Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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PIERRY (Marguerite)

actrice française (Paris 1888 - id. 1963).

Sa verve mordante, sa voix aux modulations imprévues, son élégance et son humour au vitriol la consacrent, au théâtre, grande première comique, mais le cinéma réduit son abattage et la cantonne souvent dans le vaudeville et la farce. Guitry l'admire et lui confie force rôles, mais aussi Renoir (On purge Bébé, 1931), W. Thiele (le Bal, id.), Bernard-Deschamps (le Rosier de Madame Husson, 1932). Elle sait donner du tonus aux plus inconsistantes silhouettes et s'impose aux côtés de Michel Simon dans la Vie d'un honnête homme (Guitry, 1953).

PIÉTAGE (traduction littérale de l'anglais footage, d'après foot).

Numéros de piétage, repères numérotés, traditionnellement inscrits à intervalles de un pied (2) dans la marge du film, et qui permettent d'assembler le négatif en conformité exacte avec la copie de travail issue du montage. ( FILM, MONTAGE.)

PIETRANGELI (Antonio)

cinéaste italien (Rome 1919 - Gaeta 1968).

Après des études de médecine, il se consacre à la critique cinématographique et fait partie, au début des années 40, du groupe de jeunes cinéastes qui va renouveler le cinéma national. En 1942, il collabore au scénario du célèbre film de Visconti, Ossessione, et après la guerre il écrit en collaboration les scénarios de films de Franciolini, Germi, Blasetti, Camerini, Rossellini, Lattuada. Ses expériences dans le courant néoréaliste émergent dans le premier film qu'il réalise : Il sole negli occhi (1953), subtil portrait de la vie malheureuse d'une jeune servante. Il se spécialise ensuite dans les comédies de mœurs et dirige : le Célibataire (Lo scapolo, 1956), film brillant écrit pour Alberto Sordi ; Souvenir d'Italie (1957), farce touristique à épisodes ; les Époux terribles (Nata di marzo, 1958), jolie histoire sentimentale qui confirme ses intérêts pour les contradictions de la vie féminine. En 1960, il crée avec Adua et ses compagnes (Adua e le compagne) un drame social sur un groupe de prostituées au moment de la fermeture des bordels. Il aime les excès passionnels et sait très bien diriger des actrices fortes comme Sandra Milo et Simone Signoret. Il revient à la comédie avec Fantômes à Rome (Fantasmi a Roma, 1961), satire fantastique pleine de nostalgie pour la Rome d'antan. Avec La parmigiana (1963) et Annonces matrimoniales (La visita, 1964), il crée deux œuvres grotesques et « méchantes » qui content les mésaventures des gens naïfs dans une société aliénée. Après une adaptation lucide du classique de Crommelynck le Cocu magnifique (Il magnifico cornuto, id.), il dirige un autre film satirique : Je la connaissais bien (Io la conoscevo bene, 1965), sur la carrière trop rapide d'un jeune mannequin. Il dirige ensuite Fata Marta, un épisode des Ogresses (Le fate, 1966), et meurt noyé accidentellement pendant le tournage de Quand, comment, et avec qui ? (Come, quando, e perchè, 1969, terminé par V. Zurlini). Son œuvre inachevée est à considérer entre les plus bizarres et personnelles du cinéma italien. ▲

PIGAUT (Roger)

acteur et cinéaste français (Vincennes 1919 - Paris 1989).

Il a la chance de tourner le rôle principal de son premier film : Retour de flamme (H. Fescourt, 1943). Déjà, son personnage se devine. Taciturne et séduisant, il représente un jeune ingénieur sacrifiant tout au triomphe de son invention. Autant-Lara lui propose ensuite d'interpréter Fabien Marani, le régisseur dont s'éprend Mlle de Bonafé et dont les amours auront une conclusion tragique : Douce (id.) lui a sans doute donné son meilleur rôle. Sortilèges (Christian-Jaque, 1945) en fait un bûcheron, sympathique et amoureux, acharné à conquérir son bonheur. Exception faite de l'ouvrier parisien de Antoine et Antoinette (Jacques Becker, 1947) et de l'ouvrier au grand cœur des Frères Bouquinquant (L. Daquin, id.), sa filmographie s'étiole. Ce qui explique que Pigaut soit passé derrière la caméra (le Cerf-volant du bout du monde, 1958, première coproduction franco-chinoise ; Comptes à rebours, 1970 ; Trois Milliards sans ascenseur, 1972 ; le Guêpier, 1976). Tous films plaisants dans leurs simples limites.

PINAL (Silvia)

actrice mexicaine (Guaymas, Sonora, 1931).

La dernière star du Mexique a débuté jeune (Bamba, M. Contreras Torres, 1948) et a mis quelque temps à être autre chose qu'une superbe créature blonde. Elle y a été aidée notamment par Alberto Gout (La sospechosa, 1954), Tulio Demicheli (Locura pasional, 1955), Emilio Fernández (Una cita de amor, 1956), son mari, le producteur Gustavo Alatriste, et, surtout, Luis Bũnuel, qui la transforme successivement en Viridiana (1961), en walkyrie (l'Ange exterminateur, 1962) et en diablesse (Simon du désert, 1964). Malheureusement, elle a du mal à retrouver d'aussi beaux rôles au Mexique (La soldadera, José Bolãnos, 1966 ; Divinas palabras, Juan Ibá~nez, 1976), ou ailleurs (Maribel y la extrãna familia, J. M. Forqué, 1960 ; Shark ! S. Fuller, 1967 ; la Bataille de San Sebastian, H. Verneuil, 1968 ; Pubis angelical, R. de la Torre, 1982). Elle a néanmoins continué à régner sur le petit écran de son pays, avant d'ébaucher un come-back, avec Modelo antiguo (Raúl Araiza, 1991), trop vieux jeu.

PINELLI (Tullio)

scénariste italien (Turin 1908).

Après des études en droit, il écrit plusieurs pièces dramatiques pour le théâtre et pour la radio. En 1945, il débute au cinéma en adaptant son drame I padri etruschi : L'adultera (Duilio Coletti). Sortent ensuite des films auxquels il avait collaboré avant la guerre : Le miserie del signor Travet (M. Soldati, 1946), la Fille du capitaine (M. Camerini, 1947). Il collabore avec Lattuada pour le scénario de deux chefs-d'œuvre néoréalistes (le Bandit, 1946 ; Sans pitié, 1948), puis pour ses films suivants : le Moulin du Pô (1949), les Feux du music-hall (1950, CO F. Fellini), la Steppe (1962). Son talent littéraire et son attention aux détails psychologiques se révèlent aussi dans ses scénarios pour Rossellini (l'épisode le Miracle de Amore, 1948, écrit avec F. Fellini), Germi (Au nom de la loi, 1949 ; le Chemin de l'espérance, 1950 ; la Tanière des brigands, 1952 ; Serafino, 1968 ; Alfredo, Alfredo, 1972), Comencini (Volets clos, 1951), Cottafavi (Traviata ‘ 53, 1953). Son amitié avec Fellini donne vie à une extraordinaire série de films conçus pour ce cinéaste en collaboration avec d'autres écrivains : Courrier du cœur (1952), les Vitelloni (1953), Il bidone (1955), les Nuits de Cabiria (1957), La dolce vita (1960), l'épisode Le tentazioni del dottore Antonio de Boccace 70 (1962), Huit et demi (1963), Juliette des esprits (1965), Ginger et Fred (1985), La voce della luna (1990). Le développement de certains thèmes spirituels dans l'œuvre fellinienne est dû à son apport. Il a collaboré avec d'autres cinéastes très différents comme Glaudo Pellegrini (Symphonie inachevée [Sinfonia d'amore], 1955), Mario Costa (Pitié pour celle qui tombe [Pietà per chi cade], 1954), Eduardo De Filippo (Fortunella, 1958), Liliana Cavani (Galileo, 1969), Antonio Pietrangeli (Adua et ses compagnes, 1960 ; Quand, comment, et avec qui ?, 1969 CO V. Zurlini), Alberto Sordi (Amore mio, aiutami, id.), Mauro Bolognini (Vertiges, 1975), Mario Monicelli (Mes chers amis, 1975 ; Voyage avec Anita, 1979 ; Mes chers amis, numéro 2, 1982).