Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

ARLETTY (Léonie Bathiat, dite) (suite)

La grande comédienne qui sommeille en elle va se réveiller dans ses deux personnages les plus accomplis, imaginés par Jacques Prévert et animés par Marcel Carné, Dominique des Visiteurs du soir (1942) et Garance des Enfants du paradis (1945) : si jamais l'expression beauté du diable a pu s'appliquer à une actrice, c'est bien à elle dans son personnage de complice du démoniaque Jules Berry, figure séduisante et ambiguë qui sème le trouble dans le cœur des hommes et déclenche un drame tout en cherchant à prévenir les irrésistibles effets de son pouvoir maléfique. Quant à Garance, elle incarne la vérité toute nue, sans manières mais sans impudeur, tandis que son cœur bat en secret pour le mime Baptiste, qui ne sait pas saisir sa chance ; et le plan final de ce film est certainement la plus belle image d'elle que le cinéma ait jamais donnée. Ces deux personnages reflètent symboliquement les deux aspects complémentaires de sa personnalité de comédienne, et peut-être de femme : la séduction de la beauté physique et la limpidité de l'âme.

À la Libération, ses imprudentes fréquentations allemandes pendant l'Occupation lui valent de sérieux ennuis : deux ans d'une sorte de résidence surveillée en province. Mais, dès 1947, elle fait partie de la distribution d'un film de Carné qui restera malheureusement inachevé, la Fleur de l'âge. Ce réalisateur lui reste encore fidèle en l'engageant pour l'Air de Paris (1954), qui sera le dernier film important d'une carrière dont la période d'après-guerre s'avère décevante par la banalité de la plupart des films où elle figure, parmi lesquels : Portrait d'un assassin (Bernard Roland, 1949), le Père de Mademoiselle (M. L'Herbier, 1953), le Grand Jeu (R. Siodmak, 1954), Huis clos (J. Audry, id.) et le Jour le plus long (PR D. Zanuck, 1962). En 1962, elle a un accident oculaire qui la conduit à une quasi-cécité et met pratiquement fin à sa carrière.

Autres films :

la Douceur d'aimer (René Hervil, 1930) ; la Belle Aventure (R. Schünzel, 1932) ; Un soir de réveillon (K. Anton, 1933) ; Je te confie ma femme (René Guissart, id.) ; la Guerre des valses (L. Berger, id.) ; le Vertige (Paul Schiller, 1935) ; la Fille de Mme Angot (Jean Bernard-Derosne, id.) ; Aventure à Paris (M. Allégret, 1936) ; le Mari rêvé (Roger Capellani, id.) ; Messieurs les ronds-de-cuir (Y. Mirande, 1937) ; Aloha ou le Chant des îles (L. Mathot, id.) ; Si tu m'aimes / Mirages (Alexandre Ryder, 1938) ; le Petit Chose (M. Cloche, id.) ; la Chaleur du sein (Jean Boyer, id.) ; Tempêtes (Bernard-Deschamps, 1940) ; Boléro (J. Boyer, 1942) ; la Femme que j'ai le plus aimée (Robert Vernay, id.) ; l'Amant de Bornéo (Jean-Pierre Feydeau et René Le Hénaff, id.) ; Gibier de potence (R. Richebé, 1951) ; l'Amour Madame (G. Grangier, 1952) ; Mon curé chez les pauvres (H. Diamant-Berger, 1956) ; Vacances explosives (Christian Stengel, 1957) ; le Passager clandestin (Ralph Habib, 1958) ; Et ta sœur (Maurice Delbez, id.) ; Maxime (H. Verneuil, id.) ; Un drôle de dimanche (M. Allégret, id.) ; la Gamberge (N. Carbonnaux, 1962) ; les Petits Matins (J. Audry, id.) ; la Loi des hommes (Charles Gérard, id.) ; le Voyage à Biarritz (G. Grangier, id.) ; Tempo di Roma (D. de La Patellière, 1963). ▲

ARLISS (George Augustus Andrews, dit George)

acteur britannique (Londres 1868 - id. 1946).

Il débute très tôt au théâtre, fondant sa propre compagnie, et à 18 ans il joue ses propres pièces. En 1895, il épouse Florence Montgomery, qui sera souvent sa partenaire à l'écran et à la scène. Une triomphale tournée américaine lui vaut des propositions cinématographiques. En 1921, il tourne The Devil (E. Goulding) et la première version de Disraeli (Henry Kolker). Sa prestation dans la version parlante du même sujet (Alfred E. Green, 1929) lui rapporte un Oscar. Il tourne volontiers plusieurs versions de ses succès de la scène : The Man Who Played God (d'Harmon Weight en 1922 et de John Adolphi en 1932), la Déesse rouge (The Green Goddess) de Sidney Olcott en 1923 et d'Alfred E. Green en 1930. Théâtral jusqu'à l'extrême, il joue avec malice et distinction de nombreux rôles historiques : Alexander Hamilton (John Adolphi, 1931), Voltaire (id., 1933), Rothschild (The House of Rothschild) (A. Werker, 1934) ou Cardinal Richelieu (Rowland V. Lee, 1935). Peu cinématographique, son jeu plaisamment daté est un témoignage sur l'art de la comédie en Angleterre, à l'époque victorienne. En 1937, il revient dans son pays où il tourne encore Dr. Syn (R. W. Neill), avant de se retirer. Il est le père du cinéaste Leslie Arliss. Il a écrit deux volumes autobiographiques, en 1927 Up the Years, in Bloomsbury, et en 1940 My Ten Years in the Studios.

ARLISS (Leslie Andrews, dit Leslie)

cinéaste et scénariste anglais (Londres 1901 - id. 1987).

Fils du fameux comédien George Arliss, il est d'abord scénariste à partir de 1932 et passe à la réalisation en 1941 avec The Farmer's Wife (CO Norman Lee). Suivent entre autres l'Homme en gris (The Man in Grey, 1943), Romance d'amour (Love Story, 1944), le Masque aux yeux verts (The Wicked Lady, 1945) et Un homme dans la maison (A Man About the House, 1947). Il se consacre après 1955 à la télévision.

ARMAT (Thomas)

inventeur américain, pionnier du cinéma (Fredericksburg, Va., 1866 - Washington, D. C., 1948).

En 1894-95, partiellement en association avec Charles Francis Jenkins, il mit au point, après plusieurs tentatives, un projecteur dénommé Phantoscope (ou Fantoscope), qui assurait l'avance intermittente du film grâce à une came du type Demenÿ. Conçu pour projeter les films du Kinetoscope d'Edison, cet appareil donna lieu à des représentations publiques à Atlanta dès septembre 1895. En 1896, pris de court par l'apparition du Cinématographe Lumière, Edison passa un accord avec Armat pour commercialiser le Phantoscope sous le nom de « Vitascope d'Edison » dont la première publique a lieu à New York le 23 avril. Un conflit juridique, à propos de brevets, opposa ensuite Armat à Edison et à la Biograph jusqu'à ce que, finalement, il se joigne à eux lors de la formation de la Motion Pictures Patent Company.

ARMENDÁRIZ (Juan Ramón Armendáriz Barrios, dit Montxo)

cinéaste espagnol (Olleta, Navarre, 1949).