Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ROULEAU (Raymond)

acteur et cinéaste français (Bruxelles 1904 - Paris 1981).

Il apparaît brièvement dans l'Argent (M. L'Herbier, 1929), puis gagne du terrain dans la décennie suivante avec des œuvres de Chenal, de Pabst, de Moguy ou de Marc Allégret. Pendant l'Occupation, il travaille beaucoup, mettant au point un personnage de séducteur désinvolte et ironique : Premier Bal, Christian-Jaque, 1941 ; Dernier Atout, J. Becker, 1942 ; Monsieur des Lourdines, Pierre de Hérain, 1943 ; Falbalas, Becker, 1945. Par la suite, il crée le détective papillonnant des films d'Hunebelle. Metteur en scène de théâtre, il l'est aussi pour l'écran avec moins de succès : Une vie perdue (1933), Rose (1936), le Messager (1937), les Sorcières de Salem (RDA, 1957), les Amants de Téruel (1962).

ROUMANIE.

Comme dans la plupart des pays européens, le Cinématographe des frères Lumière apparaît à Bucarest quelque cinq mois (27 mai 1896) après les premières projections parisiennes, mais, contrairement à bon nombre de ces pays, le développement du cinéma en Roumanie sera extrêmement lent. Il n'y aura, à dire vrai, aucune cohésion dans l'organisation de la production, et ce jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La première œuvre d'importance date de 1912. Elle est tournée à l'initiative de l'acteur Grigore Brezeanu qui en assure la réalisation. C'est la Guerre d'indépendance (Řazboiul Independenţei), film produit par Leon Popescu et dont les interprètes (Constantin Nottara, Aristide Demetriade) étaient des acteurs connus appartenant au Théâtre national de Bucarest. Mais le même Grigore Brezeanu avait, en 1911, signé un mélodrame sentimental : ‘ Amour fatal ’ (Amor fatal), film qui doit donc être considéré comme le premier essai roumain en matière de cinéma de fiction.

Le très modeste éveil du cinéma roumain ne parvient pas à retenir dans leur pays deux artistes qui s'expatrieront : Lupu-Pick et Jean Negulescu (devenu Negulesco).

Au cours des années 20, la production reste sporadique. Le Polonais Viktor Bieganski réalise ‘ le Péché ’ (Pǎcat, 1925), Jean Georgescu : ‘ la Fureur de Cléopâtre ’ (Ňabǎďaile Cleopatrei, id.), Jean Mihail : ‘ Manasse ’ (id.) et ‘ Lia ’ (id., 1927), Eftimie Vasilescu et Ghiţa Popescu : ‘ la Malchance ’ (Ňapasta, 1928). À noter pour l'anecdote qu'une jeune actrice qui allait quelques années plus tard devenir célèbre — mais en France — fait une apparition à l'écran dans ‘ la Petite Tzigane de la chambre à coucher ’ (Ţigancuşa de la iatac, Alfred Hallm) : c'est Elvira Popescu, future Elvire Popesco.

Un genre nouveau surgit à la fin du muet : le western historique, genre qui connaîtra trente ans plus tard un immense succès en Roumanie. Horia Igiroşanu tourne ‘ Iancu Jianu ’ (1928) et ‘ les Haï-douks ’ (Haiducii, 1929). ‘ Rhapsodie roumaine ’/‘ l'Appel de l'amour ’ (Chemarea dragosti, J. Mihail, 1932) est le premier film sonore, mais cette métamorphose du cinéma ne modifie guère les structures d'une industrie livrée à la seule initiative individuelle. En 1934 se constitue un Fonds national de cinéma, destiné à encourager la production, et deux ans plus tard se crée la section cinématographique de l'Office national du tourisme, embryon d'un Office national cinématographique qui devrait assurer enfin une politique cohérente en matière de films. Au festival de Venise 1938, le documentaire Au pays des Motzi Gens des Carpathes de Paul Čalinesco est primé : c'est la première reconnaissance du cinéma roumain hors de ses frontières. En 1942, une adaptation de Caragiale : ‘ Une nuit orageuse ’ (O noapte fortunoasa, Jean Georgescu), remporte un large succès d'estime, mais la situation politique du pays ne permet guère aux projets de se concrétiser. La production après 1948 demeure extrêmement faible et il faut attendre les années 50 et l'aménagement des divers studios de Buftea (Bucure sti pour les films de fiction, Alexandru Sahia pour les documentaires et Animafilm pour l'animation) afin de voir enfin apparaître les premiers signes encourageants d'une production quelque peu planifiée. Paul Čalinescu (‘ La vallée résonne ’ [Řasuna valea], 1950 ; ‘ Dans un village ’ [Desfǎsurarea], 1955), Victor Iliu (‘ Mitrea Cocor ’, CO Marietta Sadova, 1952 ; ‘ le Moulin de la chance ’ [Moara cu noroc], 1956), Mircea Dřagan* (‘ la Soif ’, 1961 ; ‘ Lupeni 29 ’, 1963 ; ‘ Golgotha ’, 1967), Manole Marcus (‘ le Quartier de la gaieté ’ [Cartierul Veseliei], 1964), Iulian Mihu (‘ le Procès blanc ’ [Procesul alb], 1965), Mihai Iacob (‘ Darclée ’ [id.], 1960 ; ‘ l'Étranger ’ [Strainul], 1963), Mircea Šaucan, Savel Stiopul, Malvina Urşianu sont les noms les plus en vue d'une cinématographie qui parvient néanmoins difficilement à conquérir une renommée internationale. Trois exceptions à la règle : Liviu Ciulei*, auteur de ‘ l'Éruption ’ (1959) et des Flots du Danube (1960) et metteur en scène de théâtre reconnu qui réalise en 1964 la Forêt des pendus, Andrei Blaier* avec les Matins d'un garçon sage (1967) et Lucian Pintilié* — un autre transfuge du théâtre — avec la Reconstitution*. Ce sont probablement les trois œuvres les plus marquantes des années 60. D'autres genres populaires ont la faveur du public (les films cités jusqu'alors étant pour la plupart des drames sociaux ou psychologiques ou des adaptations littéraires) : les comédies (souvent signées Geo Saizescu, Mircea Moldovan, Gheorghe Vitanidis), le film d'aventures et surtout les œuvres à grand spectacle qui combinent le film historique, les légendes nationales et parfois le film de cape et d'épée. Lucian Bratu avec Tudor (1962) donne ses lettres de noblesse à un genre qu'illustreront entre autres Dino Cocea (les Haïdouks [Haiducii], série commencée en 1965) et Sergiu Nicolaescu (les Immortels/les Daces [Dacii], 1967), la Dernière Croisade (Mihai Viteazul, 1971). La Roumanie est devenue également une terre d'accueil pour les cinéastes étrangers : après Louis Daquin et ses Chardons du Baragan, 1957, viennent Henri Colpi (Codine, 1964), René Clair (les Fêtes galantes, 1965), Ferenc Kosa (Jugement, 1970), Jean-Paul Rappeneau (les Mariés de l'An II, id.). Elle se fait connaître par l'ingéniosité de son école d'animation, dont le leader incontesté est Ion Popescu-Gopo, mais qui compte de nombreux autres éléments de valeur (Gheorghe Sibianu, Olimp Vǎřaşteanu, Iulian Hermeneanu, Ştefan Munteanu, Liviu Ghigorţ, Florin Anghelescu, Ion Truiča, Laurenţiu Sîrbu et le marionnettiste Bob Čalinesco) et également par une petite production de films pour enfants, dont la spécialiste est Elisabeta Bostan. Les années 70 vont apporter un certain souffle à l'inspiration des meilleurs cinéastes : Malvina Urşianu tourne la Joconde sans sourire (Gioconda fǎřa surîs, 1967), Mircea Muresan, auteur d'un intéressant Hiver en flammes (Řascoala) en 1966, donne successivement le Hachereau (Baitagul, 1970) et le Siège (1972), Manole Marcus s'impose avec le Pouvoir et la Vérité (Puterea şi adevǎrul, 1972) et Iulian Mihu avec Felix et Otilia (Felix şi Otilia, id.), Radu Gabrea dirige Trop petit pour une aussi grande guerre (1970), Andrei Blaier Cartes postales avec fleur (1975), Sergiu Nicolaescu la Mort d'Ipu (Atunci i-am condamnat pe to ţi La moarte, 1973), tandis qu'une nouvelle génération de cinéastes semble prendre la relève avec des ambitions plus affirmées à la fois sur le plan thématique et sur le plan stylistique : Mircea Veroiu et Dan Piţa*, auteurs de deux épisodes différents de deux films : Noces de pierre (1973) et la Malédiction de l'or (1974), et qui poursuivent ensuite leur carrière séparément, le premier réalisant notamment ‘ De l'autre côté du pont ’ (1975) et ‘ Entre des miroirs parallèles ’ (1978), le deuxième ‘ Filip le Bon ’ (1975) et le Concours (1983), et d'autre part Constantin Vaeni (le Mur [Zidul], 1975 ; l'Enquête [Ancheta], 1980), Alexandru Tatos (‘ les Pommes rouges ’ [Mere rosii], 1977 ; ‘ la Maison dans les champs ’ [Casa dintre cimpuri], 1978 ; Séquences [Secvente], 1982), Mircea Daneliuc* (Essai micro [Probǎ de microfon], 1980 ; la Croisière [Croaziera], 1982 ; Iacob, 1987), Alexa Visarion (‘ Avant le silence ’ [Inainte de tacere], 1978), Iosif Demian (Une larme de jeune fille [O lacrima de fata], 1981).