Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MOUVEMENTS D'APPAREIL. (suite)

La caméra sur l'épaule.

Les premières caméras de reportage, telle l'Eyemo ( CAMÉRA), n'étaient destinées qu'au reportage, ne serait-ce que par leur très faible autonomie, ce qui n'empêchait d'ailleurs pas le cinéma de fiction de s'en servir à l'occasion, lorsque les circonstances ou les besoins du film le demandaient. La situation changea avec l'Arriflex et la Cameflex, nées respectivement juste avant et juste après la dernière guerre. Portables par conception, dotées de la visée reflex et d'une bonne autonomie, ces caméras permettaient de filmer à la main en concurrençant les caméras traditionnelles sur support. Elles demeuraient toutefois bruyantes, sauf à les « blimper » ( CAMÉRA), auquel cas elles n'étaient malheureusement plus portables. Autosilencieuses, les caméras de la génération suivante — telles, en 35 mm, l'Arri BL ou la Panaflex — ont complètement ouvert les portes au tournage à la main. (La première caméra de cette dernière génération fut l'Éclair 16 de A. Coutant, longtemps inégalée.)

Le tournage à la main crée évidemment un risque d'instabilité de l'image. Les longues focales, qui amplifient visuellement les mouvements, sont à éliminer, et il faut de toute façon un opérateur entraîné, notamment pour l'exercice délicat qui consiste à filmer en marchant. En échange, ce mode de tournage autorise des mouvements d'appareil inimaginables avec les méthodes traditionnelles. Il faut citer ici Claude Lelouch, spécialiste connu de la « caméra sur l'épaule ». Mais on pourrait donner bien d'autres exemples, depuis À bout de souffle de Jean-Luc Godard (1960), filmé par Raoul Coutard, jusqu'aux tournages de Pasolini.

Même avec l'opérateur le plus adroit, le tournage à la main ne peut offrir la même stabilité d'image que le tournage traditionnel, notamment si l'opérateur doit marcher, monter un escalier, etc. C'est pour lever cet obstacle qu'ont été mis au point, dans les années 70, les systèmes Steadicam puis Panaglide.

Dans ces deux systèmes très comparables, l'opérateur porte un harnais spécial, auquel la caméra, à viseur électronique, est reliée par un bras spécial qui conduit à ce que la caméra « flotte » devant l'opérateur, celui-ci observant l'image sur un tube de type télévision placé sur la caméra ou suspendu sous celle-ci. (Dans le second cas, l'opérateur voit l'image en même temps qu'il voit où il met les pieds.) Cette « suspension » absorbe la majeure partie des irrégularités du mouvement de l'opérateur : incomparablement plus souples qu'un travelling ou une grue traditionnels, Steadicam et Panaglide atteignent presque la même qualité d'image. Ce type de matériel, qui demande un opérateur entraîné, et un réel effort physique, a notamment été employé dans The Shining de Stanley Kubrick (1979) ; Rocky de John G. Avildsen (1976) ; Coup de torchon de Bertrand Tavernier (1981) [ également TRAVELLING].

Les stabilisateurs d'image.

Lorsque la caméra est fixée sur un véhicule en mouvement (automobile, hélicoptère, etc.), les vibrations et les secousses sont susceptibles de rendre l'image inutilisable, surtout en cas d'emploi de longues focales.

Les vibrations peuvent être « filtrées », dans certaines limites, par un système adéquat de suspension intercalé entre caméra et véhicule. La plupart des prises de vues depuis l'hélicoptère sont effectuées grâce à de tels systèmes.

Mais ces systèmes ne viennent pas à bout des secousses ni de toutes les vibrations. Divers dispositifs à base de gyroscopes stabilisent la caméra, et soustraient celle-ci (toujours dans certaines limites, la remarque valant pour la totalité des systèmes stabilisateurs) aux mouvements du véhicule support. On pensera par exemple aux travellings en haute mer, remarquables de stabilité, du Crabe tambour de P. Schoendorffer (1977), filmés depuis une plate-forme de conduite de tir d'un navire de guerre.

Dans les « stabilisateurs d'image » récemment apparus, tels le Dynalens ou le stabilisateur Arriflex, les gyroscopes ne servent plus à stabiliser la caméra elle-même. Ils servent à commander un système optique, placé devant l'objectif de la caméra, qui dévie le trajet des rayons lumineux de façon à compenser les mouvements de la caméra : tout se passe visuellement comme si ces mouvements étaient éliminés. Relativement fragiles, inutilisables avec les courtes focales, les stabilisateurs d'image présentent, par rapport aux systèmes de stabilisation de la caméra elle-même, l'énorme avantage d'être légers, et donc éventuellement portables.

Steadicam et Panaglide entrent eux aussi dans la catégorie des systèmes qui stabilisent l'image.

Objectifs à focale variable.

La modification, en cours de prise de vues, de la distance focale de l'objectif provoque une impression visuelle qui peut faire penser à un travelling (avant ou arrière) dans l'axe de prise de vues. Mais cet effet ne saurait être confondu avec un véritable travelling : seul ce dernier modifie la perspective.

Mouvements commandés par ordinateur.

Dans les films de trucage à gros budgets, certains mouvements de caméra sont commandés par ordinateur : en permettant d'effectuer deux ou plusieurs fois de suite exactement le même mouvement, cette technique autorise la réalisation d'effets spéciaux particulièrement complexes.

MOVIE ou MOVIES (pl.).

En anglais, fam. pour « cinéma » dans l'expression to go to the movies (aller au cinéma).

MUELLER-STAHL (Armin)

acteur allemand (Tilsit 1930).

Professeur de musique contemporaine originaire de la RDA (où il tourne, entre 1955 et 1977, 17 films, dont Jacob le Menteur de F. Beyer en 1975, et de nombreux téléfilms), il passe en RFA, et tourne sous la direction de Rainer Werner Fassbinder dans Lola, une femme allemande (1981) et le Secret de Veronika Voss (1982). Sollicité par de nombreux réalisateurs étrangers, il se fait remarquer notamment dans Un amour en Allemagne (A. Wajda, 1983), Amère récolte (A. Holland, id.) et Colonel Redl (I. Szabo, 1985, rôle de l'archiduc François-Ferdinand), avant d'interpréter un rôle de premier plan dans Music Box (Costa-Gavras, 1989) – celui d'un Américain d'origine hongroise accusé de crimes de guerre et défendu par sa fille avocate. Débute alors pour l'acteur une riche carrière internationale : la Toile d'araignée (B. Wicki, id.), Avalon (B. Levinson, 1990), les Enfants de Bronstein (J. Kawalerowicz, 1991), Une nuit sur terre (J. Jarmush, id.), Kafka (S. Soderbergh, id.), la Puissance de l'ange (The Power of One, J. Avildsen, 1992), Loin de Berlin (Far From Berlin, Keith Mc Nally, id.), le Conteur de cinéma (B. Sinkel, 1993), la Maison des esprits (The House of spirits B. August, id.) Holy Matrimony (Bernard Nimoy), 1994), The Last Good Time (Bob Balaban, id.), Taxandria (R. Servais, 1995), le Roi des Aulnes (Der Unhold, V. Schlöndorff, 1996), Shine (Scott Hicks, id.). Il a réalisé en Allemagne Conversation avec la bête (Gespräch mit dem Biest, 1996).