Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
P

PERIES (Lester James)

cinéaste cinghalais (Colombo 1919).

Si le cinéma de Sri Lanka, qui à l'époque est encore nommé Ceylan, voit le jour en 1947 sous les auspices et dans les studios indiens de Madras, le seul cinéaste qui se soit fait connaître dans l'île et à l'étranger, le seul à avoir proposé une vision personnelle demeure James Lester Peries. Né dans une famille catholique aisée, c'est surtout le monde bouddhiste, rural, que reflète son œuvre, née d'un fructueux apprentissage du documentarisme au sein du Government Film Unit (GFU) de Ceylan. De formation littéraire, ayant vécu huit ans à Londres, Peries se laisse séduire par le cinéma. Il travaille d'abord avec Ralph Keene, producteur du GFU, et William Blake, qui est le chef opérateur de plusieurs de ses films, dont trois de ses douze courts métrages, ainsi qu'avec Sumithra Peries, son épouse et chef monteuse, à l'occasion cinéaste. Dans un pays sans tradition cinématographique, où dominent les films hindis, tamouls et anglo-saxons, Peries veut s'assurer d'une équipe cohérente, partageant ses conceptions. Pas de didactisme, ni de théorisation. Il va s'essayer à traduire l'âme et la vie d'un peuple que 150 ans de colonialisme n'ont pas sorti du sous-développement et qui reste sensibilisé aux superstitions, lié par les rituels, soumis à la loi des travaux agraires. Son premier long métrage, la Ligne du destin (Reveka, 1956), tourné en extérieurs, est remarqué à Cannes, acheté par plusieurs pays. Les thèmes de Peries s'y trouvent déjà pour la plupart — vie cruelle et ludique, présence des enfants, irrationalité... Il prend le contre-pied des mélos fabriqués à renfort de chansons et de poursuites rocambolesques que Ceylan commence à produire. Il ne récuse pas, cependant, le mélodrame (‘ Entre deux mondes ’ [Delovak athara], 1965) mais le charge de ce langage du « silence » et du signe qui est essentiel à l'Orient et dont Satyajit Ray ou Yasujiro Ozu ont capté la magie. Les plus maîtrisés des films de Peries possèdent ce charme de l'indicible qui laisse affleurer la sensibilité et l'émotion sans jamais de manifestation théâtrale. Ses personnages affrontés à la vie (aux brutalités, aux éléments, au dénuement) n'en paraissent que plus vrais. On peut situer dans cette ligne Changements au village (Gamperaliya, 1963), ‘ la Robe jaune ’ (Ran Salu, 1966), ‘ Cinq Arpents de terre ’ (Akkara paha, 1969), Des fleurs blanches pour les morts (Amasin polawatha, 1976) ainsi que l'adaptation du roman de Leonard Woolf, ‘ le Village dans la jungle ’ (Baddegama, 1979), sans doute une des rares transpositions fidèles au tragique du monde rural, et ‘ la Fin d'une ère ’ (Yuganthaya, 1984). Par ailleurs, on doit à Peries quelques essais de films « historiques » sur la présence portugaise coloniale à Ceylan avec ‘ le Message ’ (Sandesaya, 1959), ou sur celle des Anglais avec Rébellion (Veera puran, 1978). Mais il reste isolé, assujetti à des conditions de production et de distribution précaires. En effet après quelques années de silence il revient à la mise en scène en 1991 avec Awaragira. La création, au cours de l'année 1970, du State Film Corporation n'a pas donné l'impulsion attendue, ni modifié enfin la taxation. ▲

PERILLI (Ivo)

scénariste et cinéaste italien (Rome 1902 - id. 1994).

Architecte de formation, Perilli fait ses débuts dans le spectacle comme décorateur de théâtre puis de cinéma. Après l'interdiction par la censure fasciste de son premier film, Ragazzo, 1933, il ne réalise que deux autres films (Margherita fra i tre, 1942 ; La primadonna, 1943) et se consacre à l'écriture des scénarios. Il collabore avec Brignone, Mattoli, Righelli, Bonnard, Zampa et surtout Mario Camerini, dont il contribue à définir le style (Je vous aimerai toujours, 1933 ; Come le foglie, 1934 ; Il cappello a tre punte, 1935 ; Darò un milione, id. ; Batticuore, 1939 ; I grandi magazzini, id. ; Une romantique aventure [Una romantica avventura], 1940 ; les Fiancés, 1941). Après la guerre, il poursuit une carrière prolifique et participe notamment aux scénarios de Riz amer (G. De Santis, 1949) ; Europe 51 (R. Rossellini, 1952) ; Ulysse (M. Camerini, 1954) ; Guerre et Paix (K. Vidor, 1956) ; Barrage contre le Pacifique (R. Clément, 1958) ; la Tempête (A. Lattuada, id.) ; Cinq Femmes marquées (M. Ritt, 1960) ; la Bible (J. Huston, 1966) ; Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! (L. Comencini, 1974).

PÉRINAL (Georges)

chef opérateur britannique d'origine française (Paris 1897 - Londres 1965).

Il travaille en France dès 1913 et, vers le milieu des années 20, se fait connaître en collaborant avec Jean Grémillon pour ses courts métrages, avec Jacques Feyder (les Nouveaux Messieurs, 1929), Jean Cocteau (le Sang d'un poète, 1931) et René Clair (Sous les toits de Paris, 1930 ; le Million, 1931 ; À nous la liberté, id. ; Quatorze Juillet, 1933). Puis il s'expatrie en Grande-Bretagne et collabore aux productions d'Alexander Korda qui sont au plus haut de leur succès (la Vie privée d'Henry VIII, 1933). Périnal est l'un des grands maîtres européens : son travail avait un raffinement et un brillant rares, en noir et blanc (Rembrandt, A. Korda, 1936) ou en couleurs (le Voleur de Bagdad, M. Powell, T. Whelan, L. Berger, 1940, film qui lui vaut un Oscar). C'est très probablement dans sa collaboration avec Otto Preminger pour Sainte Jeanne (1957) et surtout Bonjour tristesse (1958) qu'il a trouvé la consécration de son talent : photographie à la fois claire, nette et, partant, d'une sensibilité écorchée.

PÉRISCOPIQUE.

Projection périscopique, dans les salles présentant un obstacle entre la cabine et l'écran, système de projection où le faisceau lumineux issu du projecteur est envoyé sur l'écran par deux réflexions successives sur deux miroirs, sur le principe des périscopes.

PERKINS (Anthony)

acteur américain (New York, N. Y., 1932 - Hollywood, Ca., 1992).

Acteur de théâtre dès l'adolescence, il débute en vedette à l'écran dans The Actress (G. Cukor, 1953). Son physique le cantonne très vite dans les emplois de jeunes hommes anxieux, voire névrotiques, registre qu'il porte naturellement jusqu'à la psychopathie dans Psychose (A. Hitchcock, 1960). Ce rôle excellent lui vaut une carrière internationale assez décevante, les producteurs européens essayant en général de gommer sa vraie nature, ou de la réduire à sa propre caricature. On retiendra comme une exception assez heureuse Aimez-vous Brahms ? (A. Litvak, 1961) et surtout le Procès (O. Welles, 1962), où le cinéaste a génialement utilisé la fragilité de l'acteur pour lui faire supporter, dans le rôle de Joseph K, le poids d'une fable métaphysique. La difficulté évidente qu'a eue Perkins à mûrir est d'autant plus regrettable qu'il a su faire preuve, dans ses années difficiles, d'un réel professionnalisme, malgré une certaine tendance à la nonchalance. En 1986, il réalise lui-même Psychose III (Psycho III).