur et cinéaste chinois (Hong Kong 1954).

Sa famille, qui a émigré en Australie, l'envoie à l'âge de 7 ans à Hong Kong où, pendant dix ans, il étudie l'opéra de Pékin et les arts martiaux. Acteur enfant, il joue dans de nombreux films cantonais. En 1976, il est remarqué par Luo Wei, qui le fait entrer dans sa compagnie et lui donne la vedette dans plusieurs films où il apparaît sous son nom actuel de Cheng Long. En 1978, Luo Wei le prête à Seasonal Films pour le Serpent à l'ombre de l'aigle (Shi xing diao shou, réal. Yuen Woo-ping), qui le révèle au grand public, succès confirmé avec le Maître chinois (Zui quan, Yuen Woo-ping, 1978). Jackie Chan révolutionne le film de kung-fu, en faisant de ses films des comédies dont il est le clown virevoltant. Par la suite, il s'obstine à exécuter lui-même ses cascades époustouflantes. En 1979, il écrit, dirige et interprète son premier film, la Hyène sans peur (Xiao quan guai zhao). Il signe ensuite avec la Golden Harvest pour le Jeune Maître (Shi di chu ma, 1980), qu'il dirige et interprète. Une première tentative aux Etats-Unis, The Cannonball Run (Hal Needham, 1981) s'avère un échec, comme le sera la deuxième, The Protector (James Glickenhaus, 1986). Avec Raymond Chow, il fonde sa propre compagnie, Golden Way. En 1982, il réalise le Seigneur Dragon (Long shaoye), suivi de Projet A (A jihua, 1983), Police Story (Jinsha gushi, 1985), Armour of God (Long xiong hu di, 1986), Projet A II (A jihua xu ji, 1987), Police Story II (Jinsha gushi II, 1988), Miracles : The Canton Godfather (Qi ji, 1989), hommage à la comédie américaine, optimiste et chaleureuse. En 1993, il casse son image d'humoriste en tenant un rôle de policier impitoyable dans Crime Story (Kirk Wong, 1993). Après les films de qualité que sont City Hunter (Wong Jing, 1993) et le Maître chinois II (Lau Kar-leung, 1994), il parvient enfin à percer en Amérique avec Rumble in the Bronx (Stanley Tong, 1995). Il alterne alors les films hongkongais et américains, avec notamment First Strike (Stanley Tong, 1996), Rush Hour (Brett Ratner, 1998) et Shanghai Noon (Tom Dey, 2000).