Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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JANNINGS (Theodor Friedrich Emil Janenz, dit Emil)

acteur allemand (Rorschach, Suisse, 1884 - Strobl, Autriche, 1950).

Après des études à Zurich, puis en Allemagne, il joue au théâtre avec une troupe de jeunes. Werner Krauss le remarque et Max Reinhardt l'engage, n'hésitant pas à lui confier d'emblée des rôles difficiles du répertoire classique. Le comédien se sent à l'aise sur la scène et il n'accepte de s'approcher du cinéma que par besoin d'argent. Il tourne, dès 1914, d'abord de brefs rôles et gagne vite une grande notoriété grâce à son fort tempérament. Jannings ne raffine pas la nuance, mais intuitivement il sait exprimer un sentiment par une attitude, un geste lent, un regard appuyé. Son registre est celui de l'acteur expressionniste. Dès 1919, il compose des personnages historiques avec un sens précis de la psychologie, sous la direction de Lubitsch et de Buchowetzky, mais sa force expressive ne gagnera sa véritable mesure qu'avec Murnau et dans Variété de Dupont, où il joue avec son dos comme on le dira plus tard d'un illustre représentant de « la méthode » chère à l'Actors Studio : Marlon Brando. Sa lourde stature, son allure pesante, son visage de cabotin malin capable soudain d'une truculence (Danton), d'une cautèle (Tartuffe) ou d'un désespoir nu (le Dernier des hommes) ont permis à Jannings de tenir plusieurs des rôles les plus intéressants du cinéma allemand des années 20. La Paramount l'appelle ensuite à Hollywood. Il y reste de 1927 à 1930, y travaille avec Lubitsch et avec Josef von Sternberg, qui lui confie, en face de Marlene Dietrich, le rôle principal de l'Ange bleu. Lié dès lors, par contrat, à la UFA, il tourne peu, se répète, heureux d'être couvert d'honneurs par le IIIe Reich, puis se retire chez lui, en Autriche. Il a publié une autobiographie qui débute par une assertion, depuis longtemps controuvée, selon laquelle il était natif de New York...

Films :

Im Banne der Leidenschaft (W. Schmidt-Hässler, 1914) ; Arme Eva (R. Wiene, CO A. Berger, id.) ; Nächte des Grauens (A. Robison, 1916) ; Rose Bernd (Alfred Halm, 1919) ; Köhlhiesels Töchter (Lubitsch, 1920) ; Anne Boleyn (id. id.) ; Danton (D. Buchowetzki, 1921) ; les Frères Karamazov (C. Froelich et Buchowetzki, id.) ; la Femme du pharaon (Lubitsch, 1922) ; Othello (Buchowetzki, id.) ; Pierre le Grand (id. id.) ; À qui la faute ? (P. Czinner, 1924) ; le Cabinet des figures de cire (P. Leni, id). ; Quo Vadis ? (G. Jacoby, id.) ; le Dernier des hommes (Murnau, id.) ; Variétés (E. A. Dupont, 1925) ; Tartuffe (Murnau, 1926); Faust (id. id.); Quand la chair succombe (The Way of All Flesh, V. Fleming, 1927) ; le Roi de Soho (M. Stiller, 1928) ; Crépuscule de gloire (J. von Sternberg, id.); Sins of the Fathers (L. Berger, id.); le Patriote (Lubitsch, id.) ; Mensonges (L. Milestone, 1929) ; l'Ange bleu (Sternberg, 1930) ; Stürme der Leidenschaft (R. Siodmak, 1931) ; les Aventures du roi Pausole (A. Granowski, 1933) ; les Deux Rois (H. Steinhoff, 1935) ; Crépuscule (V. Harlan, 1937) ; la Cruche cassée (Der zerbrochene Krug, G. Ucicky, id.) ; la Lutte héroïque (Steinhoff, 1939) ; le Président Krüger (H. Steinhoff, 1941) ; Wo ist Herr Belling ? (E. Engel, 1945, non achevé).

JANSEN (Pierre)

compositeur français (Roubaix 1930).

Sa longue collaboration avec Claude Chabrol l'a fait considérer comme un des musiciens clés de la Nouvelle Vague avec Delerue, Legrand ou Duhamel, dont les styles sont pourtant très différents. Ayant participé au mouvement de l'avant-garde musicale des années 50, il doit à une rencontre avec Chabrol son entrée dans la musique de cinéma. De 1960 à 1980, il compose pour la quasi-totalité des films de ce dernier ; son style – jusque dans d'élégants et discrets pastiches – s'accorde au ton parfois grinçant du cinéaste, à ses histoires insolites et à ses coups de griffe narratifs autant que thématiques (les Bonnes Femmes, le Boucher, les Noces rouges, Violette Nozière...). Certaines de ces musiques sont susceptibles d'être interprétées hors film – ce qui a été le cas de sa partition pour les Innocents aux mains sales. Il compose également pour des films moins connus, signés Michel Mardore, Henri Glaeser, Maurice Ronet, et aussi pour la télévision à partir de 1974. Auteur de la partition de Nuit d'or de Serge Moati (1976), il a accompagné le travail télévisuel de ce dernier, ainsi que celui de Michel Mitrani. Après une période où il a été sollicité par Goretta (la Dentellière, 1977), Francis Girod (l'État sauvage, 1978), Simon Edelstein (Un homme à la mer, 1980), il ne travaillera plus que pour la télévision.

JANSSEN (Pierre-Jules-César)

astronome français (Meudon 1824 - Paris 1907).

Pour étudier le passage de Vénus devant le Soleil, il réalisa en 1874 son revolver astronomique (ou photographique), dont Marey s'inspira pour son fusil photographique.

JAOUI (Agnès)

actrice, scénariste et réalisatrice française (Antony 1964).

Son nom doit être associé à celui de Jean-Pierre Bacri, mais sa carrière d'actrice a suivi des chemins très différents. Ayant débuté dès 1983, elle a de petits rôles dans de nombreux films jusqu'aux années 90, où elle se révèle autant comme scénariste-dialoguiste que comme actrice. Après des rôles secondaires dans le Déménagement (Olivier Doran, 1997) et le Cousin (Alain Corneau, 1998), elle a le rôle principal dans Une femme d'extérieur (Christophe Blanc, 2000). Coauteur avec Bacri des pièces de théâtre Cuisine et dépendances et Un air de famille, elle participe à leur adaptation cinématographique sous la direction respective de Philippe Muyl (1993) et de Cédric Klapisch (1997).

Toujours associée à Jean-Pierre Bacri, elle étonne par l'adaptation de Smoking et No smoking pour Alain Resnais, puis dans l'écriture de On connaît la chanson (A. Resnais), prouvant qu'on ne saurait considérer les deux partenaires comme de simples rénovateurs du théâtre de boulevard. Le Goût des autres (2000) la voit passer derrière la caméra avec succès. Ce film qu'elle a écrit de nouveau avec Bacri, et interprété, caractérise bien ses orientations thématiques ainsi que le ton résolument contemporain des portraits et des dialogues où se marient satire et émotion, dans un style direct et incisif malgré l'influence parfois sensible du théâtre.